HomeA la uneBITUMAGE DE L’AVENUE NA-ROUAMBA ET DES RUES RONSIN ET 14.92 : Les riverains entre joie et crainte

BITUMAGE DE L’AVENUE NA-ROUAMBA ET DES RUES RONSIN ET 14.92 : Les riverains entre joie et crainte


Les travaux de bitumage de l’avenue Na-Rouamba, des rues Ronsin et 14.92 de l’arrondissement 5 de la ville de Ouagadougou, lancés officiellement le 24 février dernier, ont débuté. A longueur de journée, les engins et les ouvriers s’affairent sur lesdits tronçons. Ainsi, à la fin des travaux, la voie qui relie l’avenue Babanguida à la route nationale 4 (RN4) sera bitumée en 2X2 voies séparées d’un terre-plein central doté de tout le dispositif de panneaux d’indication, de signalisation, de ralentisseur, d’éclairage public et de feux tricolores aux différents carrefours. Mais depuis le début des travaux, les riverains et usagers de ces tronçons sont partagés entre joie et craintes. Nous les avons approchés le 3 septembre dernier.

Circuler sur du bitume ou l’avoir devant sa cour d’habitation est plaisant ; finis la boue, la poussière, les nids de poules et autres difficultés qui rendent les voies non bitumées impraticables. Cependant, avant la fin des travaux de bitumage, c’est la croix et la bannière pour les usagers et riverains des voies en travaux. Si les riverains et usagers de l’avenue Na-Rouamba, des rues Ronsin et 14.92 de l’arrondissement 5 de la ville de Ouagadougou, à l’instar du maire dudit arrondissement, Issouf Sakandé, sont satisfaits de l’avancement des travaux de bitumage, n’en demeure pas moins que cela cause de nombreux désagréments. En effet, depuis le lancement des travaux de bitumage, beaucoup de choses ont changé pour ceux qui sont coutumiers à ces tronçons. Des librairies qui jalonnaient le mur est de l’Université de Ouagadougou aux  kiosques installés devant les éditions « Le pays », en passant par les diverses boutiques qui parsemaient ledit tronçon, tous ont disparu. Après le lancement officiel des travaux de bitumage, la mairie de l’arrondissement 5 de Ouagadougou avait sommé les tenanciers de boutiques, de kiosques et autres,  de déguerpir des voies concernées. Pour la plupart d’entre eux, il faut repartir de zéro. De même, aux propriétaires qui ont leurs cours d’habitations bordant les voies en question et dont les devantures avaient été aménagées en hangars et autres, il leur a été demandé de supprimer tout ce qui pouvait entraver la bonne marche des travaux de bitumage. Choses que ces derniers ont, bon gré malgré, faites.

 Pour Madi Sawadogo, gérant de kiosque, même s’il reconnaît la nécessité d’améliorer le réseau routier de la ville, le bitumage de l’avenue Na-Rouamba, des rues Ronsin et 14.92 est un frein à ses affaires. « J’ai dû déménager mon kiosque et je me retrouve sans électricité, ce qui réduit les services que je proposais aux clients. A cela s’ajoute l’impraticabilité du tronçon en travaux, surtout avec cette saison pluvieuse. Du coup, la majorité de mes clients ont fui », a-t-il expliqué. Même son de cloche pour Robert Ilboudo, tenancier de buvette. Pour lui, inutile d’expliquer que le manque d’électricité et la vente de boissons ne font pas bon ménage.  « J’ai dû me reconvertir en vendeur de café, de thé, bref, tout ce qui n’a pas besoin d’être réfrigéré. C’est un véritable bon en arrière, car mon chiffre d’affaires est en chute libre », a-t-il fait remarquer. Il déplore aussi la passivité de la mairie. « La mairie n’a proposé aucune mesure d’accompagnement pour nous permettre de continuer nos affaires », a-t-il relevé. Et d’ajouter qu’il n’a pas la certitude de retrouver sa place à la fin des travaux de bitumage.

En effet, aucune certitude ne leur a été donnée quant à leur retour à la fin du bitumage. Comme l’a expliqué le maire de l’arrondissement 5, Issouf Sakandé, ces derniers doivent patienter jusqu’à la fin des travaux avant que la question ne soit étudiée par la mairie.  « Avec les dimensions normales de la voie, on verra si l’espace restant peut être attribué à un propriétaire de kiosque. S’il est possible d’attribuer les kiosques, nous le feront », a-t-il dit.

