BENIN
Assigné à résidence surveillée et cela pendant plus d’un mois, l’ex-président béninois, Boni Yayi, a finalement quitté son pays, le 22 juin dernier. Il séjourne désormais en France où, selon ses proches, il devra bénéficier de soins médicaux appropriés. Quant à son rôle présumé dans les violences des 1er et 2 mars dernier, Boni Yayi n’entend pas se soustraire à la Justice de son pays et promet de revenir au bercail pour répondre des faits qui lui sont reprochés. C’est le lieu donc de saluer les interventions de tous ceux qui, de près ou de loin, ont permis de décrisper l’atmosphère sociopolitique très tendue au Bénin depuis les législatives controversées du 28 avril dernier, desquelles était exclue l’opposition politique. Il s’agit, pour ne pas les nommer, des présidents Muhammadu Buhari du Nigeria, Alassane Dramane Ouattara de Côte d’Ivoire, Paul Kagamé du Rwanda mais aussi des sages originaires de la ville natale de Boni Yayi, sans oublier le clergé béninois, qui ont tous travaillé à aplanir les difficultés de sorte à permettre au natif de Tchaourou d’aller se soigner à Paris, en France. C’est tout à leur honneur, surtout quand on sait que, dans le cas d’espèce, l’on faisait face à une querelle de personnes sur fond de vengeance qui avait fini par prendre en otage tout le Bénin. C’est pourquoi tout en félicitant le président Patrice Talon, l’on peut regretter qu’il ait mis tant de temps pour permettre à son adversaire d’aller se soigner. Peut-être l’a-t-il fait au moment où le mal a pris des proportions inquiétantes au point d’engager le pronostic vital de son prédécesseur comme le pensent certains qui y voient une cabale politique sur fond de règlements de comptes.
Patrice Talon doit rectifier le tir pendant qu’il est encore temps
C’est dire donc que le tout n’est pas de permettre à Boni Yayi d’aller se soigner. Le Bénin, longtemps présenté comme un modèle, a mal à sa démocratie sous Talon. Il lui faut donc une thérapie de cheval au risque de voir le pays se hisser à la tête du hit- parade des pays du Gondwana. Et c’est peu dire ! Car, à moins d’être un dictateur bon teint, on ne voit pas comment l’on peut prétendre diriger un pays comme le Bénin sans réel contrepouvoir et où la moindre contestation est réprimée dans le sang. A vrai dire, pour autant qu’il aime son pays, Patrice Talon doit rectifier le tir pendant qu’il est encore temps. Car, en moins d’un mandat, il a travaillé à briser la confiance que ses compatriotes avaient placée en lui ; ce qui lui a permis de prendre sa revanche sur Boni Yayi sur qui il s’acharne impitoyablement. Mais il feint d’oublier que si son prédécesseur avait été aussi sévère que lui, il ne serait pas aujourd’hui là où il est. On l’a vu dans d’autres pays où des présidents, même sortants, ont taillé des croupières à certains de leurs opposants. C’est le cas par exemple de la République démocratique du Congo (RDC) où Joseph Kabila qui n’avait plus la possibilité de briguer un nouveau mandat, a travaillé à mettre des bâtons dans les roues de Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba.
Boundi OUOBA