HomeA la uneATTAQUE TERRORISTE A BOURASSO : Les témoignages glaçants de rescapés  

ATTAQUE TERRORISTE A BOURASSO : Les témoignages glaçants de rescapés  


Plus d’une vingtaine de civils ont été tués dans la soirée du 3 juillet 2022 dans une attaque perpétrée par des hommes armés non identifiés (HANI) à Bourasso, commune rurale de la province de la Kossi, dans la Boucle du Mouhoun. Plusieurs autres personnes ont été blessées et évacuées à Nouna et au Centre hospitalier régional (CHR) de Dédougou. Si l’état de santé des blessés de Dédougou s’est considérablement amélioré, certains sont encore sous le choc. Quelques-uns racontent l’horreur.

 

Le 3 juillet 2022 restera douloureux et inoubliable dans la mémoire collective des habitants de Bourasso, dans la Kossi. Et pour cause, l’assassinat de plus d’une vingtaine de civils par des HANI, a provoqué une véritable onde de choc. Bigmop, non d’emprunt, a été blessé au cours de cette attaque. Allongé sur son lit au service de chirurgie du CHR de Dédougou, le tibia plâtré jusqu’à la cheville, cet habitant de Bourasso est victime d’une double fracture.  Il dit rendre grâce à Dieu et à ses ancêtres pour avoir eu la vie sauve. « Dans la soirée du dimanche, aux environs de 18h, deux individus se sont positionnés sur le goudron. Ils ont d’abord interpellé un usager de la route qui a été soumis à un contrôle. Ils nous ont ensuite invités à les suivre pour écouter une bonne nouvelle non loin de la chapelle. Nous avons obtempéré. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, nous avons trouvé une vingtaine de personnes du village dont la majorité était sous l’emprise de l’alcool», a expliqué le témoin oculaire de la scène macabre. Avant de poursuivre dans une forte émotion : « Une dizaine d’hommes armés d’une communauté bien connue de chez nous les avaient encerclés. Ayant compris par réflexe que la suite allait être dramatique, j’ai dit dans ma langue aux gens de se tenir prêts. Et comme la majorité était sous l’emprise de l’alcool, on ne m’a pas écouté. Par la suite, un des assaillants a lancé un cri comme pour donner le ton de la fusillade.  Dès lors, les armes ont commencé à crépiter. Dans ma fuite, j’ai été atteint à la cuisse et au tibia. J’ai fait le mort en restant couché. Deux des assaillants se sont approchés de moi. L’un a dit de m’achever. Et l’autre de s’opposer au motif que j’étais déjà mort, et qu’il n’était plus nécessaire de gaspiller des balles. Tous ceux qui étaient blessés et couchés ont été tués. Une personne a été égorgée vive et décapitée. La nuit tombée, j’ai rampé pour me cacher dans un poulailler d’une vieille femme », a témoigné Bigmop. Il déclare que son frère aîné a été tué dans la nuit, à son domicile.  Mitoumba, autre nom d’emprunt, est âgé de 41 ans. Il a reçu une balle à l’épaule et au poignet, alors qu’il tentait de fuir. Selon lui, ce sont 4 assaillants qui ont tiré sur la population. « Les autres tiraient en l’air ou à même le sol. Avant et pendant la fusillade, le village était totalement encerclé par des individus armés non identifiés. J’ai eu la vie sauve grâce à mes ancêtres que j’ai adorés une semaine à l’avance. L’oracle que j’ai consulté avait prédit une catastrophe. Et pour conjurer le mauvais sort, il m’a été dit d’immoler un poulet blanc sur le fétiche familial. En dehors de ma blessure, tous les autres membres de ma famille ont échappé à l’horreur», a confié le blessé. Ce dernier précise que les assaillants ne sont pas des inconnus. A l’en croire, certains d’entre eux vivaient au village avec eux. « C’est lorsqu’ils ont commencé à commettre des dégâts, que les notables leur ont trouvé un espace à 18km du village. Ils y ont emménagé avec leur bétail. Des forages et un parc de vaccination ont été réalisés là-bas pour eux. Plus tard, ils ont accueilli leurs parents qui sont venus du Mali voisin. L’année dernière, les notables de Bourasso leur ont demandé de déposer les armes au risque  de mettre en péril la cohésion sociale et le vivre-ensemble », soutient Mitoumba. Si l’état de santé des blessés admis au CHR de Dédougou s’est amélioré, tous ou presque sont toujours sous le choc. Kirikou et Bélébéléba (prénoms d’emprunts) qui ont été blessés respectivement à la tête et au bras, affirment ne plus savoir à quel saint se vouer. « En plus d’être blessé à la tête, ma maison a été saccagée et mes animaux emportés. Malgré l’alerte donnée, aucun homme de tenue n’est venu nous porter secours. Trouvez-vous normale cette situation ? »,  s’est offusqué Kirikou. Et Bélébéléba de renchérir : « Nous n’avons jamais connu pareille atrocité. Aucun habitant de Bourasso ne peut comprendre que des assaillants viennent nous tuer comme des poulets au nez et à la barbe de nos FDS. Bourasso est située à moins de 20km de Nouna et un peu plus de 30km de Dédougou où il y a des militaires, des gendarmes et des policiers. Pourquoi ces hommes ne sont-ils pas venus neutraliser nos bourreaux ? S’ils sont impuissants, qu’on nous le dise pour que chacun quitte le pays. Aujourd’hui, Bourasso est devenue une ville fantôme. Toute la population est contrainte de fuir ». Toujours selon certaines victimes, la panique s’est emparée de Bourasso depuis la terreur de la nuit du 3 au 4 juillet. Toute chose qui a occasionné un déplacement massif des populations vers Nouna ou Dédougou.

 

Loban Henry POPPY

 

 


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