Valerio Coulibaly a son domicile au bord de la rue Ronsin et les difficultés qu’il rencontre sont nombreuses. « Je suis obligé de faire des détours pour arriver chez moi, et ces derniers temps, ma voiture reste dehors, car la porte d’entrée de mon domicile ne lui est plus accessible », a-t-il expliqué. Aussi, a-t-il ajouté, lorsqu’il pleut, la route devient une véritable patinoire causant de nombreuses chutes et à certains moments il y a trop de poussière. En effet, sur ces voies relativement praticables, les usagers s’adonnent à la vitesse, occasionnant ainsi la poussière, malgré les ralentisseurs érigés par l’entreprise en charge des travaux. « Le va-et-vient incessant des gros engins sur la voie est dangereux, surtout que les camions en charge utilisés pour les travaux font souvent de la vitesse. Un accident est vite arrivé», a renchéri Bakari Koné, un autre riverain. Mais le souci fondamental des riverains réside dans le fait que les travaux entraînent souvent le tremblement de leurs demeures.  « Les ouvriers s’affairent devant nos concessions sans nous dire mot. Aussi, certaines machines font trembler nos maisons, ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques », a-t-il confié. Pour eux, vivement que les délais soient respectés et que les travaux prennent fin.

Pour sa part, Jonas Kpochan, directeur technique de Globex-construction et directeur des travaux du projet de bitumage de l’avenue Na-Rouamba, des rues Ronsin et 14.92, explique que ce sont les caractéristiques de la route qui font que les riverains ressentent les effets, telles les vibrations.  «  C’est une route constituée de 3 couches : celle de la plate-forme, la couche de fondation et la couche de base, et nous avons la couche de roulement qui est en béton bitumineux. Les vibrations que les riverains sentent sont dues au fait qu’on est obligé de compacter la latérite que nous apportons sur la chaussée, afin d’avoir une compacité optimale qui est de 95% de compacité. Cela nécessite des engins de terrassement appelés compacteurs. Ce sont ces engins qui provoquent des vibrations au niveau de la chaussée, et cela se ressent sur les habitations. Mais jusqu’à preuve du contraire, on peut affirmer que ces vibrations n’ont pas d’effet sur les concessions que nous pensons avoir été construites selon les règles de l’art. Si elles l’ont été, il n’y a pas de raison de s’inquiéter », a-t-il expliqué. Et de rassurer que c’est exactement la méthode de travail recommandée pour ces genres de chaussées et c’est exactement le matériel recommandé pour avoir un travail bien fait. Quant aux travaux de bitumage, Jonas Kpochan confie que quelques petites difficultés entravent leur déroulement normal, notamment les réseaux de la Société national burkinabè d’électricité (SONABEL), de l’Office nationale de l’eau et de l’assainissement (ONEA), et de l’Office nationale des télécommunications (ONATEL). Selon lui, il est nécessaire de les déplacer afin que son entreprise puisse travailler. « Cela nous ralentit ; nous sommes donc en négociation afin que le déplacement soit fait au plus vite, car cela impacte sur les délais d’exécution des travaux. Mais pour le moment, avec la dernière mission de contrôle, on pourrait être dans les délais si cette difficulté est levée », a précisé Jonas Kpochan. Et de conclure en demandant la compréhension des riverains, tout en les rassurant que les nuisances causées par les travaux ne seront bientôt qu’un souvenir.

Thierry Sami SOU


Comments
  • Il s’agit du tronçon “Charles De Gaulle – RN4” et non du tronçon “Avenue Babanguiba – RN4”

    9 septembre 2014
    • Je suis désolé GASEC, mais c’est bien le tronçon “Avenue Babanguida – RN4” car la route quitte la RN4 (au niveau de la station Total de bangré weogo), longe l’ancien LTO et l’université de Ouagadougou, traverse Charles De Gaulle, puis “l’avenue de boins yaare” puis continue vers l’université Aube nouvelle (ex ISIG) et tourne à gauche pour aller croiser l’avenue Babanguida (au niveau du grand rond point des artistes je crois) après avoir longé les bureaux des éditions Le Pays.

      10 septembre 2014
  • C’est bel et bien ce que le journaliste a écrit, car la voie va de la nationale 4 à Babanguida (rond point des 1200) en traversant Charles De Gaulle

    9 septembre 2014
  • Franchement ,Monsieur le JOURNALISTE, il faut arrêter d’opposer les intérêts individuels à l’intérêt général .Si on n’y prend garde l’Etat burkinabè ne pourra même plus travailler .Chaque fois que l’Etat veut réaliser des infrastructures ,il y a toujours des individus qui sortent pour opposer leur cas au projet alors qu’ils ne sont même pas propriétaires des endroits qu’ils occupent .Franchement la presse ne devraient pas chercher à défendre ce genre de causes

    9 septembre 2014

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