HomeA la uneBOUSCULADE MEURTRIERE A LA MECQUE : La rencontre de la foi et de la mort

BOUSCULADE MEURTRIERE A LA MECQUE : La rencontre de la foi et de la mort


Allés à la rencontre de Dieu, ils ont malheureusement trouvé la mort sur leur chemin. Car, à l’image du soldat qui tombe les armes à la main, eux, sont tombés Allah chevillé à leur âme. Que Dieu aie leur âme ! Plus de 700 personnes tuées et pas moins de 800 autres blessées. C’est le bilan de la gigantesque bousculade qui a endeuillé le pèlerinage à La Mecque, cette année. Cette bousculade est l’une des plus meurtrières que La Mecque ait jamais connues. Peut-être faut-il y voir la main de Dieu ? Mais encore faut-il d’abord s’assurer qu’Allah lui-même ne pleure pas, de voir comment l’organisation du hadj est laissée aujourd’hui entre les mains malhabiles et cupides des humains. Et plus exactement, entre celles des autorités saoudiennes commises à la sécurité des pèlerins. On le sait, la bousculade d’hier est intervenue au moment où les pèlerins pratiquaient le rituel de lapidation de Satan, lors duquel des cailloux sont jetés sur des stèles le représentant. Quand on voit le monde fou qui se bouscule habituellement en ces lieux saints, l’argument du ministre saoudien de la Santé, selon lequel « si les pèlerins avaient suivi les instructions, on aurait évité ce genre de drame », paraît bien spécieux. Pas étonnant d’ailleurs que le prince héritier saoudien ait ordonné une enquête. En tous les cas, ce n’est pas la première fois que ces lieux saints sont transformés en gigantesque « vallées de larmes » suite à des débordements. C’est dire s’il fallait intégrer le paramètre bousculade et se préparer en conséquence,  bref, agir en médecin avant la mort.

Un constat s’impose en tout cas : un pèlerinage comptant encore ses morts en raison d’un manque d’anticipation sur fond de gestion sujette à critiques. Les couloirs de passage dans les lieux saints ont été élargis, certes, comme s’en défendent les autorités saoudiennes. Mais est-ce suffisant face à la réalité d’un hadj qui draine de plus en plus de foules ?

L’autre réalité, hélas, est que le rite du pèlerinage est pourvoyeur de gros sous pour l’Arabie Saoudite. « C’est une manne extraordinaire qui entre dans les caisses de l’Etat.   C’est encore plus fort que le pétrole lui-même », comme l’indique l’anthropologue des religions Malek Chabel. Quand bien même elle s’emploierait à agrandir les lieux, l’Arabie saoudite sera-t-elle suffisamment regardante sur les conditions humaines des pèlerins dans les lieux saints ? En tout état de cause, quelque chose de supplémentaire doit être encore fait pour éviter à l’avenir cette tragique et brusque rencontre de la foi et de la mort.

« Le Pays »


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