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CNRST : Des chercheurs dénoncent des « injustices criardes »


 

 

Dans la présente lettre ouverte adressée au Premier ministre Paul Kaba Thiéba, les chercheurs du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), organisés au sein de la F-SYNTER, dénoncent « des injustices criardes » à leur égard. Ils en appellent à un « dialogue franc », pour que soient prises en compte leurs préoccupations. Lisez plutôt !

 

Excellence Monsieur le Premier  Ministre,

 

Les chercheurs (Ingénieurs, Attachés,  Chargés, Maîtres  et Directeurs de  recherche)  du Centre  national  de la recherche scientifique et technologique (CNRST), organisés  au sein de la F-SYNTER, se sont réunis en Assemblée générale  (AG) le mardi 26 septembre 2017,  pour  apprécier   le  point  des  échanges  que  le  bureau  du  syndicat a  eus  avec  la délégation  du Ministère de 1’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique  et de l’innovation (MESRSI), le jeudi 21 septembre  autour de leur plateforme revendicative minimale.   Au   regard   des  réponses   qui  ont  été  apportées  à  nos  justes   et  légitimes revendications et surtout  de ce qui apparaît  comme  une volonté  affichée  de remettre  en cause nos acquis, l’AG  a instruit  le bureau du syndicat  de vous adresser  la lettre ouverte suivante afin de vous interpeller  sur la situation d’injustice et de brimades  que vivent les travailleurs  de la Recherche.

 

Excellence  Monsieur le Premier  Ministre,

 

Nos revendications (voir plateforme jointe en annexe)  portent essentiellement sur la mise en œuvre  des accords  conclus entre  les syndicats  de  l’Enseignement supérieur  et de la recherche  et le gouvernement ou entre notre syndicat  et notre ministère de tutelle.

Ainsi, il est incompréhensible et inacceptable  que 10 mois après l’entrée en vigueur  des mesures de revalorisation salariale  et indemnitaire,  environ  400 chercheurs (392 selon le décompte du CNRST  à la date du 21 septembre) dont les salaires  ne sont pas domiciliés  à la solde  du  CNRST  n’aient  pas  encore  bénéficié  de ces  mesures.  C’est   d ‘autant  plus inacceptable  que l’incidence financière  de ces mesures avait déjà été évaluée  en 2016. En outre,  selon  les explications du MESRSI  et au rythme  auquel  les dossiers  sont traités,  il faudrait attendre encore six mois au moins avant de voir tous les chercheurs bénéficier seulement  des revalorisations indemnitaires. Pour ce qui est de la revalorisation du salaire indiciaire, nul ne saurait  dire quand cela serait effectif.

 

Excellence Monsieur  le Premier Ministre,

 

Cette  cacophonie avec  laquelle  l’administration (MESRSI, Fonction   publique,  Solde, etc.)  traite  la mise en œuvre des mesures  de revalorisation salariale  et indemnitaire n’est pas  un  fait  isolé.  Elle  s’inscrit dans  le cadre  global  d’un  ensemble de  mesures  et  de comportements hostiles  de l’administration vis-à-vis du  monde  de  la recherche. A titre d’exemple,  depuis  avril  2016,  sous  des  prétextes  fallacieux, le  MESRSI,  à travers  la Direction  des ressources humaines  (DRH)  du MESRSI,   en complicité avec la DCMEF du CNRST,  a fait suspendre toutes  les nominations  aux postes d’Ingénieurs et d’Attachés de  Recherche  au  sein  du  CNRST.  Elle  justifiait  alors  cela  par  le  fait  que  la loi  025- 2010/AN   du   18  mai   2010   portant   régime   juridique    applicable  aux   emplois   des enseignants-chercheurs, des enseignants hospitalo-universitaires et chercheurs au Burkina Faso était en cours de relecture.  Mais, depuis que le nouveau  décret (décret  2016-1288)  a été adopté  le 30 décembre 2016, elle prétend maintenant  que ce dernier  ne précise pas les conditions de nominations. Mais on peut se demander  si avant  l’adoption de ce décret, il n’existait pas des conditions de nominations. De notre point vue,  la réponse  est négative, étant  entendu  que  le décret  2011-033  organisant  les emplois  des enseignants-chercheurs et des  chercheurs, en son  article  64, précise clairement  les conditions de nomination  des agents  de la Fonction  publique. De même, pour les contractuels permanents du CNRST, l’arrêté conjoint   2014-082  portant   sur  les  Textes  organisant  les  emplois   spécifiques (TOES)  du CNRST,  dans  ses articles  251 à 258, mentionne  aisément les conditions  de nomination  des agents.  Du reste, les nominations  se sont poursuivies dans les Universités alors que la DRH les bloquait au CNRST. Pourtant,  les deux structures relèvent du même ministère,  ont  le même  statut  et sont régies par  les mêmes  textes.  Ceci n’est malheureusement pas le seul « deux poids, deux mesures » que l’Administration fait subir aux  travailleurs de la recherche. Pendant  que le MESRSI  refuse  désormais toute mise à disposition de méd.ecins  et pharmaciens de la Fonction  publique  au profit de l’Institut de recherche  en   sciences   de  la  santé   (IRSS),   elle  a  signé,   courant   mars  2017,   une autorisation    de   mise   à  disposition  de  médecins   et   de  pharmaciens  au   profit  des Universités.

