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CAMPAGNE ELECTORALE APAISEE  


Plus que quelques heures et la campagne électorale pour les législatives et la présidentielle du 22 novembre prochain, prendra fin au Burkina, sur toute l’étendue du territoire national. Le fait notable que l’on peut retenir, c’est que, globalement, la campagne a été apaisée au pays des Hommes intègres. Surtout au regard de ce qu’il a été donné de constater dans certains pays de la sous-région comme le Togo, la Guinée et la Côte d’Ivoire qui ont ouvert le bal des élections 2020 et où les scrutins se sont déroulés dans des climats de tensions ayant entraîné, par endroits, des violences meurtrières sur fond de saccage de biens publics et privés. Mais au Burkina Faso, rien de tout cela n’a jusque-là été observé. Au contraire, en dehors de quelques piques verbales que certains candidats n’ont pas manqué de se lancer, le fair-play a globalement prévalu au cours de cette campagne électorale qui a vu les candidats sillonner le pays durant trois semaines, chacun y allant de sa stratégie d’approche de l’électorat, qui allait des grands meetings populaires aux assemblées générales, sans oublier la campagne de proximité qui a aussi fait des émules.

 

Un îlot de paix dans un océan de violences pré et post-électorales

 

Il se dit même que dans certaines localités, des militants de partis concurrents ont, par endroits, réussi à trouver un modus vivendi dans l’organisation des meetings pour éviter de se marcher sur les pieds, lorsque les programmes se chevauchaient pour l’occupation des mêmes espaces publics pratiquement aux mêmes heures. Un bel esprit de compétition qui est tout à l’honneur du pays même si globalement, certains disent n’avoir pas vraiment senti la campagne 2020, comparativement à l’effervescence de 2015.  Cela dit, en étant, pour l’instant, l’une des rares exceptions qui confirment la règle qu’élection rime avec violences en Afrique, le Burkina peut être fier de l’exemple qu’il donne à la face du monde. D’autant qu’au sortir de l’insurrection populaire et de la Transition qui a connu les soubresauts que l’on sait, le peuple et la classe politique burkinabè étaient fortement divisés. C’est le lieu donc de saluer la classe politique burkinabè dans son ensemble, pour sa maturité politique qui aura permis de tenir cette campagne électorale dans un tel climat apaisé. Dans le même ordre d’idée, il faut saluer le dialogue politique et la concertation qui ont globalement permis, en amont, d’accorder les violons sur le processus électoral, et l’audit du fichier électoral qui vient en rajouter à la crédibilité d’un scrutin qui ne s’est jamais voulu aussi inclusif. En effet, contrairement à l’élection de 2015, personne n’a été a priori écarté de la course à l’échalote. En tout cas, tous ceux qui remplissaient les critères et se rêvent d’un destin national, ont pu  faire acte de candidature. Par ailleurs, il y a la signature du pacte de bonne conduite par les candidats à la présidentielle, qui a aussi pu faire son effet. L’un dans l’autre, on peut dire que le Burkina est sur la bonne voie. En effet, en se présentant comme un îlot de paix dans un océan de violences pré et post-électorales, les Burkinabè qui étaient déjà considérés comme un peuple héroïque au sortir de l’insurrection populaire, prouvent qu’en matière de démocratie sur le continent africain en pleine mutation, ils sont loin de porter le bonnet d’âne.

 

Il faut espérer que le vote du dimanche se tiendra dans le calme et la transparence

 

Mieux,  et c’est tout à leur honneur, ils montrent un exemple de maturité politique qui augure de lendemains meilleurs.  Ceci étant, on peut certes se féliciter de ce que la campagne ait été globalement apaisée et civilisée, loin des violences physiques entre militants et encore plus des violences verbales exacerbées entre candidats. Mais tout est loin d’être rose dans ce processus électoral 2020 qui aura été terni par quelques attaques terroristes qui sont venues endeuiller le pays et rappeler aux Burkinabè, la réalité de la situation sécuritaire préoccupante que traverse le pays. Dans cet ordre d’idée, la situation des déplacés internes qui se comptent par milliers à travers le pays, restera comme l’une des taches noires de ce scrutin couplé où leur participation reste encore largement tributaire des aléas du moment. Dans le même temps, on ne peut passer sous silence la situation de tous ces Burkinabè privés de fait, pour les mêmes raisons sécuritaires, de leur devoir civique à l’occasion de ces consultations populaires, même si cela ne devrait pas fondamentalement remettre en cause la légitimité du président qui sera élu.  En tout état de cause, il faut espérer que le vote du dimanche se tiendra dans le calme et la transparence, et que rien ne viendra perturber le processus électoral. Ni côté organisationnel, ni côté sécuritaire pour qu’au finish, en lieu et place de vainqueurs et de vaincus, ce soit la démocratie burkinabè dans son ensemble qui triomphe.

 

 « Le Pays »

 

 


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