HomeA la uneBENOITE LABROSSE, JOURNALISTE CANADIENNE A PROPOS DU JOURNAL « LE PAYS » :« J’ai travaillé dans un journal qui dépasse les frontières »

BENOITE LABROSSE, JOURNALISTE CANADIENNE A PROPOS DU JOURNAL « LE PAYS » :« J’ai travaillé dans un journal qui dépasse les frontières »


Présente à Ouagadougou, en 2013 pour un séjour de quatre mois dont trois passés aux Editions « Le Pays » pour un stage, Benoîte Labrosse, du nom de cette journaliste canadienne, est de retour au Burkina Faso depuis quelques semaines, pour vivre, a-t-elle dit, des élections « à l’africaine, à la burkinabè ». Occasion pour nous, de nous rappeler certains souvenirs passés en sa compagnie et d’en savoir un peu plus sur les souvenirs qu’elle garde du Pays des Hommes intègres. Lisez plutôt !

 

« Le Pays » : En 2013, tu étais présente au Burkina Faso pour un stage aux Editions « Le Pays ». Peux-tu nous dire comment cela s’est passé ?

 

Benoîte Labrosse : J’ai eu la chance d’être invitée par le fondateur des Editions « Le Pays » pour un stage alors que je cherchais un journal au Burkina Faso où venir travailler. On m’a accueillie ici où j’ai commencé en début février 2013. J’ai suivi les journalistes sur le terrain, les photographes. Plus je faisais les reportages, plus on m’envoyait seule faire des reportages. J’ai couvert des conférences de presse à la mairie, j’ai couvert le FESPACO 2013, fait des critiques de cinéma pour le journal et beaucoup d’autres choses. J’ai travaillé aussi à la radio Wend Panga de Ouahigouya pendant une semaine. Je suis allée en mission à Dédougou pour le journal avec l’ambassade du Canada. Je me suis fait plein d’amis, j’ai vu comment fonctionne un journal au Burkina, comment fonctionne une rédaction ; toute chose qui est différente de ce qui se passe chez moi au Canada.

 

Que retiens-tu des Editions « Le Pays » ?

 

Ce qui m’a le plus marqué pendant ce stage, c’est le professionnalisme des journalistes. Comparés à ceux du Canada, les journalistes d’ici n’ont pas assez de moyens mais ils font malgré tout du bon travail, de bons reportages.

 

Au Canada, les choses se passent différemment, tu l’as dit. Est-ce que tu peux partager avec nos lecteurs cette expérience canadienne ?

 

Au Canada, les choses se passent un peu différemment parce que les conférences de rédaction sont beaucoup moins longues et les éditoriaux ne s’écrivent pas en groupe, ils sont écrits par les éditorialistes contrairement à ici où tout le monde donne son idée ; ce qui est très intéressant parce que cela permet à tout le monde de participer. Chez moi, ceux qui font les éditoriaux, les chroniques, le font seuls.

Benoîte Labrosse travaille-t-elle actuellement pour un organe précis ?

 

Actuellement, je suis free-lance. Chez nous, on dit pigiste. J’écris pour plusieurs organes comme « La Presse », le journal « Les affaires », dans un magazine de consommation qui s’appelle « Protégez-vous ». Depuis que je suis au Burkina, j’ai vendu des textes sur le Burkina à plusieurs de ces organes et c’est ce que je prévois faire aussi pour les élections.

Tu es de nouveau au Burkina depuis un moment. Qu’est-ce qui justifie ce séjour au Pays des Hommes intègres ?

 

Premièrement, quand on vient au Burkina, on est obligé de revenir parce qu’on laisse beaucoup de choses derrière soi. Je suis revenue en partie pour voir les gens que j’avais connus. Deuxièmement, parce que j’avais promis de revenir pour les élections. Je voulais voir comment fonctionne une élection à l’africaine, à la burkinabè et encore plus à cause de tout ce qui s’est passé avant.

 

Avant ton arrivée, le Burkina Faso a traversé une période trouble avec notamment le putsch manqué du 16 septembre. Comment as-tu vécu ces moments de là où tu étais ?

