HomeA la uneBIBIANE OUEDRAOGO /BONI, MINISTRE DE LA PROMOTION DE LA FEMME ET DU GENRE:« Cette année, il n’y aura ni cocktail ni déjeûner»

BIBIANE OUEDRAOGO /BONI, MINISTRE DE LA PROMOTION DE LA FEMME ET DU GENRE:« Cette année, il n’y aura ni cocktail ni déjeûner»


Le dimanche 8 mars 2015, le Burkina Faso célèbrera, à l’instar des autres pays du monde, la Journée internationale de la femme, placée sous le thème : « Autonomisation économique des femmes : accès à la formation professionnelle et à l’emploi ». En prélude à cette commémoration, diverses activités sont menées par le ministère de la Promotion de la femme et du genre du Burkina Faso, pour marquer cette date d’une pierre blanche. A l’occasion, nous avons rencontré la première responsable en charge de ce département qui nous parle, dans les lignes qui suivent, de la célébration du 8-Mars, de la situation de la femme burkinabè et des perspectives pour une meilleure promotion de la femme burkinabè.

 

« Le Pays » : Sous quel signe placez-vous la commémoration de la Journée internationale de la femme 2015 ?

MPFG : Avant tout, je tiens à remercier l’ensemble de la presse qui est là pour nous accompagner. C’est la preuve que vous vous intéressez à tout ce que nous faisons. Nous plaçons cette commémoration sous le signe d’un renouveau pour l’amélioration des conditions de vie de la femme.

Quel bilan faites-vous de la situation actuelle de la femme burkinabè ?

Beaucoup d’efforts ont été faits. Avec tous les gouvernements qui se sont succédé, des actions ont été posées au fur et à mesure, mais il reste encore beaucoup à faire. Au nombre des acquis, nous avons la mise en place de certaines institutions financières, notamment le FAARF (Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes), en 1990. Il y a eu également des fonds nationaux, des caisses qui ont été mis en place. Sur le plan juridique, il y a eu aussi des avancées. Nous ne sommes pas au terme des acquis, mais il y a quand même des avancées notables qui ont été enregistrées.

« Nous espérons que d’ici à 2063, nous aurons beaucoup plus de femmes entrepreneures au Burkina Faso »

Peut-on mettre tout cela à l’actif de la célébration du 8-Mars au Burkina Faso ?

Je dirais oui parce que depuis que le 8-Mars a été instauré, nous avons, après chaque célébration, des ateliers-bilan au cours desquels nous examinons les recommandations et leur mise en œuvre. Cela permet d’améliorer, au fil des années, les conditions des femmes, étant donné que l’on prend en compte tout ce qu’elles ont eu à évoquer, et de l’appliquer.

Pensez-vous que toutes les femmes burkinabè profitent réellement des retombées du 8-Mars ?

Dans une certaine mesure, oui ; compte tenu du fait que les recommandations sont prises en compte et mises en place. Je ne dirai pas la même chose pour les femmes qui n’assistent pas aux discussions. Elles ont peut-être des difficultés qui ne sont pas évoquées ou ne sont pas prises en compte. De manière globale, les problèmes des femmes sont similaires, mais ce n’est pas à tous les niveaux.

Le gouvernement a décidé, cette année, de s’intéresser à la question de l’autonomisation économique des femmes. Quel bilan peut-on faire de la situation économique des femmes burkinabè ?

La situation économique des femmes burkinabè n’a pas, jusqu’à ce jour, atteint un certain quorum, mais ce que je peux retenir, c’est que les femmes burkinabè sont très actives. Elles sont présentes sur le plan économique. Lorsque l’on se réfère aux statistiques, nous voyons qu’elles interviennent à environ 70% au niveau du secteur informel, dans le PIB. Elles sont présentes dans tous les secteurs d’activités même si, à certains niveaux, elles sont sous-représentées comme dans le domaine industriel où elles existent, mais à un taux réduit. Dans nos projections, nous espérons que d’ici à 2063, nous aurons beaucoup plus de femmes entrepreneures au Burkina Faso.

N’est-ce pas un peu long ?

C’est vrai que c’est long, mais c’est toujours bien de faire des projections.

Nous sommes en période de transition au Burkina Faso ; quelles sont justement les perspectives de cette transition pour résorber un peu les problèmes des femmes burkinabè ?

Pour le gouvernement, la priorité pour les femmes, c’est de mettre à leur disposition des ressources financières afin qu’elles puissent vraiment mener leurs activités. J’en profite pour dire que le guichet entrepreneuriat qui a été mis à la disposition des femmes, est un guichet qui prend en compte un certain nombre de critères. Ce qui veut dire que ce ne sont pas des fonds qui sont donnés gratuitement, que l’on vient prendre sans savoir quoi en faire. Il y a des critères qui ont été élaborés et il faut répondre à ces critères. Depuis l’année dernière, il y a un travail qui a été fait et nous, nous sommes en train de récupérer les dossiers, d’en faire un refiltrage, parce que vous n’ignorez pas qu’il y a eu beaucoup de difficultés autour de ce fonds, compte tenu du fait que l’information n’a pas été passée convenablement. C’était politisé à un certain moment. Donc, il y a eu trop de problèmes. Nous allons passer ces dossiers au peigne fin, afin que l’attribution de ces fonds se fasse de manière équitable, juste et dans la transparence, pour que celles qui ont droit au fonds puissent y accéder et travailler.

