HomeA la uneASSASSINAT DE  THOMAS SANKARA   « Blaise Compaoré est le concepteur, Diendéré le superviseur et Kafando l’exécutant », selon Moussa Diallo, témoin

ASSASSINAT DE  THOMAS SANKARA   « Blaise Compaoré est le concepteur, Diendéré le superviseur et Kafando l’exécutant », selon Moussa Diallo, témoin


 

 

 

 

Les témoins Stephen Smith et Moussa Diallo, colonel-major à la retraite, on fait leurs dépositions au Tribunal miliaire, le 11 janvier 2022 par visioconférence. A une question du parquet, le témoin Moussa Diallo a laissé entendre qu’il pense que Blaise Compaoré est le concepteur du coup d’Etat  du 15 octobre 1987, Gilbert Diendéré le superviseur et Hyacinthe Kafando l’exécutant. Les pièces à conviction ont également été présentées au cours de l’audience.

 

 

Ajournée le 10 janvier dernier à cause de l’absence du général Gilbert Diendéré pour des raisons de maladie, l’audition par vision conférence du colonel-major à la retraite Moussa Diallo a eu lieu le 11 janvier 2022, au Tribunal miliaire. Pendant les événements d’octobre 1987, il était l’adjoint du commandant de la gendarmerie, Ousséni Compaoré. Avant, il avait été l’aide de camp de Thomas Sankara lorsqu’il était Premier ministre.  Magistrat miliaire, Moussa Diallo était l’un des proches de Thomas Sankara. A ce tire, il soutient avoir averti à plusieurs reprises le président du Faso qu’un complot contre sa personne était ourdi par Blaise Compaoré et ses camarades.  Le domicile de Blaise Compaoré avait été mis sur écoute à cause des soupçons. Ce qui a permis d’intercepter une conversation entre Blaise Compaoré et l’étudiant Jonas Somé,  qui prouvait que le complot était imminent. « Il a dit à Blaise qu’il fallait passer à l’action rapidement sinon ils seraient mis aux arrêts. Blaise était à Pô. Il était évasif dans ses réponses. Je crois qu’il a certainement compris qu’il était sur écoute ».  Pour convaincre Thomas Sankara, il dit avoir enregistré la conversation sur une cassette pour la lui faire écouter. Malgré ses multiples sollicitations, ce dernier n’a pas voulu le recevoir. C’est ainsi qu’il est passé par son aide de Camp, Etienne Zongo, pour le voir. Une fois dans son bureau, il a refusé d’écouter la cassette. Mais l’appellera plus tard pour lui dire qu’il est au courant. Ce jour-là, Moussa Diallo se souvient avoir  dit à Thomas Sankara de faire attention à l’utilisation des petits avions pour ses déplacements en province.  Un avion pouvait décoller  du Togo ou de  la Côte d’Ivoire pour les abattre.  Mais Thomas Sankara avait répondu qu’il les préfèrent parce qu’ils consommaient moins de carburant. Le témoin se souvient aussi avoir reçu à Bobo-Dioulasso, en 1985, la visite de  Vincent Sigué, un autre proche du président Sankara.  Et de préciser qu’il n’a pas voulu le rencontrer parce qu’il   faisait des choses qui ne lui plaisaient pas. Mais Vincent Sigué a insisté. Et le témoin d’expliquer : « Je ne voulais pas le voir. Mais il m’a dit qu’il est venu de Ouaga et ne retournerait pas tant que je ne l’aurais pas écouté. Quand je suis allé le voir à son hôtel, il  a dit :  « Je viens te voir parce que toi et moi aimons Sankara sans intérêt.  Sankara me boycotte. Je veux que tu lui dises que cette attitude de sa part est suicidaire. Je sais que c’est Blaise qui  est derrière cela. Les gens veulent nous éloigner parce qu’ils savent qu’il faudra passer sur mon corps pour l’atteindre ».   Comme je ne croyais pas à ce qu’il disait,   pour me convaincre, il m’a fait une confidence sur une discussion qu’il a eue avec Blaise Compaoré avant le 4 août 1983, jour de la prise du pouvoir par le commando venu de Pô ». « Blaise a dit une fois, qu’ils s’apprêtaient à prendre le pouvoir  à Ouagadougou  mais c’est lui qui doit prendre le pouvoir parce que Thomas Sankara est fiché communiste et que ce n’est pas bon pour nous. J’ai dit OK. Je suis allé voir Thomas Sankara pour lui dire que je ne suis pas prêt à me sacrifier pour quelqu’un d’autre. S’il ne  veut pas le pouvoir, qu’il me le dise ici et maintenant pour que je sache quoi faire. Thomas Sankara a eu une discussion avec Blaise Compaoré avant de me rassurer que c’est réglé », avait confié Vincent Sigué au témoin Moussa Diallo qui dit avoir vérifié l’information auprès de Thomas Sankara qui l’a confirmée.

