CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA PAIX ET L’ISLAM : Une initiative à saluer
Au Sénégal, se tient depuis le 28 juillet dernier, une grande conférence internationale sur le thème « Islam et Paix ». Une grand-messe au cours de laquelle des chefs religieux, des chercheurs en islam, des érudits, des prédicateurs et autres penseurs d’obédience islamique, réfléchiront sur cette religion et son utilisation au service de la pratique terroriste. Ces islamologues doivent tenter de mettre en relief les fondements pacifistes de cette religion. Il faut, d’entrée de jeu, dire que cette conférence ne pouvait pas mieux tomber, au regard du contexte international marqué par une montée exponentielle de la violence terroriste. Un terrorisme qui, aux dires de ses adeptes, prend sa source dans les textes sacrés du coran. Cette conférence va donc permettre de clarifier le rôle de l’islam dans la construction d’un monde de paix. Ce sera l’occasion pour les grands penseurs, de réaffirmer la position de l’islam par rapport à la violence et au terrorisme et d’amener tous ceux qui se réclament de cette religion, à distinguer le vrai message du prophète de l’amalgame que créent et entretiennent sciemment certains individus mal intentionnés qui sont en train d’associer l’image de l’islam à celle de la violence et du terrorisme.
Le décor ainsi planté est bien mirifique. Mais est-il seulement suffisant pour
redorer le blason de cette religion ? Cette initiative suffira-t-elle à ramener sur le droit chemin, tous ces croyants de bonne foi, qui, par naïveté ou par méconnaissance, se sont laissés abuser par les apôtres de la violence «au nom d’Allah» ? On peut se permettre d’en douter, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, le simple fait qu’aucun pratiquant du « terrorisme islamique » (comme Abubakar Shekau ou l’Etat islamique) pour ne citer que celui-là, ne participe à cette conférence, constitue en soi un frein à la dynamique même de recherche de solutions. Prendre le temps d’écouter ces illuminés peut faire bouger les lignes. Mais encore faut-il qu’ils l’entendent de cette oreille. En tout cas, ce n’est pas toujours en s’efforçant d’amener l’autre à nous comprendre que l’on parvient à un consensus ; c’est parfois aussi en cherchant à comprendre pourquoi l’autre ne nous comprend pas.
L’organisation de cette conférence est un grand pas vers la mise en relief de l’islam en tant que religion de paix
Ensuite, le niveau d’instruction très limité de beaucoup de prédicateurs, surtout africains, y est aussi pour quelque chose. Bon nombre d’entre eux ne disposent pas de clés nécessaires pour décoder toutes les subtilités de la langue arabe. Leur connaissance de la langue se limite très souvent à une lecture laborieuse et littérale des textes ; ce qui donne lieu à des interprétations simplistes sinon erronées des textes sacrés.
Démasquer et dénoncer ceux qui se servent de l’islam comme d’une arme politique pour combattre des adversaires qu’ils n’ont ni le pouvoir ni le courage d’affronter, ainsi que tous ces déséquilibrés qui dissimulent derrière l’islam leurs tares et leur incapacité à s’adapter à un monde dont la rapide évolution donne le tournis, participera à la restauration de la vérité sur l’islam. Mais cette conférence aura-t-elle seulement le temps et les moyens de se pencher sur tous ces maux qui gangrènent l’islam ? Pas si sûr. Néanmoins, il faut convenir que l’organisation de cette conférence est déjà un grand pas vers la mise en relief de l’islam en tant que religion de paix. C’est pourquoi il faut rendre hommage au Sénégal qui accueille cette conférence. Il faut rendre hommage aussi au royaume du Maroc qui s’investit dans la formation des imans africains. Enfin, l’Union africaine (UA), par respect de ses propres textes, devrait travailler à instaurer la bonne gouvernance au niveau de tous ses Etats membres. Car, cette mal gouvernance est en grande partie responsable du chômage qui fait des jeunes de nos campagnes et villes, des proies faciles pour les islamistes.
Dieudonné MAKIENI