CARAVANE DES JEUNES POUR DES ELECTIONS APAISEES EN RCI : L’Evangile de la paix sera-t-il entendu ?
Dans moins d’une semaine, les Ivoiriens iront aux urnes pour choisir celui-là qui présidera aux destinées de leur pays pour les cinq prochaines années. Au total, ils sont sept candidats en lice à parcourir le pays d’Est en Ouest et du Nord au Sud pour défendre leurs programmes politiques respectifs, dans l’espoir de grappiller des voix, le jour du scrutin. Et comme on pouvait s’y attendre, on assiste, en pareille occurrence, à des joutes oratoires et autres escarmouches de tout acabit ; chacun estimant qu’il est le candidat idéal capable de conduire le pays à des lendemains meilleurs. C’est dans ce contexte que, pour parer à toute éventualité, des jeunes ont décidé de prendre une part active au scrutin sans retomber dans la violence qui caractérise les périodes électorales en Afrique. Ainsi donc, le Réseau des jeunes pour l’avenir de la Côte d’Ivoire a été acté. Il lance une caravane de sensibilisation qui parcourira le pays tout entier avec pour préoccupation : appeler les jeunes à observer un comportement responsable pendant et après le scrutin. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’une telle initiative mérite d’être saluée à sa juste valeur, d’autant plus que la crise post-électorale de 2010 est encore présente dans les mémoires. La Côte d’Ivoire revient de loin. On se souvient encore, comme si c’était hier, de ces scènes de violences indignes d’une nation civilisée, qui avaient laissé des milliers de macchabées sur le carreau, tout cela sur fond de xénophobie. C’est dire que la jeunesse ivoirienne a vu juste, elle qui a payé un lourd tribut pendant la dernière crise post-électorale. Car, comme le dit l’adage, «mieux vaut prévenir que guérir».
Les jeunes patriotes doivent savoir dire non à toute manipulation politique
On sait quand commence une guerre, mais personne ne peut en prévoir l’issue dans la mesure où, « même avec ses victoires les plus éclatantes, disait Diderot, la guerre constitue une plaie purulente qu’il faut panser » longuement. De toute évidence, la jeunesse ivoirienne vient de faire sa part de chemin en montrant la voie à suivre. Elle vient ainsi de donner des leçons de paix aux hommes politiques dont certains excellent dans des arguments qui volent au bas des pâquerettes, et susceptibles de replonger le pays dans le chaos. C’est le cas par exemple de Charles Konan Banny qui, de manière insidieuse, tente de remettre au goût du jour la question de la nationalité du président Alassane Ouattara. Il en a même fait un thème de campagne. Quand on sait que tous les malheurs de la Côte d’Ivoire sont venus de « l’ivoirité », on ne peut que demander aux uns et aux autres d’élever le niveau du débat, en évitant le recours systématique à des thèmes éculés. C’est pourquoi il faut rendre au passage un hommage appuyé à la presse ivoirienne qui, à l’orée de la campagne présidentielle, avait pris l’engagement de ne pas accompagner les hommes politiques dans la boue en relayant certaines insanités sonores, au risque de jeter de l’huile sur le feu. C’est dans la même dynamique que s’inscrivent ces jeunes Ivoiriens menés par Félix Ehui, pour qui « la Côte d’Ivoire doit sortir grandie de ces élections ». Ce n’est pas impossible. Pour autant, ces jeunes patriotes doivent savoir dire non à toute manipulation politique, d’où qu’elle vienne. Ainsi, ils pourront, même avec le peu de temps qui leur reste, toucher à la conscience de bien des jeunes Ivoiriens qui ne voudraient plus être instrumentalisés pour servir de sombres desseins politiques. Quant à la Commission électorale indépendante, elle doit mettre un point d’honneur à corriger toutes les anomalies que présente le fichier électoral afin de garantir un scrutin juste et équitable.
Boundi OUOBA