Ce dernier a confirmé les propos de Sigué. « J’ai dit à Sankara qu’on ne renonce pas aussi facilement au pouvoir », se souvient-il. « Je savais qu’il y avait un complot mais je ne savais pas que ça allait se dérouler de cette façon-là. Je pensais que ça allait se faire de façon subtile et que les gens allaient organiser des funérailles grandioses. Le déclenchement du 15 m’a surpris », précise-t-il.

Pour revenir aux évènements du 15 octobre 1987, le témoin a expliqué que ce jour-là, il s’est rendu au service, au camp de gendarmerie de Paspanga.  Une fois au bureau, il a trouvé un officier nigérien qui voulait parler au lieutenant Gilbert  Diendéré.  Les deux ont fréquenté la même école militaire. C’est ainsi qu’il est passé   par le standard du Conseil de l’entente pour mettre en contact Gilbert Diendéré et le Nigérien, un certain Moussa Ganda. Après quelques minutes de conservation, l’officier miliaire qui, par ailleurs, était au Burkina Faso parce qu’il avait des problèmes dans son pays, fait savoir que la conversation s’est interrompue.  Pour rétablir la communication, Moussa Diallo a essayé  de joindre le Conseil à partir de sa ligne directe mais le secrétaire qui avait décroché le téléphone lui a qu’il y  avait des coups de feu.  C’est ainsi qu’il a rejoint son domicile pour se mettre en tenue miliaire et prendre sa kalachnikov.  Malgré sa volonté de rejoindre le Conseil de l’entente, il  a  rebroussé  chemin parce qu’il a été dissuadé par un motocycliste. Il apprend  plus tard ce qui venait de se produire à travers les médias. De retour chez lui à domicile,  il apprend que des miliaires en béret rouge sont venus chez lui et ont tiré en l’air. « Ils ont intimé l’ordre de me montrer ». Malheureusement, son épouse a fait une fausse couche suite à l’incident. Craignant pour sa sécurité, il a appelé le commandant Henry Zongo pour l’informer. Ce dernier a fait venir l’adjoint de Moussa Diallo, Djibrill Bassolé, pour venir le chercher avec sa voiture.  «  Il a essayé de me dire que les choses sont difficiles ; ce n’est pas bien ce qui est arrivé mais la révolution doit continuer », a-t-il relaté. Et d’ajouter qu’il a dit qu’il ne pouvait plus continuer parce que ce qui venait de se passer, était inadmissible. C’est suite à cette conversation où il a exprimé son refus de soutenir le nouveau pouvoir qu’il a été mis en résidence surveillée avant d’être  transféré au Conseil de l’entente où il a été détenu pendant une période d’environ 8 mois.

 

« Etes-vous formel que le 15 octobre était prémédité ? », interroge le juge.

« Oui. Je suis formel. C’était même avant le 4 août 1987 ».

 

« Il avait été dit que vous, les partisans de Thomas Sankara, vous vous apprêtiez à arrêter Blaise Compaoré mais sa sécurité a su. Vous confirmez cela ? »

« Non ! Ce sont des balivernes. Le complot de 20h est une histoire montée de toutes pièces ».

