ATTENTATS KAMIKAZES A N’DJAMENA : Un nouveau défi pour l’armée tchadienne
Le Tchad a mal à sa sécurité intérieure. C’est le moins que l’on puisse dire, au regard des actes terroristes dont la capitale tchadienne, N’Djamena, a été la cible. Dernier coup dur en date, des djihadistes se sont fait exploser lors d’une opération de démantèlement d’une cellule terroriste, hier, faisant des morts dans les rangs de la police. Cette cellule préparait des attentats terroristes d’une grande ampleur. On peut croire, hélàs, que cet acte qui n’est pas le premier du genre, ne sera pas le dernier. En effet, il est évident que le pays de Idriss Déby est dans l’œil du cyclone djihadiste. Il paie très sévèrement, son engagement contre les islamistes au Nord-Mali et contre Boko Haram au Nigeria.
Il est difficile de prévenir et d’empêcher les attaques terroristes
Le fait que la capitale tchadienne soit le théâtre de ces attaques prouve que la situation est grave, que le ver est déjà dans le fruit. L’en extirper est devenu maintenant un devoir pour les forces de défense et de sécurité du pays. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Car, comment traquer et neutraliser efficacement des individus endoctrinés et prêts à aller jusqu’au sacrifice suprême ? Comment stopper ces islamistes aveuglés, qui croient aller au paradis en accomplissant leurs basses besognes ? C’est là une tâche herculéenne. Face à de tels extrémistes, aucune armée n’est suffisamment préparée. Il suffit de regarder les difficultés de l’armée américaine et des pays alliés des Etats-Unis, en Afghanistan, pour se convaincre des difficultés qui entourent cette guerre asymétrique. L’ennemi se fond dans la foule des innocents pour jaillir au moment opportun, et frapper de toutes ses forces dans le tas, avant de s’évanouir dans la nature.
C’est dire combien il est difficile de prévenir et d’empêcher des attaques terroristes. Qu’à cela ne tienne, il importe de travailler à circonscrire le mal, à le réduire à sa plus simple expression. Les forces de défense et de sécurité tchadiennes doivent être formées de façon conséquente et équipées comme il se doit, pour pouvoir faire face à cette nouvelle menace. Reste que ce qui vient de se passer à N’Djamena, prouve qu’il y a bien des efforts à faire face à cette nouvelle forme d’insécurité à laquelle, visiblement, la capitale n’est pas préparée. Si la police tchadienne peut être fière d’avoir pu mener des enquêtes fructueuses qui ont permis de repérer les terroristes qui s’apprêtaient à frapper, on ne peut pas en dire autant de la façon dont elle s’est exposée dans l’opération de démantèlement de leur quartier général. Il y a eu beaucoup trop de victimes policières. Ce qui laisse penser que soit la menace a été sous-estimée, soit la police n’a vraiment pas les moyens de faire face à ce nouveau type de combat. Quoi qu’il en soit, il faudra en tirer toutes les leçons et se donner les moyens d’un professionnalisme de haute facture dans cette guerre asymétrique. Autant dire qu’un nouveau défi se présente à l’armée tchadienne.
Les populations doivent aider les forces de défense et de sécurité
Le pays devra également travailler à rassurer ses populations. L’un des risques évidents en pareilles circonstances, est l’installation d’une psychose au sein des populations. En effet, le fait que de tels attentats ont pu avoir lieu en pleine capitale, fait froid dans le dos. Combien d’explosifs sont encore dissimulés à N’Djamena? Comment faire confiance au passant qui demande son chemin ? Est-ce sûr qu’il ne dissimule pas une bombe sous son boubou ? Bien sûr, une telle hantise peut donner lieu à des dérives. Et elles pourraient directement concerner les étrangers. De fait, les patronymes cités par le procureur de N’Djamena, qui seraient ceux des personnes impliquées dans les actes de terrorisme auxquels le Tchad fait face, font craindre des actes de xénophobie. Ces étrangers pourraient se retrouver très rapidement dans le collimateur des forces de défense et de sécurité, mais aussi subir les foudres des populations tchadiennes.
Une telle situation profite bien entendu aux islamistes qui ne bouderont pas leur plaisir. S’il y a des violences xénophobes dans le pays, ils auront le temps de dissimuler leurs ceintures d’explosifs et d’aller à l’assaut de leurs cibles avec plus de facilité. En effet, alors que les forces de sécurité seraient occupées à gérer d’éventuelles violences, à les contenir, les suspects seraient moins l’objet d’une surveillance rapprochée. Les terroristes auraient, dans ce cas, tout le temps de concocter leurs plans diaboliques et de les mettre en œuvre. Il importe donc de travailler à éviter qu’il n’y ait des tensions inutiles entre les communautés du fait de la paranoïa, de l’angoisse de l’inconnu et de la peur de l’étranger. Surtout que la participation active de toutes les populations à la lutte contre le terrorisme est des plus vitales. Ces populations doivent aider les forces de défense et de sécurité à collecter et à recouper les informations, à agir avec le plus de précision possible pour ne pas se disperser inutilement. C’est dans la collaboration responsable des populations que la mauvaise graine peut être détectée suffisamment tôt et être extirpée de la société. Les autorités tchadiennes seraient bien inspirées d’en faire une préoccupation majeure.
« Le Pays »