Excellence Monsieur le Premier  Ministre,

 

A  ces  préoccupations s’ajoute  une  interprétation   inqualifiable et  hallucinante dont  le MESRSI  fait de l’article  153 de la loi 036-2016 du 24 novembre  2016 afin de justifier  le refus d’intégrer dans la Fonction  publique, les chercheurs permanents du CNRST promus au   Conseil   Africain   et  Malgache  pour l’Enseignement  Supérieur  et   la  Recherche (CAMES). Pourtant,  sur  cette  question,  votre  gouvernement s’était  fermement  engagé auprès  des  partenaires  sociaux  à  la résoudre  définitivement. C’est  d’ailleurs en collaboration avec les services  techniques compétents des différents ministères concernés que cet article  153 avait été rédigé pour éviter toute ambiguïté.

Outre  cela,  il faut  noter  le cas  des  médecins,  pharmaciens et  chirurgiens-dentistes  du CNRST qui se sont vu jusqu’aujourd’hui refuser le bénéfice des deux  échelons de bonification   accordés,   à  l’intégration, à  l’instar  de  leurs  collègues du  ministère  de  la Santé ou encore  se voient  aujourd’hui refuser  leur reversement  en catégorie P comme  le stipule  la loi 081.

En ce qui concerne  la formation  des jeunes chercheurs,  rien n’est  entrepris pour favoriser leur prise en charge. Ce qui semble préoccuper l’Administration, se résume  à la question de  leur  mise  en  position  de  stage  afin  de  procéder  aux  coupures  des  indemnités  sans aucune  compensation financière.

Excellence Monsieur  le Premier  Ministre,

 

Un véritable sentiment de colère  anime aujourd’hui les chercheurs face  à ce qui apparaît au mieux comme  du mépris de l’administration  vis-à-vis  de leurs conditions de travail et de leurs carrières.  Cette situation  n’est  guère propice  au développement d’une  recherche de qualité,   incontournable au  développement de  notre  pays et  est  aux  antipodes de  la promotion  des ressources humaines  tant vantée  par votre gouvernement. C’est pourquoi nous venons  par la présente,  vous interpeller  sur la situation  difficile en vue de la prise de dispositions appropriées pour  une  correction  juste  et  diligente  de  toutes  ces  injustices infligées  au monde  de la recherche.  Tout  en réaffirmant  notre disposition à trouver des solutions  à nos préoccupations dans un dialogue franc, nous vous assurons de notre ferme engagement à nous dresser  contre  toutes  les injustices  et toute remise en cause des acquis des travailleurs.

Veuillez  croire,  Excellence Monsieur  le Premier  Ministre, à l expression  de notre haute considération.

 

Ouagadougou, le 7 novembre  2017

 

Pour la Coordination de la Recherche

 

Séni KOUANDA,

Secrétaire général

 

 


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