 

A la question du parquet de savoir quelles sont les implications supposées ou probables des officiers dans cette affaire, Moussa Diallo a expliqué à peu près  en ces termes : « Quand on regarde la trajectoire politique des uns et des autres,  on peut dire qui est le concepteur, le superviseur et l’exécutant. Le commando est  parti de chez Blaise Compaoré  et était commandé par Hyacinthe Kafando. On peut déduire qu’il est l’exécutant.  Des témoignages, il ressort que Gilbert Diendéré était sur les lieux. En tout cas, il ne l’a pas nié.  On m’a aussi rapporté qu’il a supervisé l’opération depuis le balcon d’une villa au Conseil. Donc, il est le superviseur. Blaise Compaoré est le concepteur parce qu’il a conçu patiemment et exécuté froidement  le coup. D’ailleurs, il en a profité. Ceux qui ont tiré, n’ont jamais été sanctionnés. Pire, il n’y a même pas eu d’enquête.  Mieux,  ils ont même bénéficié de la protection de Blaise Compaoré ». 

 

 

Moussa Diallo a aussi confié que  les services de renseignements de la gendarmerie avaient infiltré l’opposition politique burkinabè en Côte d’Ivoire, qui projetait de renverser de manière violente le régime du Conseil national de la révolution (CNR), après une tentative avortée en 1985. Jean Claude Kamboulé, à la tête de ce groupe d’opposants, serait revenu furieux d’une rencontre avec le président ivoirien, Houphouët Boigny. « Il a dit à ses hommes ceci : « Le Vieux  nous a demandé d’arrêter notre agitation parce qu’il a trouvé une solution plus sûre et moins coûteuse pour renverser Sankara, qui est Blaise Compaoré ».

Après l’audition de Moussa Diallo, ce fut au tour de l’Américain Stephen Smith de raconter par visio-conférence, ce qu’il sait des évènements du 15 octobre 1987 ayant entraîné la mort de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons d’infortune. Au moment des faits, domicilié à Abidjan en Côte d’Ivoire, il était journaliste, correspondant du journal Libération et de RFI. Comme ses prédécesseurs à la barre, Stephen Smith était au courant des tensions qui régnaient entre les principaux leaders de la révolution burkinabè, notamment Thomas Sankara et Blaise Compaoré. « Les relations entre Blaise Compaoré et Thomas Sankara étaient dégradées. Blaise Compaoré se taisait de plus en plus. Je ne les voyais plus ensemble. Et au sein des Comités de défense de la révolution, on voyait que l’élan des premières années de la révolution s’en était allé », relate-t-il. Le témoin soutient avoir été viré par Thomas Sankara de sa chambre à Nouakchott, en Mauritanie, lorsqu’il a essayé d’aborder le sujet avec lui. De son témoignage, il ressort qu’il a reçu un appel du président Thomas Sankara 24 ou 48 heures avant l’assassinat. « D’habitude, c’est son aide de camp qui m’appelle mais ce jour-là, il m’a directement appelé », a-t-il dit. Il ajouta qu’« il parlait toujours avec un ton enjoué et amical mais ce jour-là, je sentais, à travers sa voix, qu’il ne maîtrisait pas la situation ».   A l’entendre, le numéro 1 du CNR lui aurait confié que la situation était tendue à Ouagadougou, et qu’il compte tout abandonner. « J’ai compris que quelque chose n’allait pas. C’était une sorte d’appel à l’aide ».  Quand il a appris la mort de Sankara, il dit avoir appelé Blaise Compaoré qui l’a autorisé à venir au Burkina Faso car les frontières étaient fermées. Stephen Smith dit être venu avec 3 autres journalistes. « J’ai rencontré Blaise Compaoré au Conseil de l’entente. Il était assis, encore plus taciturne avec des cernes sous les yeux. Il était penché en avant. J’ai insisté pour qu’il m’explique ce qu’il s’était passé, mais il ne l’a pas fait. J’ai pensé qu’il m’avait fait venir pour donner une première mouture de l’histoire, pour s’expliquer en premier et avoir une emprise sur l’opinion. Il m’a dit : allez-y ! Faites votre travail ».   Avec l’aide de ses amis, il a rencontré Alouna Traoré, le seul rescapé, qui lui a fait le récit des évènements du 15 octobre 1987 au Conseil de l’entente. Le récit qu’il a fait publier dans le journal Libération. Dans ses investigations, le journaliste qu’il était, avait découvert qu’une résistance au coup de force de Blaise Compaoré se préparait du côté de Koudougou avec à sa tête « Le Lion du Boulkiemdé », Boukari Kaboré.   C’est ainsi qu’il a cherché à rencontrer Boukari Kaboré, en son temps, commandant du Bataillon d’intervention aéroportée (BIA) basé à Koudougou.  Ce dernier lui aurait accordé une interview où il a abordé l’assassinat de Thomas Sankara.  Pour l’équilibre de l’information, il aurait tenté d’avoir une interview avec Blaise Compaoré. Mais toutes ses tentatives sont restées vaines. Et l’interview de Boukari Kaboré a été publiée dans Afrique Matin. « Cette faute m’a été reprochée ».