 

C’est la partie difficile à vivre quand on est loin. C’était la même chose pour l’insurrection d’octobre 2014. On apprend les choses par nos ordinateurs, par la radio, puis on s’inquiète pour les gens, pour les amis, pour tout le monde et pour les journalistes parce que c’est sûr que ces derniers iront sur le terrain pour chercher l’information. On était surtout plus inquiet lors du putsch parce que là ce n’était pas du jeu ; ce n’était pas la population qui était dans la rue, c’était l’armée. Nous, au Canada, nous ne connaissons pas de coups d’Etat. Je connais le Burkina, je connais les Burkinabè et je savais que cela se règlerait, j’avais espoir et Dieu merci, ça s’est réglé assez rapidement.

 

Comment apprécies-tu l’évolution de la presse burkinabè depuis ta dernière visite au Burkina Faso ?

 

Ce que je peux dire déjà, c’est que la presse continue toujours de faire son travail. En plus, il y a beaucoup plus d’organes, il y a de nouveaux organes qui ont apparu et ça, pour nous, c’est impressionnant parce que chez nous les organes de presse ferment. Il y a des coupures de postes, ce sont des gens qui perdent leur travail dans l’immédiat. C’est impressionnant de voir à quel point il y a des journalistes partout et à quel point les médias aussi tentent d’aider les citoyens, d’expliquer comment les choses se passent, de donner le plus d’informations et ça, c’est plus facile pour les radios. Je sais aussi que pendant le putsch, certains organes ont dû arrêter de fonctionner mais grâce à Internet, les nouvelles circulaient. Je trouve que la presse burkinabè est beaucoup plus sur Internet qu’elle ne l’était en 2013 : c’est beaucoup plus rapide, les nouvelles vont plus vite, ce qui est une grande évolution et qui permet à la diaspora burkinabè et à la diaspora des amis du Burkina, d’être au courant de ce qui se passe ici. La presse burkinabè a beaucoup évolué vers l’Internet.

 

Nous sommes au cœur de la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives. Comment vis-tu cette campagne ?

 

C’est très différent de chez moi parce que je ne savais pas que les campagnes se faisaient en régions. Je pensais que tout se faisait à Ouagadougou parce que chez moi, les campagnes se font en ville. Pour le moment, on voit qu’à Ouagadougou, c’est calme. Il ne se passe pas grand-chose ; on attend de voir jusqu’à la fin. J’ai eu la chance d’aller à Kaya pour assister à un meeting politique, voir comment ça se passe. Chez nous, il est rare de voir de grands meetings comme ça avec tous les gens autour, tout le côté musical avec des groupes locaux. C’est quelque chose que nous, nous ne connaissons pas. C’est sûr qu’à Ouaga, les gens sont plus au courant et j’ai hâte de voir comment va se terminer la campagne et comment ça va se passer le jour du vote.

 

Qu’est-ce qui a retenu ton attention jusque-là ?

 

J’ai vu que les gens essaient d’être informés, les jeunes posent des questions pour comprendre. Je crois que les gens s’y intéressent. Il semble que cela fait longtemps que les gens ne se sont pas intéressés de si près à une campagne et ils ne savent pas non plus ce qui va se passer le jour du vote et je crois que c’est une première au Burkina. Les gens ont espoir, ils ne sont pas certains, donc jusqu’à la fin, ils auront toujours des doutes.

 

Tes vœux pour le Burkina Faso ?

 

Que les élections se passent bien, que les perdants acceptent leur défaite, que les gagnants fassent leur travail parce qu’on espère que toutes les belles promesses qui sont faites vont aider le Burkina à avancer.

 

Un mot pour conclure ?

 

J’ai vu qu’en deux ans, Ouagadougou s’est beaucoup développée. Il y a beaucoup plus de routes goudronnées, beaucoup plus de trafics, plus de voitures ; et les gens sont beaucoup plus sur Internet. Quand je suis venue en 2013, les gens n’avaient pas beaucoup de smartphones, pas beaucoup de téléphones mais là, ils ont beaucoup plus de téléphones intelligents. Le Burkina est beaucoup plus connecté avec le reste du monde qu’il ne l’était en 2013.

 

Propos recueillis par Christine SAWADOGO

 

 

 


No Comments

Leave A Comment