HomeA la uneCOMMUNAUTE MUSULMANE DU BURKINA

COMMUNAUTE MUSULMANE DU BURKINA


L’autorité semble décidée à résoudre à sa manière, la crise qui secoue la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF) et ce, à travers l’installation du président du futur bureau de la transition qui sera dirigée par Oumarou Kouanda. Ce dernier, installé en son absence et sous haute surveillance policière, devra, dans les jours à venir, selon la correspondance du ministre en charge des cultes à lui adressée en date du 11 avril 2021, organiser un congrès unitaire.

 

Dans la matinée du 17 avril dernier, des jeunes musulmans se réclamant partisans du président sortant, Abdoul Rasmané Sana, étaient à couteaux tirés avec les forces de l’ordre venues assurer la sécurité de la cérémonie d’installation du président de la Transition de la Communauté musulmane du Burkina Faso, (CMBF) en la personne de Oumarou Kouanda. Celui-ci avait été élu à l’issue du «  congrès de Bobo-Dioulasso », avec le soutien du camp Mahamoudou Bandé. Nous avons pu échanger avec une source proche du ministère de l’Administration territoriale sur cette crise qui secoue cette association mère des structures  islamiques au Burkina. Ce, depuis maintenant plus de 2 ans. Les deux camps, aujourd’hui opposés et malgré les appels au dialogue, n’étaient pas pour autant des ennemis à l’issue du congrès de Fada N’Gourma tenu en 2015. Bien au contraire, le camp d’Abdoul Rasmané Sana et celui de Mahamoudou Bandé filaient le parfait amour. Comment, depuis la volonté de résolution pacifique de la crise, en est-on arrivé à éviter le pire à la grande mosquée  de Ouagadougou le 17 avril dernier ? Quel rôle l’autorité en charge des cultes (MATDSC) a-t-elle joué dans l’organisation de cette cérémonie d’installation du président de la Transition ?

 

« C’est la procédure en la matière qui a manqué »

 

Après les deux lettres en mars 2021, adressées aux deux camps dans la crise qui secoue la Communauté musulmane du Burkina Faso afin de les appeler à la retenue, Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale, a adressé, à la date du 11 avril 2021, une autre correspondance au sieur Oumarou Kouanda. Cette correspondance avait pour objet, je cite : « Mise en œuvre de mesures conservatoires dans le cadre du règlement de la crise au sein de la Communauté musulmane du Burkina Faso ». Cette lettre dont ampliation a été faite au président du Faso, au Premier ministre, au Médiateur du Faso, à la FAIB et au président du bureau sortant de la CMBF, rappelle quelques « traits saillants » dont le département du ministre Clément Sawadogo dit avoir été témoin. (Voir encadré: la lettre intégrale du ministre Clément Sawadogo). Qu’est-ce qui pourrait donc expliquer cette décision du ministère en charge des cultes, de «  donner l’autorisation à l’équipe issue du congrès de Bobo-Dioulasso pour organiser un congrès unitaire ?» Selon une source proche du MATDCS, pour avoir réussi à réunir une trentaine de sections provinciales sur la quarantaine que compte la CMBF au « congrès de Bobo-Dioulasso », l’on peut dire que le camp de Oumarou Kouanda «  avait la légitimité. Mais, c’est la procédure en la matière qui a manqué. Notamment, le président sortant n’a pas été associé à l’organisation du congrès de Bobo-Dioulasso ». Une situation qui avait convaincu l’ex-ministre Siméon Sawadogo, de ne pas leur délivrer un autre récépissé, surtout que ceux-ci avaient évoqué la mise en place d’une transition. Notre interlocuteur a affirmé que sur le plan administratif, cette installation de Oumarou Kouanda peut s’expliquer. Il n’en dira pas plus. Car, celui-ci se dit mal à l’aise et le dossier serait trop sensible. Que s’est-il donc passé entre- temps pour que le ministère en charge des cultes, favorise l’installation d’un président issu d’un congrès qui, jusque-là, n’était pas reconnu par l’Administration territoriale ? Cette décision du ministre Clément Sawadogo d’autoriser cette cérémonie d’installation du président de la transition qui aura, entre autres, comme missions « de mettre en place un organe de direction hautement représentatif », est pour «  dénouer la crise qui perdurait dans une structure comme la CMBF qui n’est pas des moindres ». A la question de savoir si cette décision de l’autorité atteindra  les résultats escomptés, notre source s’est voulue prudente : « Nous attendrons de voir l’évolution des choses afin de savoir si les choses seront inclusives ».

 

Banchandi

 

 

 

 

La correspondance adressée à Oumarou Kouanda par le ministre Clément Sawadogo.

 

« Objet : Mise en œuvre de mesures conservatoires dans le cadre du règlement de la crise au sein de la Communauté musulmane du Burkina Faso

 

Chers Messieurs,

 

Faisant suite à votre lettre du 29 mars dernier portant à mon attention le contenu d’une rencontre organisée à votre initiative le 26 mars 2021 avec la presse  au sujet  de  la communauté musulmane, et après un examen approfondi de la situation  de crise institutionnelle qui  traverse  ladite  communauté,  j’ai l’honneur de  porter à votre connaissance ce qui suit.

 

Mon département a été témoin de toutes les évolutions qui ont marqué ce dossier et dont les traits saillants sont les suivants :

– la montée d’une contestation interne depuis 2018 avec l’exigene d’une partie de la communauté de convoquer un congrès ;

– la convocation  et la tenue d’un  congrès extraordinaire à l’initiative des requérants, sous  la direction  de  votre  groupe, lequel  congrès a regroupé 33 sections provinciales à Bobo-Dioulasso les 27 et 28   octobre 2019;

–  l’effort de recherche d’un consensus entre les parties consacrant la primauté des solutions négociées sur toute autre considération, et l’implication du Médiateur du Faso à cet effet ;

– l’échec à ce  jour de  toutes  les tentatives de médiation, en  témoigne la tenue alternée de rencontres de  la  presse par  chacun des  deux groupes respectivement les 13 et 26 mars 2021 ;

– le vide institutionnel dans lequel se trouve la Communauté avec la fin de mandat du bureau sortant, alors même que les statuts ne prévoient aucune forme de transition ;

– l’urgence de trouver une solution à titre provisoire pour faire face à la gestion courante de la communauté ;

– la nécessité de poursuivre l’effort de rassemblement de toutes les parties afin d’évoluer vers une sortie définitive de la crise.

Le constat  d’échec des solutions consensuelles préconisées jusque-là se conjuguant avec  la nécessité de trouver  des      solutions   urgentes, m’amène à  vous  notifier à titre de  mesures   conservatoires   ce qui suit :

 

1) la fin du mandat du bureau sortant est effective depuis le 6 juin 2020 ;

 

2) afin de combler le vide institutionnel, mon département donne l’autorisation à votre équipe issue du congrès de Bobo-Dioulasso de prendre toutes les mesures nécessaires pour  la tenue, dans les  meilleurs délais, d’un congrès unitaire de la Communauté musulmane à l’effet  de mettre  en  place un organe de direction nationale hautement représentatif, il  me  parait important à cet  effet, que vous mettiez en place un comité d’organisation largement participatif;

3)  dans  l’attente de la tenue  de ce congrès, il  vous ait  conféré, également à titre conservatoire, la possibilité de prendre toute initiative, dans un esprit pacifique et  de concertation, pour  assurer la liquidation des affaires courantes de  la Communauté, notamment celles ayant trait à la gestion de la mosquée centrale de Ouagadougou ct ce,  pour compter de la date de réception de la présente.

Je vous sais  par  avance gré  de  tout  ce que vous  entreprendrez pour que règnent la paix, la quiétude et l’esprit de fraternité  qui  ont toujours été les valeurs de référence de l’Islam  défendues par  votre  Communauté, et par ailleurs  si chers  à Son Excellence Monsieur le Président du Faso et au gouvernement de notre pays.

Veuillez agréer, chers Messieurs, l’assurance de ma considération   distinguée. »

 

Pengdwendé Clément SAWADOGO

Grand Officier de l’Ordre de l’Etalon

 


Comments
  • Si la solution du ministère d’organiser des élections a travers une transition ne conviens pas aux protagonistes, laissez -les et venez aider les autres a faire avancer le Burkina. Il ya des problèmes plus sérieux que des histoires issues de clans ou on prie Dieu avec des armes. Si l’islam est une religion de paix comme tous les musulmans le prétendent, qu’ils commencent par le prouver au plus profond d’eux.. La chance qui nous reste, est que notre culture nous lie toujours et facilite le brassage entre les peuples comme le disait un intelectuel: En Afrique noir, il ya 35% de musulmans, 20% de Chretiens, mais 100% d’animistes.

    21 avril 2021

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