 

« Persona non grata au Burkina Faso »

 

 

C’est ainsi qu’il été expulsé du Burkina Faso. Et c’est six ans après qu’il a reçu une lettre lui notifiant qu’il n’était plus « persona non grata au Burkina Faso (personne n’étant pas la bienvenue) ».  A la question de la partie civile de savoir si la France est impliquée dans l’assassinat du président Sankara et de ses compagnons, le témoin a répondu qu’il n’a jamais eu de piste d’un quelconque rôle joué par la France dans ce drame. A l’en croire, François Mitterrand voyait en Sankara, ses moments de jeunesse. « C’était comme s’il avait trouvé un bain de jouvence dans cette impétuosité de Sankara », a-t-il confié. Le témoin dit avoir été reçu par   Blaise Compaoré en novembre 2020, en Côte d’Ivoire. Cependant, il  aurait promis à ce dernier de ne pas faire de publication sur sa situation actuelle parce qu’il s’agissait, à l’en croire, d’une visite de courtoisie.  Avec ce témoignage, le tribunal a épuisé la liste des témoins. Place à la présentation des pièces à conviction. C’est l’audio de Pascal Tondé, ancien chauffeur de Gilbert Diendéré accusé de subornation de témoin, qui est passé en premier. Il s’agit d’une conversation entre l’accusé Tondé Ninda Pascal et le témoin Abderrahmane Zétiyenga. L’enregistrement a été fait par le témoin, à l’insu de l’accusé.  Dans leur conversation, Tondé dit à Zétiyenga que s’il part là-bas, de savoir parler.  « Le général dit de te dire de savoir te défendre sinon ils vont te mettre la honte », a-t-il dit au témoin. « Tu peux dire par exemple que tu étais en ville et que c’est quand tu as entendu les tirs que tu es venu au Conseil de l’entente », a dit Tondé à Zétiyenga. A la fin, l’un des avocats de Gilbert Diendéré a fait observer qu’il ne ressort nulle part de l’audio, que son client a envoyé Tondé demander quelque chose en sa faveur. Entant donné qu’une partie de l’audio est en mooré (langue nationale), l’un des avocats de la défense a  demandé à ce qu’il soit  retranscrit en français et introduit dans le dossier. L’audience se poursuit aujourd’hui, toujours avec la présentation des pièces à conviction.

