CONSEIL MUNICIPAL DE REO : Le maire accusé de pratiques mystiques
En principe, le conseil municipal de Réo, sur invitation du maire, devrait tenir sa première session ordinaire de l’année 2018 le vendredi 20 avril 2018, dans la salle des fêtes de la mairie. Délocalisé finalement dans la salle de conférence de la direction provinciale de l’éducation nationale du Sanguié, cette session a été boycottée par des conseillers frondeurs qui reprochent au maire de ladite commune, d’avoir pratiqué des rites accompagnés de « badigeonnage » des chaises et autre mobilier de bureau de la mairie. Et tant que le maire ne précisera pas les raisons d’un tel acte, il sera difficile pour eux de siéger. Pour mieux comprendre la situation, nous avons approché les différents protagonistes de cette affaire, dans la journée du vendredi 20 avril dernier.
Il était 10h 15, lorsque nous arrivions à la direction provinciale de l’éducation nationale du Sanguié. Sur place, la présence des forces de l’ordre et de sécurité était visible tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la direction. Dans la cours, une dizaine de conseillers municipaux étaient assis, en train d’échanger. Nous nous dirigeons directement dans la salle de conférence aménagée pour la circonstance. Là, nous constatons des chaises vides. Approché, un conseiller municipal nous laissera entendre que le conseil était prévu pour 8h, mais ce n’est même pas sûr qu’il aura lieu. Et il se confie : « vous savez, il y a de petits problèmes et tant qu’ils ne seront pas réglés, je me demande si on pourra tenir la session. Vous voyez qu’il est presque midi. Mais des démarches sont en cours. J’espère qu’entre nous conseillers, on va s’entendre dans l’intérêt général de la population ». Ensuite, nous nous sommes rendu au secteur 1 de Réo où l’un des conseillers frondeurs, Anicet Bazié , par ailleurs élu national, nous explique sa version des faits reprochés au maire Dr Louis Bazimo. « Selon les textes, par trimestre, il doit y avoir un conseil ordinaire. Même en dehors de notre boycott de ce matin, le mois d’avril finit dans 10 jours. Mais qu’à cela ne tienne, la session pouvait se tenir si le climat était apaisé au sein du conseil, sur un certain nombre de faits. Depuis le mois de janvier, nous avons appris qu’avec la complicité du maire, un individu serait venu pratiquer des rites accompagnés de badigeonnage des chaises et autre mobilier de bureau dans la mairie». « A l’époque, poursuit-il , j’ai personnellement , le 17 janvier dernier, adressé une lettre de demande d’éclaircissement au maire avec ampliation à tout conseiller, pour qu’il nous précise les raisons d’une telle décision, la nature exacte de ces rites et l’identité de l’individu en question. Il m’a répondu par lettre en date du 22 janvier où il m’invitait, selon ma disponibilité, pour une séance d’explications. Pourtant, pour des questions aussi sensibles, il aurait dû convoquer un conseil extraordinaire pour expliquer la situation à tous les conseillers ». La situation restera ainsi jusqu’au 6 mars dernier, où les conseillers se sont rendus chez les coutumiers pour expliquer la situation après le refus du maire de les recevoir, à en croire toujours M. Bazié. Et c’est le 11 qu’ils ont tous été reçus par les coutumiers. A cette rencontre, dira-t-il, les coutumiers ont laissé entendre que l’acte posé, même si l’intention n’était pas mauvaise , du fait qu’il n’ y a pas eu de témoin, reste inquiétant. En témoignent les propos du président de la commission affaires qui a appelé le maire pour lui rendre compte qu’il venait de constater le marquage des chaises à l’huile : « c’est grave, c’est même très grave », a-t-il dit, avant que le maire ne le rassure qu’il n’en est rien, que c’est de l’huile et qu’il est au courant. « Et c’est dans cette situation embarrassante qu’il convoque un conseil », questionne-t-il ? Donc, il est difficile, pour eux, d’y participer tant que la situation ne sera pas tirée au clair, a-t-il insisté. Outre cela, il a relevé la mauvaise gestion du maire qui n’associe aucun de ses adjoints à la gestion de la commune.Rejoint dans son bureau à la mairie, le maire Louis Bazimo laissera entendre que cette situation n’est pas nouvelle pour lui, en ces termes : « Nous vivons ces genres de contrariétés presque tous les jours. C’est encore une contrariété de plus », regrette-t-il. « Nous sommes tous des frères et des parents et ce qui nous réunit au sein du conseil municipal, c’est d’aider notre population. » Pour lui, il ne faudrait pas que certains de leurs camarades divertissent la population, au lieu de s’attaquer aux questions réelles de développement de la localité. « J’ai dit aux sages de ne pas se laisser divertir par des gens qui ont des agendas cachés. Le premier responsable que je suis, peut se tromper. Et j’ai dit que si je me suis trompé et que j’ai mal agi, je leur demande pardon. Mais qu’ils se détrompent, je n’ai jamais pensé à faire du mal à qui que ce soit ». Tout en poursuivant : « qu’on arrête de me faire un procès d’intention ». Sinon, concernant l’huile utilisée sur les 50 chaises, le maire a indiqué que c’est lui qui l’a utilisée. « C’était un dimanche et j’étais seul ici. J’ai juste utilisé l’huile, par manque de moyens, pour marquer les chaises en vue de permettre à l’entrepreneur de reconnaître les chaises à changer » a-t-il soutenu. A en croire le président de la commission affaires, Désiré Bationo, après l’incident, ils ont tenu des rencontres et des gens se sont assis sur les mêmes chaises et jusqu’à présent, rien de mauvais n’a été signalé sur qui que ce soit. Et le maire d’ajouter que même quand on lui reproche une mauvaise gouvernance, ce n’est pas vrai. « Tous les travaux qui sont en train d’être faits actuellement à la mairie, ont été décidés en conseil », dira-t-il. Selon le maire, ce sont des lourdeurs auxquelles ils font face, même si cela ne les étonne pas. Pour sa part, il dit suivre les conseils des aînés, des sages, pour que la sérénité revienne dans la commune de Réo.
Modeste BATIONO