HomeA la uneATTENTATS TERRORISTES AU BURKINA FASO : Le gouvernement rassure le corps diplomatique

ATTENTATS TERRORISTES AU BURKINA FASO : Le gouvernement rassure le corps diplomatique


Sur instruction du président du Faso et du Premier ministre, des ministres du gouvernement ont rencontré les membres du corps diplomatique présents au Burkina Faso ainsi que les organisations internationales afin d’échanger sur la situation qui prévaut au pays, avec notamment l’attentat terroriste qu’il a enduré le 15 janvier dernier, l’attaque d’un convoi de gendarmerie dans l’Oudalan et la prise en otage d’un couple d’Australiens survenue à Djibo. Pour les autorités, il s’est agi, au cours de cette rencontre, de rassurer le corps diplomatique quant à leur disponibilité à assurer la paix et la stabilité du pays. C’était le mardi 19 janvier 2016, au ministère des Affaires étrangères à Ouagadougou.

Une minute de silence en mémoire des victimes de l’attentat terroriste du 15 janvier dernier a été, d’entrée de jeu, observée par tous les membres du gouvernement, du corps diplomatique, les partenaires et autres invités présents dans la salle ce mardi 19 janvier 2016. Minute après laquelle le ministre des Affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur est entré dans le vif du sujet en situant l’objet de la rencontre qui était d’échanger avec le corps diplomatique et les partenaires du Burkina Faso sur la situation qui prévaut au Pays des Hommes intègres afin de les rassurer quant à la disponibilité du gouvernement à assurer la paix et la stabilité du pays. Alpha Barry a, par ailleurs, souligné que des mesures urgentes (voir encadré) ont été prises pour assurer la sécurité du Burkina Faso, de ses amis et de ses partenaires. Il a également salué les Forces de défense et de sécurité (FDS) burkinabè, les Forces spéciales françaises, les Forces américaines et les Canadiens qui sont présents au Burkina Faso pour l’identification des corps. Le ministre Barry a également réitéré l’engagement des FDS à faire en sorte que le pays ne connaisse plus pareille situation. « Le gouvernement mettra tout en œuvre pour combattre le terrorisme, a-t-il dit. Et d’ajouter: « Le Burkina Faso sera un pays de paix, sans violence ».
Après cette entrée en matière, les journalistes ont été priés de se retirer, les échanges devant se tenir à huis clos entre le corps diplomatique, les partenaires et les membres du gouvernement. Après plus d’une heure d’horloge, finis les échanges et place aux interviews avec les Hommes de médias. Et le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, de se prêter à leurs questions. Pour ce qui est de la rencontre du jour, il a laissé entendre ceci : « Il s’agissait de donner des informations dans les détails pour renforcer la conviction de tous ceux qui nous ont fait l’amitié de venir au Burkina vivre avec nous, que les questions sécuritaires sont prises en charge au niveau du gouvernement, au niveau de notre pays, pour faire en sorte que Ouagadougou et l’ensemble du territoire restent des endroits où l’on peut venir vivre et travailler ; rassurer tout le monde que le Burkina est fréquentable. Dans ce sens, il s’est agi de les informer des mesures fortes qui sont prises par le gouvernement en matière sécuritaire, donner des statistiques par rapport aux décédés, aux blessés et voir ensemble avec eux comment, une fois les enquêtes, les procédures judiciaires, les recherches et mesures d’identification terminées et après l’autorisation du procureur du Faso, on va procéder à l’enlèvement des corps. Tout cela faisait partie de l’ordre du jour sur lequel nous avons échangé. »

