HomeA la uneLE CFOP A PROPOS DE LA GOUVERNANCE AU BURKINA : « Le gouvernement a décidé de légaliser le pillage de nos maigres ressources»

LE CFOP A PROPOS DE LA GOUVERNANCE AU BURKINA : « Le gouvernement a décidé de légaliser le pillage de nos maigres ressources»


Le Chef de file de l’opposition politique a animé une conférence de presse le 30 juin 2017, à son siège à Ouagadougou. Une rencontre qui, selon lui, vise à prendre l’opinion publique à témoin de l’aggravation du phénomène de la corruption au Burkina Faso, depuis l’arrivée du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) au pouvoir.

L’Opposition politique burkinabè, réunie au sein du Chef de file de l’opposition (CFOP), a, le 30 juin dernier, lors d’un point de presse, fustigé la gestion du pouvoir par le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés. Elle accuse le pouvoir d’avoir recours à des subterfuges pour « piller l’argent des Burkinabè ». « A la lumière de certaines pratiques du MPP et de ses alliés, on comprend vite que ces gens ne sont pas venus au pouvoir pour travailler, mais plutôt pour piller l’argent des Burkinabè, s’enrichir, enrichir les Hommes d’affaires qui leur sont proches et préparer leurs futures campagnes électorales », a, sans ambages, déclaré le Chef de file de l’opposition politique, Zéphirin Diabré, avant de dépeindre la situation. Il ne se passe pas un jour, s’est-il indigné, sans qu’on ne découvre un scandale financier. Le Chef de file de l’opposition en veut pour preuve des dénonciations de malversations financières faites par des syndicats et parues dans la presse. Et ce n’est pas tout. Se référant au compte-rendu du Conseil des ministres du 14 juin 2017, l’opposition a dénoncé l’attribution de certains marchés. Notamment, celui relatif à la poursuite des travaux de construction de l’Institut régional de l’administration (IRA) par entente directe. Une procédure qui a permis au gouvernement d’attribuer au Groupement SOSAF-SOGEDIM BTP, les travaux complémentaires de construction de deux salles de classe et de six toilettes pour un montant de 293 829 848 F CFA. Au compte du lot n°3, la même entreprise a bénéficié du marché pour la  construction de 5 salles de classes et de 5 toilettes. En clair, a fait savoir le CFOP, l’Etat va débourser plus de 562 millions de F CFA pour la construction de 7 salles de classes, soit 2 salles de 100 places, 5 salles de 50 places et 11 latrines. « Or, en moyenne, une école de trois classes avec bureau et latrines coûte autour de 30 millions de F CFA. Qui empoche donc la différence ? », s’est demandé Zéphirin Diabré. Et de poursuivre qu’en dépit de toutes ces incohérences, le gouvernement entend, par une loi, légaliser le pillage des ressources. « Le fait le plus grave c’est que le gouvernement a décidé de légaliser le pillage de nos maigres ressources », a-t-il dit. Cela, par la soumission à l’Assemblée nationale, d’un projet de loi portant allègement des conditions d’exécution des programmes et projets partenariat public-privé qui doit être voté aujourd’hui, 3 juillet à 16h. Ce projet de loi, pour l’Opposition, n’est rien d’autre qu’une manière de distribuer des marchés de plusieurs milliers de milliards de F CFA à des « copains », des « porte-noms » et « autres compagnons politiques ». Pourtant, foi du CFOP, cette loi qui contourne les règles de transparence contenues dans la loi portant régime juridique du partenariat public-privé, couvre 38 grands projets pour une valeur de 7 000 milliards de F CFA.

