HomeA la uneCONDAMNATIONS DES MILITAIRES ACCUSES DE VIOLENCES AU KASAÏ : Faut-il applaudir ou en rire ?  

CONDAMNATIONS DES MILITAIRES ACCUSES DE VIOLENCES AU KASAÏ : Faut-il applaudir ou en rire ?  


Ouf ! Enfin, des condamnations. Sans doute que nombre de défenseurs des droits humains ont poussé un ouf de soulagement, tant soit peu, eu égard au verdict du tribunal militaire de Mbuji-Mayi qui poursuivait neuf militaires pour les massacres perpétrés dans le village de Mwonza Lomba au Kasaï Oriental en RDC. En effet, hier jeudi 6 juillet 2017, les juges militaires ont établi la culpabilité de huit d’entre eux dans le meurtre de civils et ont prononcé la sentence suivante : 20 ans de prison ferme pour deux militaires, 15 ans pour trois autres, 12 mois pour un, la perpétuité pour deux en fuite et l’acquittement pour le neuvième accusé. Il faut le rappeler, ces militaires, tous de l’armée régulière congolaise, les FARDC, avaient été arrêtés par la justice militaire en mars dernier, pour ‘’crimes de guerre’’, après la publication d’une vidéo sur les réseaux sociaux, en février 2017, les montrant en train de tirer à balles réelles sur des populations civiles. En son temps, les autorités kinoises avaient parlé d’un ‘’montage grossier’’, avant de se raviser et décider de mener des enquêtes approfondies suite à de nombreuses interpellations du comité onusien des droits de l’Homme, des organisations non gouvernementales locales et internationales voire des organisations humanitaires sur la grave dégradation de la situation des droits humains dans la localité de Mwonza Lomba. On se souvient qu’un certain général-major Joseph Ponde faisant office d’auditeur général des Forces armées de la RDC (FARDC), a ouvert le parapluie pour annoncer l’arrestation des suspects en lien avec ladite vidéo et qui devraient être poursuivis pour « crimes de guerre par meurtre, crimes de guerre par mutilation, crimes de guerre par traitements cruels inhumains et dégradants et refus de dénonciation d’une infraction commise par des justiciables de juridictions militaires ».

 

Ce verdict n’est pas loin d’un subterfuge

Mais la justice militaire n’a retenu que des infractions de « meurtre et dissipation de munitions de guerre ». De quoi tempérer l’espérance de ceux qui pensaient à un début de la fin de l’impunité des semeurs de la terreur dans le Grand Kasaï qui, depuis 2016, est le théâtre de violences meurtrières. En écartant les charges de ‘’crimes de guerre’’, les autorités congolaises ou du moins la justice militaire donne l’impression de ne pas encore prendre toute la mesure du désastre humain qui prévaut dans cette région, si ce n’est que le verdict d’hier n’est que de la poudre aux yeux pour se jouer davantage de l’ONU qui a tenté, en vain, le mois dernier, d’asseoir une commission d’enquête indépendante dans le but de faire la lumière sur les massacres. C’est dire que le procès des militaires dans ‘’l’affaire de la vidéo’’ dont le verdict n’est pas certes clément, n’est pas loin d’un subterfuge du pouvoir congolais pour faire croire au monde entier que contrairement aux réserves des Nations unies, il est en mesure de mener des enquêtes dans les massacres du Kasaï et de sanctionner les coupables alors qu’il est lui-même soupçonné.

Drissa TRAORE


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