Le côté festif du 8-Mars est décrié par beaucoup. Qu’est-ce qui est fait au niveau de votre département pour minimiser ce côté-là ?

C’est une journée dédiée à la femme et je trouve normal qu’elle se réjouisse ce jour-là, encore faut-il que ce soit des réjouissances réfléchies. Lorsque nous avons commencé, nous avons fait la marche de lancement, un atelier-bilan, l’animation des thèmes et nous allons continuer avec la célébration des mariages collectifs, un match de football et une course cycliste. Parallèlement, il y a des gens qui organisent des choses, parce que tout le monde est embarqué dans cette fête du 8-Mars. A mon niveau, cette année, je ne vois pas l’aspect festif. Au sein du département, nous avons un programme clair et cohérent. Cette année, il n’y aura pas de cocktail ni de déjeuner après la cérémonie.

Cet aspect festif a-t-il été supprimé cette année parce que le pays est dans une situation particulière ou est-ce de façon délibérée que cela a été décidé ? En sera-t-il ainsi désormais ?

« Ce prix pose déjà problème au niveau rural »

Je pense que le 8-Mars doit être repensé, parce que, comme je le dis toujours, la vie ne se résume pas à manger et boire. Si l’on peut mettre cet aspect de côté, cela va éviter tout le brouhaha qu’il y a autour et cela nous fera économiser des ressources qui peuvent servir à faire des choses louables. Nous sommes en train de tracer des sillons et j’espère de tout cœur que l’équipe qui viendra après nous, va demeurer dans cette logique.

La région du Centre va abriter cette année la célébration officielle du 8-Mars. Cela sous-entend-il que l’on a fini avec les célébrations tournantes ?

Il m’est difficile de répondre parce que je ne sais pas si l’équipe qui viendra va reprendre la célébration tournante, mais je vous donne quand même mon avis sur la question. L’objectif, en faisant le tour des régions, était de permettre à toutes les femmes de comprendre la portée de la journée du 8-Mars, et comme elles l’ont si bien comprise, je pense que ce serait plus sage de revenir dans sa région pour fêter, parce que lorsqu’on quitte un lieu pour aller à un autre, c’est extrêmement coûteux.

La polémique sur le pagne revient chaque année avec ces questions de logo, de couleurs, etc. N’est-il pas temps, pour le gouvernement, de penser à se tourner vers le Faso danfani  pour définitivement régler la question ?

C’est une très belle initiative parce qu’en choisissant le Faso danfani, cela nous permet de valoriser nos pagnes, mais également de créer de l’emploi. Le problème qui se pose cependant, c’est de savoir si nos tisseuses seront en mesure d’approvisionner toutes les femmes en Faso danfani.

Et si on leur en donne les moyens ?

Oui, mais je vous assure qu’au niveau de notre département, nous n’avons pas une ligne budgétaire pour faire face à cette situation. Vous savez que nous sommes arrivés à un moment où on n’était pas très loin du 8-Mars. C’est une question qui mérite d’être réfléchie et il faut que l’on se penche vraiment là-dessus pour voir dans quelle mesure on pourra instaurer le Faso danfani. J’ai eu l’occasion de faire un petit sondage auprès des femmes qui ont relevé pas mal de difficultés, notamment le coût du Faso danfani. Avec les pagnes 8-Mars, nous achetons les trois pagnes à 5 500 F CFA, voire 7 000 F CFA pour ceux ou celles qui cherchent un bénéfice extra, mais pas plus. Ce prix pose déjà problème au niveau rural, parce que les femmes trouvent que c’est cher, alors que les deux pagnes de Faso danfani coûtent 10 000 à 12 000 F CFA. Le coût n’est pas accessible. Ce qui pourrait être fait si les réflexions sont bien menées, s’il y a réellement une politique de valorisation de nos pagnes, le gouvernement et les partenaires pourraient subventionner. Les femmes pourront ainsi créer des entreprises où elles vont travailler ensemble et on pourra avoir le maximum de pagnes à mettre à la disposition des femmes.

Il nous a été donné de constater que le logo du pagne a changé et, en lieu et place de l’ancien logo, vous avez préféré maintenant le logo de l’UNICEF. Pourquoi ce choix ?