« La corruption inquiète fortement nos partenaires au développement »

Ces marchés qui seront passés de gré à gré, toujours selon le CFOP, concernent, entre autres, la construction et l’équipement de 240 CSPS et 11 CMA, la construction de 2 centrales thermiques et les travaux de construction de l’autoroute Ouagadougou-Bobo-Dioulasso. A ce propos, Léonce Koné dira que l’Opposition ne veut pas qu’on interdise systématiquement les marchés du gré à gré, mais qu’on respecte les modalités y afférentes. Dans le cas du gré à gré, il y a principalement l’urgence. Et Zéphirin Diabré de renchérir avec ces interrogations : « Où est l’urgence de l’autoroute Ouaga-Bobo ? Est-ce que si dans six mois l’autoroute n’est pas réalisée, on va mourir ? ». A l’entendre, ce n’est ni plus ni moins qu’une astuce pour le pouvoir de faire en sorte que des projets deviennent des vaches à lait pour s’enrichir. « Donc, si cette loi passe à l’Assemblée nationale le lundi, alors le pillage des ressources publiques sera consacré et légal », a-t-il soutenu. C’est pourquoi l’Opposition a invité ses députés à, d’ores et déjà, enclencher la résistance à l’hémicycle. Aussi, a-t-elle prévenu que si malgré sa mise en garde le MPP persiste dans sa démarche de « pillage » et « d’insouciance »  en votant la loi, l’Opposition invitera les Burkinabè à l’Assemblée nationale et dans la rue, car elle ne saurait tolérer qu’un tel acte soit cautionné par des élus du peuple. Elle a invité également le pouvoir à faire preuve de discernement et à s’engager pour une efficacité dans l’attribution des marchés publics. « L’écrasante majorité des entreprises qui gagnent les marchés sont soit des entreprises créées récemment, soit des entreprises dont les dirigeants sont des proches ou alliés politiques de ceux qui nous gouvernent », a encore fait remarquer Zéphirin Diabré. Une situation qui, selon lui, a pour principale conséquence la non-exécution ou la mauvaise exécution des marchés. Outre cet aspect, il y a, pour le CFOP, la politisation de l’Administration publique qui, en plus de favoriser la corruption, entache d’une manière ou d’une autre la collaboration avec les Partenaires techniques et financiers. « Cette montée en puissance de la corruption inquiète fortement nos partenaires au développement qui s’en sont ouverts à plusieurs responsables de l’Opposition. Les mêmes partenaires au développement se plaignent d’ailleurs qu’avec la politisation de l’Administration, celle-ci a perdu sa réactivité dans le traitement des dossiers de financement », a confié le CFOP. Au regard de toutes ces défaillances, l’Opposition a appelé l’ensemble des citoyens à prendre les choses en main.  « L’Opposition politique appelle de manière solennelle les Burkinabè à être prêts à sortir pour dire non au pillage des ressources par le MPP et ses alliés », a lancé le CFOP. Cela, a-t-il dit, pour obliger le MPP à revenir sur le chemin de la bonne gouvernance.

Adama SIGUE

 

 


Comments
  • Merci au CFOP d’alerter l’opinion publique sur ce qu’il est convenu d’appeler une dérive du MPP et de ses alliés de circonstances. En fait, le MPP est en train de préparer le hold-up des élections de 2020 comme l’a souligné le conférencier du jour.

    En effet, après avoir envoyé des ballons de sonde concernant la modification du code électoral et suite aux réactions énergiques des citoyens d’une part, et vu les sondages en leur défaveur au niveau de la diaspora, le MPP, dos au mur, s’est résolu à se faire une fortune pour les achats de conscience, seul gage pour lui afin de conserver le pouvoir en 2020. D’où cette idée “lumineuse” sortie de leur laboratoire pour que le gré à gré qui est une exception dans les passations de marchés publics devienne la règle. La loi étant votée, les marchés juteux seront attribués aux affidés du parti et les miettes à la “meute aigrie”.

    Mais, comme l’avait dit un ambassadeur français alors en poste à Ouagadougou, le Burkina est une savane et il faut éviter de se courber pour ne pas dévoiler “les bijoux de famille”.

    Alors, si le MPP croit que le vote de cette loi scélérate va lui ouvrir un boulevard pour 2020 c’est que ses têtes “pensantes” ont une courte vue de l’Histoire du pays des hommes intègres et se fourrent le doigt dans l’œil. La réaction du peuple, une fois de plus, sera à la hauteur de cette ième forfaiture et certains risquent, à l’instar de leur ancien mentor, BC, changer de nationalité bientôt.

    Wait and see!

    7 juillet 2017

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