HomeA la uneARRIVEE DE MADAME ELLIOT A OUAGA : Roch relève partiellement le défi

ARRIVEE DE MADAME ELLIOT A OUAGA : Roch relève partiellement le défi


 

Libérée le 5 février dernier au Niger, l’otage australienne, Jocelyn Elliot est arrivée hier à Ouagadougou. L’on se rappelle que cette femme de plus de 80 ans était avec son mari, retenue en otage par Aqmi (Al-Qaïda pour le Maghreb islamique) après avoir été capturée à Djibo, dans le Nord du Burkina Faso, le jour des attaques terroristes qui ont frappé la capitale burkinabè, Ouagadougou. La bonne nouvelle a été annoncée par le président du Niger, Mahamadou Issoufou, lors d’un déplacement à Dosso. On ignore encore les circonstances exactes de sa libération, ainsi que le rôle joué par le Niger et le Burkina dans les négociations. En tout cas, l’Australie s’est félicitée de la nouvelle tout en émettant le vœu de voir aussi Kennet Elliot, son mari, libéré. Par la même occasion, l’Australie a exprimé sa gratitude aux gouvernements du Niger et du Burkina Faso. L’on peut donc en déduire que les deux pays ont déployé tout leur savoir et savoir-faire pour obtenir ce résultat. Même si le mari, Kennet Elliot, demeure encore aux mains d’Aqmi, il faut reconnaître que la libération de Madame Elliot apporte du baume au cœur de tous ceux qui avaient été meurtris et choqués par cet enlèvement. Et ils étaient très nombreux.

Les gouvernements du Niger et du Burkina Faso engrangent des points précieux au sein de leurs populations

Comment pouvait-il en être autrement ? En effet, ce couple venu de la lointaine Australie, pays que bien des gens qui avaient pris fait et cause pour les Elliot depuis le 1er jour de leur rapt, peuvent avoir du mal à situer sur une carte. Ce duo est le symbole, peut-on dire, du dévouement et du don de soi aux autres. Dans le cas d’espèce, le couple Elliot, depuis 40 ans, s’est investi à Djibo avec ses propres moyens et son énergie physique pour soulager bien des âmes en peine dans cette partie du Burkina, où le simple fait de se procurer un médicament pour se tirer d’une migraine n’est pas évident. L’on peut donc comprendre que les populations de tout Djibo, tout âge et toute confession religieuse confondus, se soient dressées comme un seul homme pour exiger la libération des Elliot dont la présence dans leur localité leur faisait tant de bien. De ce point de vue, l’on peut se risquer à dire que des notabilités morales et pas des moindres de Djibo et de ses environnants, pourraient ne pas être étrangères à cette libération. Car, ne l’oublions pas, les djihadistes, pour aussi criminels qu’ils soient, ne demeurent pas moins de fins psychologues. Dans le cas d’espèce, ils se sont probablement rendu compte que le rapt du couple humanitaire était très impopulaire aux yeux des populations. Et comme ces barbares craignent beaucoup plus l’ire des populations que celle des Etats, l’on peut dire qu’Aqmi et ses relais locaux dont certains pourraient être tapis dans la zone de Djibo, ont choisi de prêter une oreille attentive au coup de gueule collectif des bénéficiaires de l’œuvre du couple humanitaire australien. Ceci n’est qu’une hypothèse qui pourrait être confirmée ou infirmée dans les jours à venir. En attendant, ce qui est officiel, c’est le rôle joué par les gouvernements du Niger et du Burkina Faso, dans la libération de Madame Elliot, qui a été révélé et salué comme tel. De toute évidence, ces deux pays engrangent par là, des points précieux au sein de leurs populations ainsi qu’au sein de la Communauté internationale pour l’efficacité de leur diplomatie en matière de négociations. Pour le président nigérien, Mahamadou Issoufou, cela n’est pas une première. Et cette libération-ci est une aubaine sur laquelle il n’a pas voulu cracher. Car, ne n’oublions pas, depuis la chute de Blaise Compaoré, l’axe Ouaga-Niamey se porte comme une merveille. De ce point de vue, l’on peut dire que l’implication de Mahamadou Issoufou pourrait être sa manière de contribuer à laver un affront fait à un allié, voire à un ami. A cela, il faut ajouter que le président nigérien est actuellement en campagne pour briguer un second mandat. La libération donc de Madame Elliot qu’il a fièrement annoncée à ses compatriotes, est de bonne guerre. Car, il pourrait en récolter les dividendes politiques dans ce contexte électoral où chaque jour que Dieu fait, il est malmené par son opposition. Mais le véritable bénéficiaire de cette libération, est bel et bien le nouveau président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré.

Il n’y a pas de bons et de mauvais terroristes

 

Psychologiquement, les Burkinabè peuvent être soulagés et satisfaits de la promptitude et de l’efficacité avec lesquelles il a géré l’affaire pour obtenir la libération de Madame Elliot. Diplomatiquement aussi, il marque des points. Car, la négociation avec les terroristes est très délicate. Elle relève à la fois de l’art et de la science, peut-on dire. Pour avoir ces deux qualités, il faut disposer de collaborateurs qui ont le profil de l’emploi et de « pisteurs » qui connaissent les arcanes de la faune des djihadistes. Pour ce faire, Blaise Compaoré avait sous la main, le général Diendéré et l’énigmatique Moustapha Chafi, du nom de cet opposant mauritanien qui faisait office de conseiller spécial de l’enfant terrible de Ziniaré en matière de négociation avec la galaxie des djihadistes. Et pour avoir été dans les secrets des dieux aux côtés de Blaise Compaoré pendant plus de 20 ans, l’on peut croire que les maîtres actuels du pays des Hommes intègres pourraient avoir, eux aussi, leur Moustapha Chafi. En tout cas, le président nigérien en a un, et il s’appelle Mohamed Akoté. Pour toutes ces raisons, l’on peut dire que la libération de Madame Elliot suscite bien des espoirs. En effet, on peut espérer que son mari, Kennet Elliot, sera lui aussi bientôt libéré. En tout cas, le président nigérien l’a déjà promis. L’on peut aussi espérer que même avec la chute du régime de Blaise Compaoré, le peuple burkinabè ne sera pas esseulé et orphelin face aux djihadistes. Il revient alors à Roch Marc Christian Kaboré de prouver qu’il y a toujours un pilote dans l’avion burkinabè. Et ce pilote est bel et bien lui. Et l’on peut désormais croire qu’il a les compétences pour faire face à toutes les zones de turbulences. Enfin, l’on peut espérer que la libération de Madame Elliot suscitera l’avènement d’une mise en synergie réelle des actions de tous les pays de la sous-région pour en déloger les terroristes de tout poil. Car, il n’y a pas de bons et de mauvais terroristes, tous se sont mis au service des forces du mal.

« Le Pays »


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