Concernant le logo du pagne, je pense qu’à l’époque, il y a eu des réflexions qui ont été menées, parce que le signe qui était là-dessus avait une croix, symbole du sexe féminin, mais l’information n’a pas été bien passée et compte tenu du fait que la plupart de nos populations ne sont pas lettrées, d’aucuns ont pensé que c’est une croix religieuse, et que de ce fait, leurs femmes ne vont pas porter le pagne, parce qu’il appartient aux chrétiens. Je profite de l’occasion pour dire que dans notre pays, nous devons veiller à ces choses-là, à ce qu’il y ait toujours une certaine tolérance. Le signe a été donné depuis par les Nations unies. Mais nous n’avons pas hésité à le retirer pour qu’il y ait un certain consensus.

 

Doit-on comprendre qu’on ne reviendra plus sur le logo du 8-Mars ?

Je ne peux pas répondre à cette question, parce qu’il y a une équipe qui va venir après nous et elle va peut-être s’en occuper.

Et si c’est vous qui restez ?

Si c’est le cas, on va y réfléchir, se concerter pour trouver un consensus.

« Au niveau du secteur informel, si je ne m’abuse, je crois qu’il y a une enveloppe d’environ 4 milliards de F CFA »

Quelles sont les priorités de votre département pour la promotion de la femme, vu le temps qui vous reste à y passer ?

Pour la promotion de la femme, nous allons opérationnaliser le guichet entreprenariat cette année. Des décaissements auront lieu. Mais en cette période électorale qui est également le centenaire du droit de vote des femmes, nous avons un programme qui sera opérationnel et où nous allons doter le maximum de femmes d’extraits de naissance et de cartes nationales d’identité, pour qu’elles puissent participer aux élections, qu’elles puissent avoir des documents pour avoir accès aux institutions financières. Même si le temps est bref, l’opération pourra se poursuivre de manière à ce que, pour les élections de 2020, le maximum de femmes soient dotées de documents administratifs.

Quel rôle, selon vous, doivent jouer les femmes leaders dans cette période de transition ?

Les femmes leaders doivent réellement prendre en compte les préoccupations des femmes  pour que, même après les élections, la parole donnée soit respectée, qu’elles ne tournent pas le dos aux femmes, une fois les élections passées.

Les 30 et 31 octobre 2014, le Burkina Faso a connu des événements qui ont marqué un tournant dans la vie sociopolitique du pays. Comment avez-vous apprécié la participation des femmes à ces événements ?

J’ai beaucoup apprécié la participation des femmes, parce que c’était une manière pour elles de marquer leur implication dans la vie nationale.

L’excision et le mariage forcé sont des pratiques qui ont la peau dure au Burkina Faso. Que comptez-vous entreprendre pour changer les choses ?

Cette question relève du ministère de l’Action sociale, mais je peux tenter d’y répondre. Je pense qu’à ce niveau, il faut plus de rigueur, il faut renforcer les méthodes coercitives. Il faudrait, si l’on prend une personne, qu’elle soit exposée à des sanctions très sévères et je pense que cela va décourager d’autres personnes.

Que comptez-vous faire pour les femmes handicapées qui ont des difficultés pour accéder aux financements ?

A l’issue du bilan, il fallait prendre le temps de réfléchir ; et les femmes handicapées, les veuves, ont posé ce problème. En toute chose, il faut prendre le temps de réfléchir et de mener des actions concrètes, au lieu de répondre rapidement et ne pas pouvoir ensuite tenir ses engagements. A la suite de réflexions bien mûries, nous allons proposer des solutions idoines.

Il y a une enveloppe allouée au secteur informel. Quelle part sera mise à la disposition des femmes ?

Au niveau du secteur informel, si je ne m’abuse, je crois qu’il y a une enveloppe d’environ 4 milliards de F CFA et, à ce niveau, ce sont les associations et les groupements qui vont y avoir accès, à des taux de remboursement acceptables.

Un message particulier à lancer ?

Je voudrais féliciter les vaillantes femmes burkinabè, les encourager et transmettre un message de consolation à toutes ces familles qui ont perdu des femmes, des filles, des jeunes gens au cours des événements des 30 et 31 octobre derniers. Que la paix demeure dans leurs familles et que la consolation soit leur partage. L’appel que je voudrais lancer aux femmes burkinabè, c’est qu’elles persévèrent. Il est vrai que la vie est faite d’adversités, mais qu’elles ne baissent pas les bras. Qu’elles restent toujours debout et se positionnent pour faire partie de ces femmes leaders. Qu’elles travaillent sans cesse et aspirent à l’excellence, parce que le travail paie toujours.

Propos recueillis par Christine SAWADOGO


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  • Aux femmes africaines de mettre le voile islamique et de convertir a l’islam ce 8 Mars pour éviter la mort par ces punitions d’ALLAH les inondations les séismes les tornades tempête de neige de sable catastrophique les foudres les météorites les accidents de la route de train crash d’avion naufrage cancer de sein de l’utérus H1N1 Ebola sida si la fin du monde ou le soleil se lève a l’occident pour éviter la panique l’enfer et pour éviter Boko Haram Daech a l’enfer

    8 mars 2015

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