Le corps diplomatique et les partenaires solidaires du Burkina Faso

Selon Simon Compaoré, on peut retenir que l’ensemble des participants a loué la réactivité du gouvernement burkinabè, des Forces de l’ordre, ce qui a permis de limiter les dégâts. « Ils ont témoigné leur solidarité », a-t-il dit. Et de poursuivre : « Ils nous ont fait savoir que le Burkina n’était pas seul et qu’ils nous étaient solidaires dans ce combat contre tous ceux qui veulent déstabiliser l’Afrique, le monde, par des actions violentes. Ils nous ont rassurés de leur accompagnement et c’est ce qui fait chaud au cœur puisque notre souhait c’est de rassurer aussi ces personnalités qui vivent sur le sol burkinabè que des étrangers peuvent continuer à venir dans notre pays, y investir, y vivre parce que, c’est vrai qu’il y a eu ces événements mais avec les mesures qui sont prises, nous restons debout et nous allons continuer notre marche. »
Concernant l’enquête, vu que celle-ci poursuit son cours, le MATDS s’est retenu de faire des déclarations. Il a néanmoins laissé entendre qu’une demande de coopération judiciaire a été faite par les Français suite à un accord qui existe entre le Burkina et la France. Et M. Compaoré de préciser que « présentement, il y a 11 policiers et 5 gendarmes français qui sont là pour ceux qui doivent aider à identifier les cadavres parce qu’il y a des corps qui sont décomposés et donc difficiles à identifier, mais aussi au niveau de la Police judiciaire aidée par des moyens modernes à faciliter le travail du procureur du Faso et de tous les enquêteurs. Il y a également cinq du FBI qui sont aussi là pour appuyer les unités burkinabè dans le cadre de ces enquêtes. L’enquête est lancée, le procureur, les gendarmes, les policiers, tout le monde est sur le pied de guerre et, au fur et à mesure qu’ils avanceront, certainement que le procureur du Faso fera une communication parce que c’est de son ressort. »
Pour ce qui est des interpellés, voici la réponse de Simon Compaoré : « Nous sommes en train de collecter l’ensemble des informations, des traces et tout ce qui peut nous aider à identifier clairement les assaillants et à voir s’il n’y a pas de complicités, etc. Le spectre est vraiment large et nous allons laisser les enquêteurs faire leur travail et Dieu voulant, nous aurons des éléments qui permettront à la Justice d’éclaircir les choses à ce niveau ». Les autorités burkinabè disposent-elles d’assez de moyens en hommes et en matériels pour conduire les enquêtes ? Et le ministre en charge de la sécurité de répondre : « Nous avons eu un concours venant de la France et des Etats-Unis, plus nos gens qui sont ici. Donc le travail a commencé et on ne se pose plus ces questions. Nous avons eu le concours aussi des Canadiens à qui les Australiens ont demandé de travailler pour leur compte puisqu’ils ont des ressortissants qui ont été également enlevés dans le Nord, Docteur Elliot et son épouse. »

Pourquoi des bilans différents ?

Quant aux bilans différents, cela se comprend, de l’avis de Simon Compaoré. « Hier (NDLR 18 janvier), on avait au compteur 69 personnes repérées dans les formations sanitaires ; ce matin on vient de découvrir deux personnes qui étaient dans d’autres formations sanitaires dont on n’était pas au courant. Cela porte donc à 71 le nombre de blessés référés dans les structures sanitaires. Hier encore, (NDLR : 18 janvier), on parlait de 29 décédés. Ce matin, malheureusement, il y a une photographe qui travaillait pour le compte d’Amnesty international qui était hospitalisée à la clinique Notre-Dame de la paix et qui, avec les blessures assez importantes parce que beaucoup d’organes ont été atteints, a succombé alors qu’elle devait être rapatriée pour des soins. C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris qu’elle a rendu l’âme. Il y a des choses que l’on découvre au fur et à mesure et c’est ce qui explique les fluctuations. Je pense que d’ici là on va stabiliser les choses mais ce qui est sûr, on a près de 76 personnes qui ont été sauvées, soit venant de Splendid Hôtel, soit du café Cappuccino ou des autres endroits dans les parages. On peut remercier Dieu d’avoir permis qu’au moins 163 personnes soient en vie actuellement. Pour les blessés, les médecins s’affairent. Il y a certains qui doivent être opérés aujourd’hui (NDLR : 19 janvier) ou demain (20 janvier). Mais ce qui est sûr, le maximum de blessés a quitté l’hôpital», a-t-il affirmé.
Et le MATDS de saisir l’occasion pour saluer le travail « formidable » d’information réalisé autour de ces événements. Des journalistes qui n’ont pas toujours eu la latitude parce que la zone était extrêmement dangereuse ; la preuve est que dimanche matin, a-t-il poursuivi, on a trouvé des grenades non dégoupillées ; ce qui pouvait entraîner d’autres problèmes. Pour lui, ces mesures ne visaient pas à empêcher le travail des journalistes mais à protéger leur vie de sorte à ce qu’ils puissent toujours porter l’information aux populations.
A cette rencontre étaient présents le ministre des Affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry, celui de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, celui de la Communication, celui des Transports, celui de la Justice, celui de la Santé, le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur. L’armée, la police et la gendarmerie étaient représentées par leurs premiers responsables.

Christine SAWADOGO

 


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