HomeA la uneATTENTAT MANQUE CONTRE GOODLUCK JONATHAN : Un avant-goût d’une présidentielle à hauts risques

ATTENTAT MANQUE CONTRE GOODLUCK JONATHAN : Un avant-goût d’une présidentielle à hauts risques


S’il y a un meeting que le président nigérian Goodluck Jonathan n’oubliera pas de sitôt, c’est bien celui tenu le 2 février dernier à Gombe, dans le Nord-Est du pays. En effet, ce meeting a failli être le dernier de sa campagne présidentielle, mais aussi de sa vie. De fait, à Gombe, Goodluck Jonathan a échappé à un attentat meurtrier perpétré par deux femmes kamikazes. Cet attentat, qui s’est produit  juste quelque 3 minutes après le départ de son convoi et dont le bilan fait état de deux morts et d’une vingtaine de blessés, est la preuve de la volonté de ses auteurs de semer la terreur dans le nord du pays. Mais à quelque chose, malheur est bon,   peut-on dire. Certes, cet attentat est à déplorer car il a coûté la vie à des Nigérians. Mais il aura eu au moins le mérite d’amener le président nigérian à se faire une idée de l’état d’insécurité qui règne dans cette partie de son pays. Quel goût cela a-t-il, d’être constamment en proie à la folie meurtrière de Boko Haram ? Goodluck Jonathan peut, à présent, en mesurer la saveur.

Car, faut-il le rappeler, la population de cette région a longtemps souffert le martyre, sans même que le président nigérian ne daigne se rendre à son chevet, ne serait-ce qu’en guise de solidarité. Il a donc fallu que la campagne présidentielle soit lancée pour que celui-ci se rende compte qu’il y a des électeurs au Nord, dont il faut solliciter les suffrages. Une attitude pour le moins indécente, pour un président qui, en jurant de  défendre la Constitution, s’est engagé à protéger les populations du Nigeria. Quoi qu’on dise, cet attentat manqué est un avant-goût d’une présidentielle qui s’annonce à hauts risques. Cela est d’autant plus vrai que la secte islamiste Boko Haram qui, depuis quelque temps, régente le Nord du pays, n’entend visiblement pas plier l’échine. En témoigne sa farouche résistance face aux blindés et aux raids de l’armée de la coalition qui multiple les assauts contre ses positions.

Le message est clair : aucun Nigérian n’est à l’abri d’un attentat

Cela dit, dans ce contexte d’insécurité permanente, on se demande comment les populations, surtout du Nord, pourraient participer massivement au vote, le 14 février prochain, pour désigner librement celui qui présidera aux destinées du pays pendant les cinq prochaines années.  Le risque que le taux de participation à ce scrutin présidentiel soit faible, est très grand. Et Goodluck Jonathan ne devrait s’en étonner outre mesure. S’il avait pris des mesures ardues pour lutter contre cette nébuleuse, on n’en serait pas là. Malheureusement, il s’est conduit comme un berger qui a laissé ses agneaux à la merci des loups. Et  l’appétit venant en mangeant, il faut craindre que ces loups ne finissent par dévorer  le berger lui-même, comme ils viennent d’en annoncer la couleur à travers cet attentat manqué contre Goodluck. En tout cas, cet attentat pourrait avoir des répercussions politiques et sécuritaires immenses. Car,  si pour des raisons d’insécurité, les populations du Nord venaient à s’abstenir d’aller voter, il se poserait, pour le futur président élu, un problème de légitimité. Ce qui pourrait entraîner une crise postélectorale.  Et tout porte à croire qu’un tel scénario est possible, si la sécurité n’est pas renforcée au Nord. Déjà, aucun candidat sérieux ne s’est rendu dans cette région. Même le général candidat Muhammadu Buhari, originaire de cette région, ne s’y est pas encore aventuré pour des raisons évidentes. Goodluck Jonathan lui-même osera-t-il encore se rendre au Nord après ces événements ? On attend de voir. Une chose est en tout cas sûre : il battra désormais campagne la peur au ventre.

Cet attentat est un véritable défi lancé au président nigérian et il se doit de le relever. Le message est clair et limpide :  aucun Nigérian n’est à l’abri d’un attentat. Le pouvoir nigérian est donc prévenu. La découverte d’un camp d’entraînement de Boko Haram au Mali est la preuve que ce groupe terroriste peut encore frapper fort. Pour tout dire, tant que Boko Haram ne sera pas anéantie, il n’y  aura pas de paix dans la sous-région voire dans toute l’Afrique.

Dabadi ZOUMBARA


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