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CHR DE TENKODOGO : L’opération « caisse vide » en marche depuis un mois


Le Centre hospitalier régional (CHR) de Tenkodogo fonctionne en “opération caisse vide” depuis le mercredi 18 mai 2016 et ce jusqu’à nouvel ordre. Ainsi en ont décidé les agents de cette structure sanitaire, sous la houlette du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), section du Boulgou. L’opération va être renforcée par un sit-in, du 13 au 18 juin 2016, de 7 heures à 10 heures. A quand le bout du tunnel dans ce bras de fer entre l’administration et les travailleurs du CHR ?

 

Les usagers du Centre hospitalier régional (CHR) de Tenkodogo auront remarqué que depuis la date 18 mai 2016, les actes des services de cet hôpital ne sont plus facturés. Il n’est plus besoin de passer à la caisse avant de faire un examen, de se faire consulter ou pour tout autre acte. « On soigne les patients, la consultation est gratuite. Les examens de laboratoire, les interventions et tout ce qui est acte médical se font gratuitement. Ce qui est payant, ce sont les produits pharmaceutiques », nous a précisé Mathias Guitanga, Secrétaire général (SG) du SYNTSHA/Boulgou. Pour en arriver là, explique-t-il, c’est las d’attendre la satisfaction de leur plateforme revendicative et ce, après la grève des 5 et 6 avril 2016, que le syndicat a décidé de passer à la vitesse supérieure. Il soutient que depuis cette date, aucun protocole n’a été signé et aucun point de la plateforme revendicative n’a été satisfait. Et ce n’est pas faute d’avoir entrepris d’autres actions dans ce sens. Un préavis de grève de 72 heures pour les 26, 27 et 28 avril 2016 avait été déposé, mais il a été suspendu pour permettre aux intermédiaires dont Naaba Guiguem-pollé, roi de Tenkodogo, de résoudre le problème. Mais rien n’y fit, a martelé le SG. Il déclare qu’il y a eu également des rencontres et le secrétaire général du ministère de la Santé a participé à l’une d’elles. Mais contre toute attente, le protocole d’accord auquel le syndicat s’attendait, n’a pas été signé. Deux semaines plus tard, les responsables syndicaux ont dit s’être rendus chez sa Majesté pour échanger avec lui sur la situation. Là, ils ont eu l’assurance que les autorités ont été touchées et qu’elles ont promis de se pencher sur le problème de l’hôpital de Tenkodogo. Encore deux semaines plus tard, c’est le statu quo. D’où la colère des hommes en blouses blanches qui ont initié “l’opération caisse vide”.

 

Le renouvellement du contrat du DG remis en cause

 

Selon le syndicat, depuis le déclenchement de la crise jusqu’à ce jour, les conditions de travail au CHR de Tenkodogo ne se sont pas améliorées. Il manque toujours du matériel de travail y compris les gants, sans oublier les ruptures fréquentes en imagerie et au laboratoire. Les patients observent toujours un long temps d’attente en pharmacie, pouvant aller jusqu’à 2 heures, pour se faire servir.

En ce qui concerne le point de revendication portant sur la gestion des recettes du CHR, le SYNTSHA reconnaît qu’avec l’inspection des services, les choses sont en train de rentrer dans l’ordre. L’agent-comptable a d’ailleurs été relevé de ses fonctions en Conseil des ministres. Cela n’est pas suffisant car les malversations financières ont été observées sous la direction d’un premier responsable qu’est le DG du CHR. « Du moment où l’agent-comptable a été remplacé, n’y a-t-il pas lieu de réclamer le départ du DG ? », s’interroge le SG. Pour lui, la question reste d’actualité car, il n’y a pas de raison qu’on enlève l’un et qu’on laisse l’autre. D’ailleurs, poursuit-il, on ne devrait pas renouveler son contrat qui est arrivé à son terme depuis le 18 février 2016, compte tenu de tout ce qui lui a été reproché durant son premier mandat de trois ans. En définitive, le syndicat estime que si les malversations sont avérées, il n’y a pas de raison que l’on puisse renouveler son contrat. « Si on l’a interpellé depuis 2013 et que c’est en 2016 qu’il prend sa responsabilité d’écrire au Trésor pour dire qu’il n’a plus confiance en la personne, c’est qu’il a été complice à un certain moment », a conclu le SG Mathias Guitanga.

 

Y aura-t-il sortie de crise ?

 

Dr Romuald Sawadogo, Directeur régional de la santé et Président du conseil d’administration (PCA) du CHR reconnaît qu’il y a eu plusieurs rencontres entre le Conseil d’administration et les partenaires sociaux. La troisième, dit-il, s’est même déroulée en présence du SG du ministère de la Santé. Il ajoute qu’au cours de la deuxième rencontre, un rapport a été produit mais n’a pas été finalisé. Les syndicats n’avaient pas participé aux travaux de finalisation parce que, certainement, ils ont trouvé que certains points ne leur convenaient pas. Relativement à la satisfaction des points de la plateforme revendicative, le PCA dit avoir proposé des solutions.  « J’ai envoyé 11 agents au CHR. Le ministère vient d’envoyer un gynécologue et j’ai discuté avec la hiérarchie qui promet que d’ici là, on aura deux médecins spécialistes qui vont venir s’ajouter », a tenu à préciser Dr Romuald Sawadogo. Pour lui, un effort va être fait pour les réactifs car, entre les besoins de 2015 et de 2016, il y a eu une augmentation de 7% sur fonds propres du CHR, du montant qui est destiné à cela. Il relève en passant, que l’agent-comptable a été remplacé et que la reconduction du DG a été faite suite à une évaluation. Ne pas vouloir le renouvellement du contrat ou du recrutement, « ce sont des conditions qui dépassent le conseil d’administration », a soutenu le PCA. Il argumente d’ailleurs que le recrutement des DG obéit à une politique nationale qui est appliquée depuis près d’une dizaine d’années et par conséquent, le CHR de Tenkodogo ne peut pas déroger à cette règle. 

En attendant la résolution du problème, un sit-in est effectivement observé en plus de l’opération caisse vide, du 13 au 18 juin 2016 inclus, de 7 heures à 10 heures. Mais, les deux parties soutiennent que le dialogue est toujours maintenu et les prochaines rencontres permettront certainement de trouver des solutions.

 

Mahamadi NONKANE

(Correspondant)

 

 

 

 

 


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