HomeOmbre et lumièreCLASSEMENT CORRUPTION 2016 : La Police municipale détrône la douane et les marchés publics

CLASSEMENT CORRUPTION 2016 : La Police municipale détrône la douane et les marchés publics


Le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC) a rendu public son rapport 2016. Le sondage 2016 a concerné 2 000 personnes et a été réalisé dans les 13 chefs-lieux de régions auxquels il faut ajouter la ville de Pouytenga. Le constat fait par le REN-LAC, c’est que la corruption demeure un fléau toujours actuel, malgré la loi anti-corruption votée en 2015 par le Conseil national de transition. La présentation dudit rapport a connu la présence de divers acteurs engagés dans la lutte contre cette pratique décriée. C’était le vendredi 30 juin 2017, au Palais de la culture Jean-Pierre Guingané.

 

La corruption a  connu une baisse au Burkina Faso. C’est le constat fait par le rapport 2016 du REN-LAC sur l’état de la corruption. En effet, 51% des enquêtés estiment que la corruption a régressé au pays des Hommes intègres. Cette proportion était de 47,7% en 2015. Une telle conclusion, a noté le REN-LAC, rejoint celle de Transparency International qui attribue en 2016 une note de 42/100 au Burkina qui occupe la 72e place mondiale sur 176 pays. Malgré ces chiffres, le rapport révèle également que ce fléau qu’est la corruption, entretient les habitudes de nombre de citoyens.  Il a donc procédé au classement des mauvais élèves en matière de bonnes pratiques. Et le moins que l’on puisse dire,  c’est que la hiérarchie a été légèrement bousculée en 2016. Le classement est le suivant : 1ère  : Police nationale ; 2: les Marchés publics ; 3: la Douane ; 4: La Gendarmerie nationale ; 5: l’Enseignement secondaire. Il faut souligner que la Gendarmerie nationale est montée en force en 2016, car elle était toujours au-delà de la 8e place depuis 2008. La Police nationale          a également fait un bond en avant en fait de pratiques de corruption. Elle occupe le 9e rang en 2016, alors qu’elle avait réussi à se hisser à la 11e place en 2015. Le Dr Claude Wetta justifie le rang de la Police et de la Gendarmerie nationales par le déploiement du dispositif de contrôle et de sécurité sur toute l’étendue du territoire, suite aux attaques terroristes du 15 janvier 2016. Ce qui a accru les opportunités de rackets sur les axes routiers, dénoncés publiquement par ailleurs par les transporteurs routiers, a-t-il indiqué. Les marchés publics restent dans le collimateur du REN-LAC, comme l’un des services les plus corrompus. « Chose corroborée par les récentes affaires révélées dans la presse », selon le rapport. Pour lui, ce qui apparaît inquiétant, c’est que le gouvernement ne semble pas avoir pris la mesure des risques, avec l’allègement des conditions de recours aux procédures d’entente directe dans la passation des marchés. Un autre service dont le rang a retenu l’attention du REN-LAC, c’est celui de la DGTTM. Ce service a amélioré son score en passant du 4e rang en 2015 au 8e en 2016.

L’autre note positive du rapport de 2016 est le fait que 81% des personnes enquêtées croient en la possibilité de réduire la fréquence du fléau de la corruption. « Pour peu que les gouvernants fassent preuve de volonté politique sincère et que des sanctions exemplaires et dissuasives soient infligées aux auteurs d’actes de corruption », insiste le Dr Wetta.  

Du côté de l’arsenal de la lutte, le REN-LAC note quelques efforts consentis par le gouvernement et le Parlement, avec l’adoption de quelques textes de prévention et de répression de la corruption. Cet arsenal contraste malheureusement, comme l’a reconnu le secrétaire exécutif du REN-LAC, avec les cas répétés de violations de la loi anti-corruption au sommet de l’Etat et aux scandales de mal gouvernance qui ont éclaboussé aussi bien l’Exécutif, le Législatif que le Judiciaire. Il en veut pour preuve les rapports des structures comme la Cour des comptes et l’ASCE-LC. Ces malversations, estimées à près de 20 milliards de F CFA, « n’ont pas suscité au niveau des autorités des réactions appropriées, ce qui montre l’absence de volonté politique et de détermination des gouvernants à assainir la gestion de la chose publique. A l’endroit du gouvernement, le REN-LAC recommande de donner un contenu à « la tolérance zéro » de la corruption. Pour ce faire, le réseau prône la réhabilitation de l’intégrité comme valeur cardinale de la gestion publique, la traque des biens mal acquis pour décourager les prédateurs. Il recommande, en outre, la promotion d’une culture de la reddition des comptes dans la gestion quotidienne des affaires de l’Etat et de ses démembrements.

Relativement aux acteurs non étatiques de lutte contre la corruption que sont la société civile et les médias, le REN-LAC souligne certains résultats obtenus. « Ils ont contraint le gouvernement et le Parlement à revoir leur copie, notamment dans la gestion du scandale des tablettes offertes aux députés et aux membres du gouvernement », note le rapport. Désormais, en ce qui concerne ces acteurs, l’accent devra être mis, estime le REN-LAC, d’une part sur l’information et la formation, et d’autre part sur le contrôle, la dénonciation et l’interpellation.   

La présentation du rapport a été précédée de la proclamation et de la remise des prix du jeu concours Kouka organisé dans les établissements primaires et secondaires des 45 provinces du Burkina. En effet, depuis 2000, le REN-LAC essaie, à travers la bande dessinée Kouka, de contribuer à l’éveil des consciences et à l’éducation des plus jeunes contre la corruption. Cette édition du jeu a mis sous le feu des projecteurs la pratique des cadeaux « qui, par son ampleur, pourrit la vie de nos services publics », a relevé le Dr Claude Wetta.

La participation au jeu Kouka 2017, selon le jury, a connu un tassement et un repli significatifs, car de 2 871 réponses enregistrées en 2015, cette participation est passé à 2 047. Qu’à cela ne tienne, c’est Somfida T. Innes Kawassé de la région de l’Est et Jessica Marie Rose Kando du Centre-Ouest qui sont respectivement les lauréats du primaire et du secondaire de l’édition de 2017. Chaque lauréat a eu un prix de 160 000 F CFA, une bourse d’études d’une valeur de 100 000 F CFA, un vélo et des gadgets.

 

 

 

Classement général

 

1ère  : Police municipale

2e  : Marchés publics

3e   : Douane

4e : Gendarmerie

5e  : Enseignement secondaire

6e  : Justice

7e  : Impôts

8e  : DGTTM

9e  : Police nationale

10e  : Enseignement primaire

11e  : Trésor

12e  : Santé

13e  : Mairie

14e  : SONABEL

15e  : ONEA

16e  : CNSS

17e  : CARFO

 

Ousmane TIENDREBEOGO (Collaborateur)

 

 


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