HomeEchos des provincesBOYCOTT DE LA CAMPAGNE COTONNIERE 2015/2016 : Des cotonculteurs de la Boucle du Mouhoun se désolidarisent

BOYCOTT DE LA CAMPAGNE COTONNIERE 2015/2016 : Des cotonculteurs de la Boucle du Mouhoun se désolidarisent


Au cours d’une conférence de presse tenue le 10 avril 2015, des producteurs de la Boucle du Mouhoun se réclamant de la filière coton avaient annoncé une année blanche de la production de l’or blanc si le président de l’Union nationale des producteurs de coton, qu’ils accusent de malversations et de mauvaise gestion, n’était pas démis de ses fonctions. Réponse du berger à la bergère. Les Unions provinciales des producteurs de coton (UPPC) des provinces du Mouhoun, des Banwa, de la Kossi et du Nayala s’y opposent et annoncent une production de 170 000 tonnes, soit une augmentation de 12% pour la campagne 2015/2016. Cette annonce de produire en qualité et en quantité l’or blanc a été faite aux Hommes de média le 20 avril dernier, à Dédougou, au cours d’une rencontre d’échanges avec la presse et les producteurs. La salle de fêtes de la mairie de Dédougou était archicomble pour l’occasion.

 

C’est connu. La faîtière des producteurs de coton du Burkina Faso connaît depuis novembre 2014 des remous. Un groupe qualifié de frondeurs accuse le président du comité de gestion de l’Union nationale des producteurs de coton (UNPCB), Karim Traoré, de malversations et de mauvaise gestion. Pour ce faire, il réclame le départ du président et la mise en place d’un comité transitoire. Comme moyen de pression, la menace d’une année blanche de la production de l’or blanc pour la campagne 2015/2016 est brandie. Les Unions provinciales des producteurs de coton (UPPC) du Mouhoun, des Banwa, de la Kossi et du Nayala qui ne partagent pas cette décision y opposent un niet catégorique. Au cours d’un point de presse, les responsables de ces unions ont unanimement réaffirmé leur engagement à produire le coton pour la campagne 2015-2016. Invités à cette rencontre avec la presse, les producteurs n’ont pas marchandé leur présence.

170 000 tonnes de coton attendues

« Nous allons produire le coton pian ! N’en déplaise à certains », a lâché un producteur avant la rencontre. Et à un autre de renchérir que les revenus de la production cotonnière sont le fruit des producteurs et que ne pas produire, c’est se faire soi-même du tort et non à quelqu’un d’autre. Selon le principal conférencier, les producteurs ont pris l’engagement d’accroître leur production. « Pour la campagne 2015-2016, les producteurs de la région cotonnière de Dédougou envisagent d’emblaver 162 000 hectares de coton pour une production prévisionnelle de 170 000 tonnes contre une production de 150 000 tonnes sur une superficie de 144 000 hectares pour la campagne en cours, soit une augmentation de 12% », a indiqué M. Mavé Tamini pour qui le seul souci des unions est l’acquisition des intrants de coton à des prix abordables pour, dit-il, « une meilleure production afin que la région cotonnière conserve sa place de leader en production de coton au niveau national et au niveau africain ». Il a une fois de plus, réitéré les remerciements des Unions provinciales au gouvernement pour les efforts consentis à la résolution de la crise et a réaffirmé leur soutien au conseil de gestion pour toutes les actions qu’il mène pour les intérêts matériels et moraux de ses membres. Isidore Coulibaly, président de l’UPPC des Banwa, a pour sa part lancé un appel à tous les producteurs de coton du Burkina Faso à s’unir et les a invités à respecter la loi, les autorités de la transition, les statuts et règlements intérieurs de la filière coton pour une bonne marche de l’union.

Tirs groupés sur les frondeurs

A travers une déclaration lue par Mavé Tamini, producteur de coton de Ouarkoye et formateur endogène, les producteurs de coton des Unions des quatre provinces ont fustigé le comportement des frondeurs. Selon le principal conférencier, c’est un groupe d’individus animés d’intérêts égoïstes qui brandit la menace de boycott. Morceaux choisis : « Ce groupe est constitué de semenciers, de producteurs de céréales, d’orpailleurs de la région, de producteurs de coton en situation d’impayé n’ayant aucune responsabilité dans les organisations de production de coton (GPC, UDPC, UPPC, UNPCB) ou des anciens responsables d’unions qui ne produisent plus », a expliqué M. Tamini. Puis de préciser que « le même groupe de frondeurs, lors de la crise de 2011, était parvenu à tromper certains producteurs à ne pas produire le coton et à arracher les pieds des cotonniers de ceux qui en avaient produit sous prétexte qu’il fallait rehausser le prix du kg de coton à 500F ». Cette situation, a-t-il fait observer, a engendré beaucoup de pertes dans la région en général et en particulier dans les départements de Kona et Safané, avec malheureusement une perte en vie humaine. Les animateurs du point de presse ont affirmé être favorables aux décisions gouvernementales de sortie de crises présentées par le ministère de l’Agriculture le 3 avril dernier au conseil de gestion de l’UNPCB. Il s’agit, entre autres, d’un audit des comptes de l’UNPCB et des UPPC sur la période allant de 1998 à 2015, de l’organisation des élections au sein de toutes les instances des organisations des producteurs de coton depuis la base jusqu’au sommet d’ici à fin 2015 en vue de se conformer à l’acte uniforme de l’OHADA.

 

Serge COULIBALY et Placide ZOUNGRANA

 

 


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