HomeA la uneCHRYSOGONE ZOUGMORE, 1er VICE-PRESIDENT DE LA CCVC : « La priorité, ce ne sont pas les élections, c’est la vérité et la justice »

CHRYSOGONE ZOUGMORE, 1er VICE-PRESIDENT DE LA CCVC : « La priorité, ce ne sont pas les élections, c’est la vérité et la justice »


La Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC) a animé une conférence de presse le 13 octobre 2015, à Ouagadougou. A l’occasion de cette rencontre avec les Hommes de médias, la coalition a donné sa lecture sur les évolutions relatives au putsch manqué de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). La question des élections et celle relative à la justice ont été également abordées par les membres de la coalition.

 

Le 9 octobre 2015, la Nation entière rendait hommage aux martyrs du putsch manqué de l’ex-RSP. D’ailleurs, c’est cette date que la CCVC avait choisie pour rencontrer les Hommes de médias afin de se prononcer sur les récents évènements qui ont marqué le Burkina. Mais, compte tenu de l’hommage aux martyrs et de leur inhumation, cette conférence de presse a été finalement tenue le 13 octobre dernier, soit 4 jours après l’inhumation des martyrs. Pour ces martyrs du putsch du 16 septembre 2015, et ceux de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, y compris tous les crimes de sang et crimes économiques, la CCVC a demandé vérité et justice. La manifestation de la vérité et l’administration de la justice sont pour la CCVC les priorités du moment. « La priorité, ce ne sont pas les élections, c’est la vérité et la justice », a martelé Chrysogone Zougmoré, 1er vice-président de la CCVC, lors de la conférence de presse. Pour lui, ce qui s’est passé le 16 septembre est du flagrant délit. « Pourquoi donc mettre en place une commission d’enquête pour gérer ce dossier alors que les fonds alloués à cette commission auraient pu servir à la Justice pour refaire un travail technique et méthodique afin d’aboutir à des interpellations, des inculpations et éventuellement, à des condamnations ? », s’est-il interrogé. Qu’à cela ne tienne, selon la coalition, il ne serait pas indiqué de faire l’impasse sur l’éclatement de la vérité, l’établissement de la justice et oublier ce qui préoccupe réellement les populations. Cette justice, pour la CCVC, doit être aussi large que possible et concerner tous les dossiers pendants.

« L’attitude des OSC putschistes est à dénoncer et à condamner »

« Ce qui veut dire qu’il faut se donner le courage d’aller jusqu’au bout des investigations et de répondre aux attentes des populations. Le slogan de la Transition étant « Plus rien ne sera comme avant », il faudra qu’il en soit ainsi dans la pratique », a souhaité Chrysogone Zougmoré. Il ne faut pas, a-t-il poursuivi, qu’il y ait de demi-mesure parce que telle ou telle personne est proche d’un responsable de la Transition. Et d’ajouter que les autorités gagneraient à faire en sorte que tous les dossiers de crimes économiques et de crimes de sang impunis, quels que soient les concernés, aujourd’hui comme dans le passé, puissent être entendus et jugés. « Mais nous avons l’impression qu’il y a du deux poids deux mesures. Après le putsch manqué du 16 septembre, un homme politique a dit ceci : « En octobre, nous avons arraché  les feuilles de l’arbre du régime Compaoré. En septembre, nous en avons arraché les racines », alors que lui-même fait partie des racines du régime Compaoré », souligne le 1er vice-président de la CCVC. Afin d’être assez objectives, a-t-il estimé, les investigations, les enquêtes, doivent être les plus larges et les plus ouvertes possibles. « Personne ne doit échapper aux mailles des filets. Il y a plein d’autres dossiers de crimes de sang et de crimes économiques qui restent toujours pendants et que nous avons enregistrés pendant que certains étaient toujours avec Blaise Compaoré. La Justice devrait également s’intéresser à ces dossiers afin d’établir les complicités ou la responsabilité de certaines personnes qui prétendent nous diriger aujourd’hui », a relevé Chrysogone Zougmoré. Outre les aspects de la justice, la CCVC a aussi lancé un appel à la population afin que celle-ci reste mobilisée car, selon elle, la lutte n’est pas terminée. « Nous avons gagné une victoire d’étape, mais nous ne devons pas nous endormir sur nos lauriers. Nous devons donc rester toujours mobilisés car la lutte n’est pas terminée et la situation n’est pas tout à fait stable en témoignent les récentes attaques djihadistes », a prévenu Chysogone Zougmoré. La coalition a aussi saisi l’occasion pour dénoncer la gestion du pouvoir par les militaires depuis le soulèvement populaire de 1966. Car, pour elle, la réalité du pouvoir, bien que le président soit un civil, est restée entre les mains des militaires qui faisaient ce qu’ils voulaient et suspendaient même des Conseils de ministres. Une situation que la CCVC dit avoir décriée aux lendemains de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2015. « Depuis 1966, nous avons connu un régime militaire et jusqu’à l’heure où je vous parle, les militaires n’ont pas quitté le pouvoir. C’est pourquoi nous avons déploré le fait que certaines OSC, dont les leaders n’étaient pas nés en 1966, se sont permis les 30 et 31 octobre, de venir encore crier : « L’armée au pouvoir ! ». L’attitude des OSC putschistes est donc à dénoncer et à condamner », a conclu le 1er vice-président de la CCVC.

Adama SIGUE

 


Comments
  • Cette affaire de “armée au pouvoir” a été vraiment la dérive de ceux qui n’ont pas suffisamment bavé des régimes militaires au pouvoir. Mais le vin est tiré il faut le boire. On fait avec et on avance dans le but de ramener les militaires à la caserne, au finish. Et quand vous dites la lutte n’est pas encore terminé, là aussi c’est vrai. NOUS NE SOMMES QU’AU DEPART.

    14 octobre 2015

Leave A Comment