HomeA la uneATTAQUE TERRORISTE A GRAND-BASSAM : Quelles conséquences pour la Côte d’Ivoire ?  

ATTAQUE TERRORISTE A GRAND-BASSAM : Quelles conséquences pour la Côte d’Ivoire ?  


 

Pour la troisième fois en l’espace de cinq mois, Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a frappé en Afrique de l’Ouest, avec une régularité déconcertante. Repoussant encore  plus loin les limites de ses frontières des zones montagneuses de l’Adrar aux confins du désert du Sahara, jusque dans la forêt ivoirienne. En effet, après Bamako en novembre 2015 et Ouagadougou en janvier 2016, c’est la station balnéaire de Grand-Bassam, située à quelques encablures de la capitale économique ivoirienne, qui a été la cible des apôtres de l’apocalypse le week-end dernier. Le passage de ces suppôts du diable, aux motivations aussi obscures que l’enfer qu’ils dédient aux populations innocentes auxquelles ils s’en prennent gratuitement, aura laissé une vingtaine de macchabées sur le carreau, de nombreux blessés et surtout une population terrorisée, encore sous le choc de cette attaque lâche et barbare dont seuls les terroristes ont le secret, et qui est sans précédent au pays de Félix Houphouët Boigny.

Cette attaque est un véritable coup de lance effilée porté au flanc de l’Eléphant d’Afrique

Quand on connaît le combat qui fut celui du père de l’indépendance ivoirienne, d’ériger la Côte d’Ivoire en un havre de paix et un pays d’hospitalité, l’on peut se dire que cette attaque est un véritable coup de lance effilée porté au flanc de l’Eléphant d’Afrique en pleine renaissance économique, après la terrible crise sociopolitique qui a déchiré le pays de 1999 à 2011, et dont il peine encore à se remettre. Au-delà des motivations dont les plus connues sont de s’en prendre aux Occidentaux et à leurs supposés alliés, l’on peut s’interroger sur les conséquences d’une telle attaque terroriste pour la perle des lagunes. D’abord, sur le plan touristique, cette attaque terroriste est un véritable coup de poignard dans ce secteur de l’économie  ivoirienne, surtout  en cette période caniculaire où les plages et autres lieux de plaisance et de détente sont pris d’assaut par une population cosmopolite. Sans oublier qu’à la faveur des dernières manifestations internationales comme le Masa (Marché des Arts et du spectacle d’Abidjan) qui baissait ses rideaux ce même week-end et du gala de la Première dame, Abidjan avait accueilli de nombreuses délégations et personnalités étrangères. On imagine que beaucoup voulaient repartir avec un bon souvenir de ce pays dont  l’hospitalité légendaire et la renommée des plages, de Vridi à Assinie en passant par Grand-Bassam, ont largement dépassé les frontières. De ce point de vue, cette attaque constitue une mauvaise publicité pour la Côte d’Ivoire en tant que destination touristique privilégiée. Mais si le choix du lieu et du moment ne semblent pas être l’effet du hasard, le choix de Grand-Bassam peut tout de même paraître un choix par défaut,  lié au fait que les terroristes ont certainement échoué dans leur tentative de  frapper la capitale économique ivoirienne en plein cœur, pour donner plus de répercussion à leur action. Mais le résultat reste le même : la Côte d’Ivoire qui paraissait jusque-là comme l’un des derniers bastions inexpugnables de la sous-région, est tombée dans la nasse des djihadistes. Ainsi donc, l’hydre terroriste continue allègrement de gagner du terrain, malgré tous les efforts déployés sur le terrain pour l’anéantir.

Il est grand temps que les pays de la sous-région passent de la parole à l’acte, à travers une mutualisation de leurs forces

Ensuite, sur le plan économique, cette attaque ne sera pas sans conséquences. Notamment quand on regarde tous ces commerces qui ont dû baisser pavillon, le jour même de la tragédie, entraînant ainsi beaucoup de manque à gagner à tous les échelons, de la petite vendeuse d’arachides au restaurateur de luxe. Et dans les jours qui suivent, il faut s’attendre à une baisse de la fréquentation de ces lieux en particulier et d’autres du même genre en général, avec toutes les conséquences économiques qui iront avec.  En clair, cette attaque vient saper, d’une certaine manière, les efforts du gouvernement ivoirien qui multipliait pourtant les initiatives et autres fora économiques sur son sol, dans le but de rassurer les investisseurs  que les conditions sécuritaires étaient désormais réunies pour un climat propice aux affaires. Aussi  une telle opération qui tend à mettre à nu la vulnérabilité du pays, est-elle un véritable coup dur pour le président Alassane Dramane Ouattara dans sa volonté et ses efforts de remise du pays sur les rails du développement. Surtout, à un moment où son action à la tête de l’Etat ivoirien, donnait des signes de reprise qui permettaient légitimement à la locomotive des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, d’affirmer fièrement que Côte d’Ivoire  is back. Enfin, sur le plan social, les Ivoiriens mettront du temps à se remettre émotionnellement de cette attaque qui risque de changer bien des habitudes. Non seulement, le renforcement des mesures sécuritaires risque de porter un coup à la fluidité de la mobilité des personnes et des biens, mais aussi cela ne met pas à l’abri d’une possible intensification des rackets. De plus, dans une Côte d’Ivoire qui peine à se réconcilier véritablement avec elle-même, l’on peut même craindre une résurgence des vieux démons sur fond de stigmatisation ethno-religieuse de certaines populations, à cause de ces attaques djihadistes. Mais, il faut dire que la Côte d’Ivoire se savait dans le viseur des fous d’Allah depuis un certain temps. Du reste, certaines sources affirment que plusieurs tentatives ont auparavant été déjouées par Abidjan, jusqu’à ce dimanche noir où les terroristes ont réussi à tromper la vigilance des forces de sécurité qui ont malgré tout fait preuve d’une réactivité qui devrait convaincre plus d’un que la Côte d’Ivoire  a suffisamment les moyens de faire face à ce fléau.

Toutefois, il est grand temps que les pays de la sous-région passent de la parole à l’acte, à travers une mutualisation effective et efficiente de leurs forces, surtout en matière de renseignement, et l’opérationnalisation d’une force d’intervention spécialement formée et adaptée à la situation. Autrement, ils n’auront que leurs yeux pour pleurer et se consoler mutuellement, en attendant chaque fois la prochaine cible des djihadistes. Il y va de l’intérêt de tous.

« Le Pays »


Comments
  • Comme vous le dite vous-même, alors la présence des “blancs” en Afrique est devenue est une menace pour la sécurité des Africains. Je suis contre le terrorisme, mais tout le monde sait que ces fous d’Allah sont contre l’expansion de la culture occidentale dans tout le monde entier. Ils n’apportent rien en termes de développement, si ce n’est qu’exploiter les ressources :
    pour comprendre que les occidentaux tuent plus que 22 personnes par an au Burkina. Les fous d’Allah sont contre les perversions occidentales appelées « liberté ».

    15 mars 2016

Leave A Comment