HomeOmbre et lumièreCIMETIERE DE GOUNGHIN : Valère Somé conduit à sa dernière demeure

CIMETIERE DE GOUNGHIN : Valère Somé conduit à sa dernière demeure


Le 30 mai 2017, le Dr Valère Dieudonné Somé tirait sa révérence à Metz, en France, à l’âge de 67 ans. Après un vibrant hommage, c’est dans la matinée du 5 juin 2017 que l’homme a été conduit à sa dernière demeure, à Ouagadougou, au cimetière de Gounghin. Il laisse derrière lui une épouse, trois enfants et une famille politique inconsolables.

 

Ils étaient des centaines les parents, amis et camarades de lutte qui ont effectué le déplacement du cimetière de Gounghin, le 5 juin dernier, pour rendre un dernier hommage au Dr Valère Dieudonné Somé et l’accompagner à sa dernière demeure. Et ce, dans la tristesse, le désarroi et la consternation.  Consternés, parce que Valère Somé, selon ses compagnons, n’a rien laissé transparaître et n’a manifesté aucun signe d’inquiétude jusqu’à son départ. Tout allait bien et la nouvelle de son décès, ont-ils dit lors de l’oraison funèbre, est apparue comme une rumeur macabre dont la confirmation les a laissés stoïques et s’en sont suivies des larmes. Mais ces larmes, foi de Ernest Compaoré, Secrétaire exécutif national de la Convergence pour la démocratie sociale (CDS), ne couleront pas pendant longtemps. Car, a-t-il dit, ce qu’il y a de mieux à faire, ce n’est pas de se désoler, mais d’incarner les valeurs qui ont caractérisé l’homme et de mieux porter et valoriser le lourd héritage qu’il laisse derrière lui. « Nous, tes disciples que tu as toujours traités en camarades, voulons être des dépositaires de ton lourd héritage », a-t-il dit. Héritage qui, d’après les témoignages, est caractérisé par des valeurs intrinsèques. A les entendre, Valère, comme son nom l’indique, incarnait plusieurs valeurs. Comme pour dire Valère le « Valeureux » dont l’ « Abnégation » au travail, la « Loyauté » envers ses proches aura marqué les « Esprits ». Son « Refus », entre autres, de courber l’échine, de la compromission et de la paresse ont fini par « Edifier » une personnalité respectable et respectée. Valère Somé aura donc, atteint le « Sommet » de sa vie, une vie bien accomplie, selon ses compagnons de lutte.  « Ton dernier combat a été celui de la réconciliation nationale. Là aussi, tu nous as montré la voie, car tu savais demander pardon quand tu t’étais trompé », a confessé Ernest Compaoré. Pour Omar Mariko, président du  parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) du Mali, c’est un grand homme que le l’Afrique pleure. « Mais qu’est-ce que nous pouvons faire d’autre que de vivre avec les souvenirs des grands débats ? », s’est-il résigné avant de poursuivre : « C’est une bibliothèque africaine qui vient de tomber. Mais elle n’a pas brûlé. Cet arbre tombé, va donner des bourgeons. La rivière Valère continuera à couler vers des eaux plus grandes. Nous sommes amputés, mais nous saurons régénérer ». La jeunesse, selon les anciens collègues du disparu, assurera la relève. D’ailleurs, ont-il indiqué dans leur dernier message au disparu, de son vivant, Valère Somé n’a pas été égoïste. « Tu as toujours été disponible à partager tes compétences et à aider la jeunesse », ont-ils révélé. Toute chose qui a fait dire au ministre en charge de l’enseignement supérieur, représentant du gouvernement, Alkassoum Maïga, que le Burkina vit un jour terrible avec le départ d’un homme exceptionnel : Valère Somé. « Valère Somé a été un grand animateur de la vie politique au Burkina Faso. C’est aussi un homme pétri de talent scientifique. Le Burkina a perdu un éducateur », a-t-il lancé. Mais, comme le dit l’adage, « Dieu a donné, Dieu a repris » et que dire d’autre si ce n’est paraphraser Omar Mariko pour dire «  Valère, à plus tard ».

 

Adama SIGUE

 

 

 

Des hommes politiques et des camarades de lutte parlent de l’homme

 

Fidèle Toé, membre du CNR, compagnon de lutte du disparu

 

Parlant de Valère Somé, je ne saurai être exhaustif sur le parcours de l’homme. Ce que je peux dire, c’est que c’est un grand homme qui vient d’entrer dans l’histoire du pays. Cette histoire, il a contribué à l’écrire. Jeune, il était engagé dans les mouvements progressistes en créant un parti politique, l’Union des luttes communistes et plus tard l’Union des luttes communistes-Reconstruit (ULC-R). Avec certains officiers, l’on a pu mettre au point des stratégies pour l’aboutissement du processus révolutionnaire du 4 août 1983. C’est pour dire que ce n’était pas juste un simple coup d’Etat, car beaucoup de civils dont Valère Somé, y ont contribué. Il y a également contribué à travers l’élaboration du Discours d’orientation politique (DOP). Document d’ailleurs qui, jusqu’à nos jours, est toujours d’actualité. A la chute du CNR, le 15 octobre 1987, il a choisi le chemin de l’exil et s’est retrouvé au Congo Brazzaville. Dans les années 88 et 89, on s’est retrouvé ensemble au Congo et je me souviens que lorsque nous nous voyions, il ne cessait de parler de la réconciliation nationale. Une réconciliation sur la base de la vérité et de la justice. C’est ce sur quoi il s’est toujours fondé, jusqu’aux dernières heures de sa vie. Je garde de lui l’image d’un patriote engagé, sincère et franc. Sa disparition est une grande perte pour le Burkina, pour l’Afrique et pour l’humanité. »

 

Me Bénéwendé Sankara, 1er vice-président de l’Assemblée nationale

 

« Valère Somé est un homme extrêmement humaniste et je pense que tous ceux qui l’ont connu, le diront. C’est aussi un homme qui a voulu immortaliser ses idées. L’un de ses derniers combats a été de créer une maison d’édition. Je pense qu’en tant que chercheur, homme politique et enseignant, il laisse à la postérité des armes et des outils, et c’est à nous de savoir les utiliser. »

 

Zéphirin Diabré, Chef de file de l’opposition politique (CFOP)

 

« C’est une perte immense pour le Burkina, mais c’est la volonté de Dieu. A travers son parti, c’est un militant de l’Opposition autour du chef de file de l’Opposition. C’est aussi une perte pour l’Opposition parce que juste quelques semaines après avoir adhéré au CFOP, il s’en est allé. Nous n’avons pas eu le privilège de bénéficier de son expérience, de son savoir-faire, notamment tactique et stratégique qui lui est connu. Nous souhaitons que Dieu veille sur sa famille, ses enfants, et que la terre lui soit légère. »

 

Propos recueillis par A.S


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