HomeA la uneASSISES NATIONALES AU BURKINA : Pourvu que ce ne soit pas encore un autre rendez-vous manqué !

ASSISES NATIONALES AU BURKINA : Pourvu que ce ne soit pas encore un autre rendez-vous manqué !


L’information est connue depuis quelques jours. Les Assises nationales cornaquées par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) II, se tiendront les 14 et 15 octobre prochains.  Exit donc le débat sur l’opportunité de la tenue de ces Assises nationales.  Et l’on peut comprendre les nouveaux maîtres du pays qui n’ont pas voulu prendre le risque de se dédire publiquement en si peu de temps après les avoir annoncées dès les premières heures de la prise de pouvoir et qui aussi n’avaient certainement pas de meilleures alternatives pour sécuriser au plus vite leur butin arraché par la force et la ruse à leur ancien leader, Paul Henri Sandaogo Damiba. Quand on met tout cela dans la balance du capitaine Ibrahim Traoré qui se présente comme étant un homme qui veut aller vite, il y avait peu de chances qu’il en fût autrement. C’est dire que toutes les réflexions sont désormais tournées vers le contenu de ce grand forum national dont ceux qui appelaient au report où à l’annulation, craignent qu’il soit un remake du 28 février passé.

 

La tentation est grande que l’on assiste au réchauffement des textes existants

 

 Dans la forme, en effet, ce sont pratiquement les mêmes acteurs qui sont conviés pour une durée presqu’identique de travail.  Et quand on sait que ce sont les intérêts des mêmes forces dites vives de la Nation qui avaient dénaturé les propositions du comité des experts au point d’accoucher d’organes qui se sont révélés plus tard inutiles parce que budgétivores comme l’Assemblée Législative de Transition (ALT), l’on peut craindre une répétition de l’histoire avec des risques évidents que ces Assises nationales soient un nouveau rendez-vous manqué.  Dans le fond, à l’ordre du jour de ces Assises nationales, il est inscrit, selon les Termes de références (TDR) qui ont été rendus publics, l’adoption de la nouvelle Charte de la Transition, la désignation du nouveau président de la Transition et le recueil de propositions pour la bonne marche de la Transition. Le programme est donc relativement vaste pour un chronogramme de travail qui, tout compte fait, ne dépasse pas 10 heures d’horloge. Doit-on alors comprendre que les jeux sont déjà faits et que les forces vives sont conviées juste pour adouber l’agenda politique du capitaine Ibrahim Traoré et de ses compagnons d’armes ? L’hypothèse n’est pas à exclure quand on connait les pratiques qui entourent ce genre de fora et quand on sait surtout que le temps et l’urgence n’ont pas permis aux jeunes officiers au pouvoir, d’élaborer de nouveaux documents. La tentation est donc grande que l’on assiste au réchauffement des textes existants avec le risque évident que tous les débats contradictoires qui animent la scène politique nationale, ne soient véritablement vidés.

 

L’enjeu de ces assises ne devrait pas être un enjeu de pouvoir

 

Il faut donc craindre que les Burkinabé ne ressortent encore plus divisés de ces Assises nationales sur des questions de fond comme sur les organes de la Transition, le choix du président de la Transition et des questions très conversées comme le basculement du Burkina Faso dans le giron russe ou pas. Ce serait à nouveau donc un autre rendez-vous manqué avec les risques évidents d’une perte de légitimité et de popularité pour les institutions et les hommes qui les animeront.  La nouvelle Transition redémarrerait alors avec un nouveau péché originel qui pourrait lui être fatal.  Mais l’on n’en est pas encore là et l’on peut croire qu’un travail de fond est en cours dans les coulisses pour réunir les Burkinabè sur l’essentiel qui est d’abord de fédérer toutes les énergies pour gagner la guerre contre le terrorisme. Encore faut-il que tous les acteurs comprennent que pour gagner une guerre, l’on a certes besoin de stratèges militaires et d’hommes de terrain, mais aussi et surtout d’un peuple debout, qui travaille à l’arrière des lignes pour soutenir ses soldats au front. C’est pourquoi l’enjeu de ces assises ne devrait pas être un enjeu de pouvoir comme on le perçoit malheureusement dans les débats à travers les médias, mais plutôt un rendez-vous pour sceller un nouveau pacte de patriotisme pour lancer les Burkinabè à l’assaut de l’ennemi. Mais ce scénario ressemble trop à de la fiction pour être crédible dans un pays où l’essentiel des combats des partis politiques et des nombreuses organisations de la société civile, a toujours consisté à manœuvrer pour s’approcher de la mangeoire d’Etat. Il reste donc à espérer que le jeune capitaine comprenne que tous les appels du pied qu’il reçoit en ce moment, ne dérogent pas à cette tradition et qu’il ait un sursaut de lucidité pour ne pas emprunter le chemin de son prédécesseur. Les Burkinabè l’applaudiront ou le vomiront en fonction de leur position par rapport aux richesses de l’Etat, mais son salut dépendra de ce qui fait aujourd’hui l’unanimité, c’est-à-dire le retour à la paix dans un Etat organisé, qui permette aux Burkinabè d’étaler toutes leurs contradictions, comme ils savent si bien le faire.

 

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment