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CONCLUSIONS DE LA COP 27 : Du miracle attendu, au mirage  


Les lampions se sont éteints très tôt, le 19 novembre 2022,  sur la Conférence mondiale des Nations unies sur les  changements climatiques, la COP 27, qui se tenait à Charm el-Cheikh en Egypte.  Après d’intenses négociations, les différentes délégations accourues de toutes les parties du monde au chevet de la planète gravement menacée par le réchauffement climatique,  sont parvenues à un accord final appelant à une réduction « rapide» des émissions de gaz à effet de serre et à une résolution concernant les « pertes et dommages ». Mais ces conclusions a minima laissent de nombreux participants  à ce sommet mondial sur le climat, sur leur soif. En premier, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres, regrette le manque d’ambition de la COP 27, notamment sur la réduction des gaz à effet de serre. « Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant, et c’est une question à laquelle cette COP 27 n’a pas répondu », a-t-il laissé entendre. L’Union européenne a embouché  la même trompette en exprimant sa déception quant à cet accord dit de Charm el-Cheikh. « Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions », s’est désolé le vice-président de la Commission européenne.

 

Le miracle attendu de la COP 27, n’a pas eu lieu

 

Mais les plus amers sont les représentants des pays du Sud qui, en plus de souffrir déjà énormément des effets du changement climatique dont ils sont très peu responsables, se heurtent à la réticence des pays pollueurs qui rechignent à délier les cordons de la bourse pour aider à prendre en charge les dégâts de leurs méfaits. Même si la COP 27 a abouti à la création de nouveaux outils de financement pour les pertes et dommages liés aux catastrophes naturelles, les pays en voie de développement ne se font pas trop d’illusions quant aux possibilités réelles que ces outils offrent. « Chat échaudé craint l’eau froide », dit le dicton. En effet, le Fonds vert, destiné à aider les pays pauvres à lutter efficacement contre les effets du changement climatique, prévu pour un montant de 100 milliards de dollars par an, n’a jamais vu le jour depuis son annonce à Paris en 2015. Et quand bien même, les financements seraient disponibles, de nombreux Africains redoutent leur inaccessibilité  du fait de la complexité des procédures. C’est donc dire si le miracle attendu de la COP 27, n’a pas eu lieu et qu’il est devenu aux yeux des différentes délégations, un mirage du désert. « A qui la faute », pourrait-on se demander ? Les responsables du blocage des négociations sont connus. Et ils sont de tous les bords. Il s’agit des grandes nations industrielles que sont les Etats-Unis et la Chine, ou encore les grands pays producteurs de pétrole comme l’Arabie Saoudite, l’Iran et la Russie.

 

La COP 27 sonne comme la mauvaise conscience de l’humanité

 

Ce sont les intérêts économiques et géostratégiques de ces nations, qui prennent en otage l’avenir de la planète terre. Ni les cris d’orfraie des scientifiques et des associations écologiques, ni les catastrophes naturelles meurtrières dans de nombreux pays ne semblent pouvoir émouvoir ces grandes nations pollueuses qui, malgré leurs antagonismes sur bien des plans, affichent une solidarité sans faille dans la résistance à la nécessité d’aller vers la transition écologique. Les COP peuvent donc se succéder mais les négociations aboutiront au même constat de « surplace » voire d’échec avec les conséquences bien connues : les phénomènes climatiques continueront de s’emballer, ouvrant pour le genre humain, les gouffres de l’incertitude. La planète, en effet, a déjà enregistré ses premiers réfugiés climatiques et il faut craindre que cette situation ne devienne pour le futur, la norme.  Cela dit, la COP 27, au-delà de ses conclusions jugées décevantes par les parties prenantes aux négociations, a tout de même ses mérites. Elle sonne comme la mauvaise conscience de l’humanité face à la dégradation de la planète terre et, de ce fait, la met face à ses responsabilités. Elle fournit aussi pour les pays où les mouvements écologiques sont de plus en plus puissants,  les arguments nécessaires à leur combat et c’est déjà cela de gagné. Mais en attendant l’hypothétique triomphe de ces courants politiques, il appartient aux pays les plus affectés par les changements climatiques, de développer des initiatives locales pour parer au plus urgent car, comme dit l’adage, « quand le caillou vient du ciel, chacun se protège la tête ». Et cela passe déjà par l’abandon de la posture qui consiste, chaque fois, à aller chercher les solutions au Nord pour les problèmes qui sont au Sud. Cela passe aussi par le développement de la recherche surtout technologique pour valoriser tout le potentiel de l’économie verte dont dispose l’Afrique. Le continent dispose, en effet, de la plus grande exposition au soleil et aux vents et détient là un potentiel inégalé en énergie renouvelable pour impulser en toute indépendance, une puissante dynamique à son essor économique. Cela passe enfin par la valorisation des savoirs endogènes des populations africaines dont le génie montre des capacités de résilience insoupçonnées aux changements climatiques comme cela est perceptible à travers de nombreuses techniques agricoles par exemple, pour accroitre la productivité dans les régions fortement impactées par la sécheresse.

 

« Le Pays »

 


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