ATTENTAT-KAMIKAZE AU CAMEROUN : Kolofata se dégagera-t-elle jamais de l’étreinte du mal ?
De l’hideuse gueule du monstre, surgit une fois de plus le souffle brûlant de la mort. Boko Haram rebaptisé Etat islamique en Afrique de l’Ouest, vient encore de frapper au pays de Paul Biya. Le bilan du double attentat-kamikaze non revendiqué, dont tout indique, par son mode opératoire, qu’il porte la sanglante griffe de la secte islamique, fait état de neuf morts. Des malheureux à la vie brutalement arrachée par deux adolescents allés jusqu’au bout du sacrifice suprême … pour le malheur et contre la vie de pauvres innocents. La bande de Shekau, une fois de plus, peut jubiler ! Son objectif est atteint, celui de semer la mort et la désolation. Kolofata, cette ville de la région de l’extrême-nord du Cameroun, enterre ses morts. Il faut dire qu’elle est coutumière de la folie meurtrière de la secte islamique. Le 3 septembre dernier, cette zone frontalière des bastions nigérians de l’ex-Boko Haram, avait été visée par un double attentat ayant laissé sur le carreau au moins vingt macchabées. Kolofata se dégagera-t-elle jamais de l’étreinte du mal djihadiste ? Et si oui, où l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest se signalera-t-il demain, au rythme où se multiplient les attentats-suicides ?
Blessée, une bête féroce peut se révéler plus dangereuse
Une chose est sûre : ces cavaliers de l’apocalypse semblent loin d’être à leurs derniers « hauts » faits d’armes et d’avoir dit leur dernier mot. Il faut, hélas, s’attendre à ce que leurs actes d’extrême barbarie se multiplient tant qu’à ce maudit chancre terroriste qui gangrène l’Afrique de l’Ouest, il n’aura pas été trouvé un remède à la dimension du mal. Car, l’impression qui se dégage de ces exploits répétés de l’ex-Boko Haram, c’est l’impuissance d’un Cameroun en particulier, et d’une Afrique en général, ne sachant décidément pas par quel bout prendre le problème. Si d’aucuns laissent entendre que le minotaure a été pris par les cornes, il reste à savoir si la bête est suffisamment affaiblie pour être terrassée. Cela paraît loin d’être le cas. De fait, il est plus aisé de crier que le fauve est aux abois, en passe de s’affaler, comme ont récemment plastronné le Tchadien Idriss Déby Itno et son homologue Nigérian, Buhari. Blessée, une bête féroce peut se révéler plus dangereuse que jamais. Et c’est le moins qu’on puisse dire, face aux dégâts opérés par la secte islamique. Pour autant que l’animal soit groggy, c’est le coup de grâce qui semble manquer le plus aux Etats africains pris dans l’œil du cyclone djihadiste, pour terminer le boulot. Ce double attentat-kamikaze intervient au moment où le chef d’al-Qaida, Ayman al-Zawahiri, appelle « les musulmans à réaliser des attentats contre les pays membres de la coalition active en Syrie et en Irak ». En ligne de mire : les Etats-Unis, la France et autres. Les longs messages audio, intitulés « le printemps islamique », à coup sûr, donneront des ailes à l’ex-Boko Haram ; les ailes de l’horreur. Ce double attentat intervient la veille d’une visite du président nigérian, Buhari, à l’Elysée. Gageons que par ces discussions, les deux chefs d’Etat seront davantage proches de la voie menant à l’éradication du terrorisme sous les tropiques africains.
« Le Pays »