Après l’audition de Moussa Diallo, ce fut au tour de l’Américain Stephen Smith de raconter par visio-conférence, ce qu’il sait des évènements du 15 octobre 1987 ayant entraîné la mort de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons d’infortune. Au moment des faits, domicilié à Abidjan en Côte d’Ivoire, il était journaliste, correspondant du journal Libération et de RFI. Comme ses prédécesseurs à la barre, Stephen Smith était au courant des tensions qui régnaient entre les principaux leaders de la révolution burkinabè, notamment Thomas Sankara et Blaise Compaoré. « Les relations entre Blaise Compaoré et Thomas Sankara étaient dégradées. Blaise Compaoré se taisait de plus en plus. Je ne les voyais plus ensemble. Et au sein des Comités de défense de la révolution, on voyait que l’élan des premières années de la révolution s’en était allé », relate-t-il. Le témoin soutient avoir été viré par Thomas Sankara de sa chambre à Nouakchott, en Mauritanie, lorsqu’il a essayé d’aborder le sujet avec lui. De son témoignage, il ressort qu’il a reçu un appel du président Thomas Sankara 24 ou 48 heures avant l’assassinat. « D’habitude, c’est son aide de camp qui m’appelle mais ce jour-là, il m’a directement appelé », a-t-il dit. Il ajouta qu’« il parlait toujours avec un ton enjoué et amical mais ce jour-là, je sentais, à travers sa voix, qu’il ne maîtrisait pas la situation ».   A l’entendre, le numéro 1 du CNR lui aurait confié que la situation était tendue à Ouagadougou, et qu’il compte tout abandonner. « J’ai compris que quelque chose n’allait pas. C’était une sorte d’appel à l’aide ».  Quand il a appris la mort de Sankara, il dit avoir appelé Blaise Compaoré qui l’a autorisé à venir au Burkina Faso car les frontières étaient fermées. Stephen Smith dit être venu avec 3 autres journalistes. « J’ai rencontré Blaise Compaoré au Conseil de l’entente. Il était assis, encore plus taciturne avec des cernes sous les yeux. Il était penché en avant. J’ai insisté pour qu’il m’explique ce qu’il s’était passé, mais il ne l’a pas fait. J’ai pensé qu’il m’avait fait venir pour donner une première mouture de l’histoire, pour s’expliquer en premier et avoir une emprise sur l’opinion. Il m’a dit : allez-y ! Faites votre travail ».   Avec l’aide de ses amis, il a rencontré Alouna Traoré, le seul rescapé, qui lui a fait le récit des évènements du 15 octobre 1987 au Conseil de l’entente. Le récit qu’il a fait publier dans le journal Libération. Dans ses investigations, le journaliste qu’il était, avait découvert qu’une résistance au coup de force de Blaise Compaoré se préparait du côté de Koudougou avec à sa tête « Le Lion du Boulkiemdé », Boukari Kaboré.   C’est ainsi qu’il a cherché à rencontrer Boukari Kaboré, en son temps, commandant du Bataillon d’intervention aéroportée (BIA) basé à Koudougou.  Ce dernier lui aurait accordé une interview où il a abordé l’assassinat de Thomas Sankara.  Pour l’équilibre de l’information, il aurait tenté d’avoir une interview avec Blaise Compaoré. Mais toutes ses tentatives sont restées vaines. Et l’interview de Boukari Kaboré a été publiée dans Afrique Matin. « Cette faute m’a été reprochée ».

 

« Persona non grata au Burkina Faso »

 

 

C’est ainsi qu’il été expulsé du Burkina Faso. Et c’est six ans après qu’il a reçu une lettre lui notifiant qu’il n’était plus « persona non grata au Burkina Faso (personne n’étant pas la bienvenue) ».  A la question de la partie civile de savoir si la France est impliquée dans l’assassinat du président Sankara et de ses compagnons, le témoin a répondu qu’il n’a jamais eu de piste d’un quelconque rôle joué par la France dans ce drame. A l’en croire, François Mitterrand voyait en Sankara, ses moments de jeunesse. « C’était comme s’il avait trouvé un bain de jouvence dans cette impétuosité de Sankara », a-t-il confié. Le témoin dit avoir été reçu par   Blaise Compaoré en novembre 2020, en Côte d’Ivoire. Cependant, il  aurait promis à ce dernier de ne pas faire de publication sur sa situation actuelle parce qu’il s’agissait, à l’en croire, d’une visite de courtoisie.  Avec ce témoignage, le tribunal a épuisé la liste des témoins. Place à la présentation des pièces à conviction. C’est l’audio de Pascal Tondé, ancien chauffeur de Gilbert Diendéré accusé de subornation de témoin, qui est passé en premier. Il s’agit d’une conversation entre l’accusé Tondé Ninda Pascal et le témoin Abderrahmane Zétiyenga. L’enregistrement a été fait par le témoin, à l’insu de l’accusé.  Dans leur conversation, Tondé dit à Zétiyenga que s’il part là-bas, de savoir parler.  « Le général dit de te dire de savoir te défendre sinon ils vont te mettre la honte », a-t-il dit au témoin. « Tu peux dire par exemple que tu étais en ville et que c’est quand tu as entendu les tirs que tu es venu au Conseil de l’entente », a dit Tondé à Zétiyenga. A la fin, l’un des avocats de Gilbert Diendéré a fait observer qu’il ne ressort nulle part de l’audio, que son client a envoyé Tondé demander quelque chose en sa faveur. Entant donné qu’une partie de l’audio est en mooré (langue nationale), l’un des avocats de la défense a  demandé à ce qu’il soit  retranscrit en français et introduit dans le dossier. L’audience se poursuit aujourd’hui, toujours avec la présentation des pièces à conviction.

 

                           Propos recueillis par Issa  SIGUIRE et Rahamatou SANON


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