CONDAMNATION D’UNE JOURNALISTE AU MAROC POUR AVORTEMENT ILLEGAL
La journaliste marocaine, Hajar Raissouni, 28 ans, a été condamnée le lundi 30 septembre dernier, à un an de prison ferme pour avortement illégal et relations sexuelles hors mariage par un Tribunal à Rabat. Son fiancé et ses médecins ont également été condamnés dans cette affaire. Il est difficilement compréhensible que dans une société progressiste ou présentée comme telle, on en vienne à condamner des citoyens pour les raisons que l’on sait. Ces condamnations auraient été prononcées dans un autre pays maghrébin que l’on n’aurait pas trouvé à redire. Mais au Maroc, cela ne peut que susciter des interrogations. Est-ce pour servir la cause de la justice ou pour régler des comptes avec une citoyenne qui dérange ? En effet, Hajar Raissouni travaille pour Akhbar Al- Yaoum, un célèbre quotidien critique au Maroc. De même, la jeune dame entretient des liens familiaux avec un éditorialiste aux critiques acerbes contre le pouvoir de Rabat. Au regard de ce qui précède, l’on est porté à croire que la jeune journaliste paie pour sa proximité avec des gens qui bénéficient de tout, sauf de l’amour du pouvoir impérial. Disons-le net, ce procès en lui-même pose le problème du respect des droits de l’Homme au Maroc. L’un dans l’autre, on peut conclure que la condamnation de la journaliste est l’une des manifestations d’une société en pleine mutation, où il faut rechercher et trouver le juste milieu entre tradition et modernité. Il faut le dire, le Maroc est un Etat théocratique dans lequel le roi est vénéré comme le « Chef des croyants ». Jouer le rôle du politique et du religieux peut s’avérer un exercice difficile dans la conduite des affaires du royaume. Dès lors, la question que l’on pourrait se poser, est de savoir comment se référer aux textes sacrés et aux droits humains tout en gardant la société en équilibre. C’est là que la problématique de la révolution sociale revêt tout son sens.
Certaines déviances sexuelles ont pignon sur rue au Maroc
Il appartient donc à la société marocaine de prendre ses responsabilités, au regard des réalités du moment. Car, dans un pays tourné vers modernisme, jeter des gens en prison parce qu’ils ont eu des relations sexuelles hors mariage, frise l’hypocrisie, étant donné que certaines déviances sexuelles allant de la pédophilie à l’homosexualité en passant même parfois par la zoophilie ont pignon sur rue au Maroc. S’accommoder alors de telles personnes et s’attaquer à une citoyenne qui a eu des relations sexuelles hors mariage, pourrait être vu comme relevant de la pure hypocrisie. Il ne faut pas se le cacher, du fait de ne pouvoir pratiquer l’abstinence sexuelle, certains jeunes Marocains s’adonnent à des comportements sexuels aux antipodes de la morale. L’abstinence que prône le royaume est certes une valeur défendable, mais dans la mesure où les conditions, notamment financières, ne permettent pas toujours à bien des jeunes de se marier en temps voulu, n’y a-t-il pas lieu de faire preuve de compréhension à l’égard de la jeunesse qui n’arrive pas toujours à avoir la maîtrise de ses pulsions ? En tout état de cause, le combat de Hajar Raissouni est porté par des millions de Marocains certainement mus par le désir de disposer à leur guise de leur corps. C’est pourquoi le royaume chérifien ne doit pas jouer la politique de l’autruche. Cela dit, que perdrait le roi en accordant sa grâce à cette jeune fille dont l’avocat promet de faire appel de sa condamnation ?
Kiswendsida Fidèle KONSIAMBO