HomeA la uneCONFERENCE DES DONATEURS DE LA CENTRAFRIQUE : L’avenir de la RCA se joue à Bruxelles  

CONFERENCE DES DONATEURS DE LA CENTRAFRIQUE : L’avenir de la RCA se joue à Bruxelles  


 

 

La République centrafricaine (RCA) a rendez-vous avec ses donateurs à Bruxelles. Le président Faustin Archange Touadéra y a présenté le 17 novembre 2016, un plan quinquennal dans l’optique de relancer l’économie de son pays. Les chantiers sont immenses comme on peut s’en douter, après la meurtrière crise qui a secoué le pays. Ainsi, les autorités doivent s’atteler à restaurer la paix,  à remettre sur pied l’administration publique, à rebâtir une armée digne de ce nom, à assurer les services sociaux de base. Elles doivent œuvrer à relancer l’économie du pays. C’est dire combien la tâche est titanesque. Elle est si immense que les autorités sont obligées de chercher les moyens d’y parvenir auprès des partenaires et amis extérieurs ; d’où l’idée de cette conférence.

La longue crise a déstructuré l’économie du pays

Mais, comme on peut le déplorer, cette conférence comme tant d’autres, organisées par des pays africains qui sortent de crises, se tient en dehors du sol africain. Ce fut ainsi le cas avec la Côte d’Ivoire, le Mali et ce sera le cas bientôt avec le Burkina Faso. Cela démontre, si besoin en était encore, la dépendance, en tout cas financière, des pays africains vis-à-vis de l’Occident. Du reste, la situation aurait été plus intéressante si la RCA avait réussi à mobiliser, avant cette étape de Bruxelles, une partie des ressources souhaitées, en interne auprès du secteur privé notamment. Bien entendu, la longue crise a déstructuré l’économie du pays, mais on peut penser qu’il y a encore et malgré tout, des individus ou des sociétés de nationalité centrafricaine qui peuvent encore participer à l’effort financier de reconstruction du pays. Ne dit-on pas que « lorsqu’on te lave le dos, tu dois faire l’effort de te laver le visage » ? Une mobilisation préalable des ressources au plan interne aurait eu le don de montrer à la face du monde que les Centrafricains eux-mêmes sont clairement déterminés à reconstruire leur pays et n’ont besoin que d’être aidés dans ce sens. Cela est de nature à inciter des investisseurs, des donateurs étrangers, à délier le cordon de la bourse. En tout état de cause, cette conférence des donateurs de la Centrafrique était une nécessité. En effet, les besoins réels de financement sont énormes. Le pays revient de loin et tout ou presque, est à reconstruire. Il faut, pour le pays, une sorte de Plan Marshall à la hauteur des défis à relever. C’est dire si l’avenir de la RCA se joue à Bruxelles. Il faut espérer que les donateurs jouent effectivement leur partition. Surtout que les besoins financiers affichés par la RCA à cette conférence, sont « modestes ». En effet, les 3,1 milliards de dollars demandés, représentent une somme relativement faible comparée à l’immensité des chantiers qui attendent Touadéra et son régime, mais aussi aux ressources naturelles dont dispose le pays. Il faut juste espérer que ces ressources ne seront pas bradées à l’heure où il faudra renvoyer l’ascenseur aux donateurs, rembourser les dettes. Ce qui implique des négociations les plus honnêtes possibles avec les donateurs, les partenaires de la RCA. En tout cas, les temps sont durs, les chantiers colossaux et il faut, le plus vite possible, de l’argent frais dans les caisses du pouvoir centrafricain. Pour ne prendre que cet exemple, le désarmement et la réinsertion des ex-rebelles ont besoin d’être financés et cela est plus qu’une urgence. Du reste, l’absence des ressources, à cet effet, est probablement l’une des causes du fait que ce processus n’a pas encore démarré. Pourtant, il ne fait l’ombre d’aucun doute que tant que le désarmement ne sera pas effectif, la paix sera un serpent de mer en RCA. Or, on sait aussi que tant que les ex-combattants ne se verront pas proposer d’autres alternatives concrètes, avec à la clé les moyens financiers et matériels nécessaires, ils rechigneront à se débarrasser de leurs kalachnikovs et autres armes létales. On peut, de ce fait, dire qu’il faut à la Centrafrique, le nerf de la guerre pour se donner une chance d’en finir avec la guerre. Et la recrudescence de la violence dans le pays depuis un certain temps, prouve, si besoin en était encore, que les vieux démons ne dorment que d’un sommeil léger et peuvent se réveiller à tout moment. Les autorités centrafricaines n’ont pas vraiment d’autre choix que de travailler à avoir les ressources nécessaires à leur action, notamment à la restauration de la paix et de la sécurité. Du retour de cette paix dépend la relance économique durable du pays. Les Centrafricains eux-mêmes sont conscients que l’arrivée ou le retour des investisseurs extérieurs, est tributaire de la pacification réelle et effective du pays.

Les Centrafricains doivent éviter que les fonds mobilisés soient dilapidés

Il leur appartient donc de s’employer à faire cesser le bruit des armes, à rebâtir une armée sérieuse, républicaine. Les autorités sont également attendues dans les efforts au plan social. Surtout que la crise a laissé le pays exsangue, les populations paumées dans leur grande majorité. En plus du défi de réussir la mobilisation des ressources financières, il y a celui de leur gestion dans les règles de l’art. Il faut une bonne gouvernance dans la gestion des ressources que les donateurs voudront bien mettre à la disposition de la RCA. C’est capital. Ainsi, il faut que les projets qui bénéficieront des financements soient réellement des projets structurants, à même de poser les jalons d’un développement durable et harmonieux du pays. De plus, il faut que la gestion des fonds collectés se fasse avec toute la vertu qui sied en la matière. Autrement dit, les Centrafricains doivent éviter soigneusement que les fonds mobilisés dans le cadre de la reconstruction multidimensionnelle du pays, soient dilapidés. Le président Touadéra a la lourde responsabilité de diriger l’orchestre de sorte à éviter toute fausse note préjudiciable à la confiance des partenaires et à la relance du pays. La société civile ne doit pas être en reste. Elle serait bien inspirée de marquer à la culotte les gouvernants, de les contraindre à la reddition des comptes. Ce, régulièrement et au profit des populations. C’est vraiment à ce prix que la RCA pourra être à la hauteur des défis qui s’imposent à elle.

« Le Pays »


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