HomeA la uneCOP 28 DE DUBAI : Un accord pour se donner bonne conscience  

COP 28 DE DUBAI : Un accord pour se donner bonne conscience  


L’accord a été salué avec beaucoup d’enthousiasme par le président de la COP 28, Sultan Ahmed Al Jaber, par ailleurs, ministre de l’Industrie émirati et PDG de la compagnie nationale Abu Dhabi National Oil Company : « Nous avons une formulation sur les énergies fossiles dans l’accord final pour la première fois. Nous devons être fiers de ce succès historique, et les Emirats arabes unis, mon pays, sont fiers de leur rôle pour y parvenir. Nous quittons Dubaï la tête haute », a-t-il déclaré, au moment où les lampions se sont éteints sur le sommet sur le climat. Ce texte, présenté comme un consensus arraché de haute lutte, appelle à une transition énergétique  qui consiste à « transformer hors des énergies fossiles, les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2025 conformément aux préconisations scientifiques ». Mais si l’on comprend l’enthousiasme du président de la Conférence des Nations unies sur le climat en raison de sa position personnelle et de celle de son pays,  un sentiment d’ailleurs partagé par certains dirigeants du monde, l’on aura remarqué que le texte final  ne parle plus de « sortie » (phase-out) du pétrole, du gaz et du charbon, un thème qui a été des mois durant, le leitmotiv ou le cri de ralliement de plus d’une centaine de pays et de milliers d’Organisations non gouvernementales (ONG).

 

L’humanité n’est pas encore prête à abandonner les énergies fossiles qui régulent l’économie mondiale

 

C’est donc un recul par rapport aux ambitions de départ, faisant place à  un accord a minima qui n’aura  été finalement arraché qu’au prix d’une nuit supplémentaire de négociations.   Toute chose qui est en phase de devenir l’apanage de ces sommets sur le climat qui finissent toujours comme des montagnes,  par accoucher de petites souris. D’ailleurs,  pouvait-il en être autrement au regard des enjeux spécifiques de la thématique abordée à la COP 28 ? L’on ne peut que répondre par la négative. Et pour cause. D’abord, parce que les énergies fossiles constituent la sève nourricière des Etats les plus puissants ou les plus riches du monde et ce sont eux qui, à bien des égards, fixent les règles de la gouvernance politique et économique mondiale. L’on imagine donc comment ces nations pouvaient se faire harakiri en sciant la branche sur laquelle elles sont assises. Du côté des pays en voie de développement, il n’était pas non plus gagné que le rêve de sortie des énergies fossiles soit aussi partagé à partir du moment où ces dernières fournissent une manne quasi-vitale pour les pays qui en possèdent. Ensuite, le pari que la planète acte la sortie des énergies fossiles à Dubaï n’était pas gagné d’avance à partir du monde où les défis technologiques pour la maitrise des énergies vertes ou renouvelables restent encore énormes. A titre illustratif, l’on n’en est encore qu’aux premiers tests des avions volant avec l’énergie solaire. C’est dire, en un mot, que l’humanité n’est pas encore prête à abandonner les énergies fossiles qui régulent l’économie mondiale. C’est pourquoi le texte final de la COP 28 qui n’est en rien contraignant pour les grands pollueurs du monde,  n’est, en fait, que de l’hypocrisie mondiale. Face à cette dérive suicidaire enrobée dans le langage diplomatique pour flatter les ego des puissants du monde, il ne reste plus qu’à la terre de se faire entendre et dans le langage que l’homme comprend le plus : les catastrophes climatiques. Cela dit, en attendant ces jours de tourmente qui s’annoncent, ce sommet mondial sur le climat aura, au moins, eu le mérite de rappeler aux générations actuelles, les risques qu’elles font courir aux générations suivantes. Mieux, il aura pour effet de radicaliser  tous les déçus du sommet dans leur lutte pour la préservation de la planète. Toute chose qui pourrait faire bouger les lignes quand on connaît les actes extrémistes dont certains militants écologiques sont capables.

 

Le continent noir aurait tort de ne pas se saisir de la nouvelle dynamique de la ruée annoncée vers les énergies renouvelables

 

Quant à l’Afrique, l’on imagine qu’elle sort plus que jamais blasée de ce sommet mondial. Contrainte de supporter les conséquences du réchauffement climatique pour lequel sa responsabilité n’est que très peu engagée, l’on imagine qu’elle ne voit pas d’un très bon œil ces conclusions qui l’appellent à tourner le dos aux énergies fossiles au moment même où les nations riches n’ont jamais tenu la promesse des financements qu’elles ont faite lors des sommets précédents. Mais le continent noir aurait tort de ne pas se saisir de la nouvelle dynamique de la ruée annoncée vers les énergies renouvelables parce qu’elle en est immensément riche. Continent du soleil et des forts vents (harmattan et mousson), l’Afrique constitue, en effet, un puissant réservoir d’énergies vertes et il serait fortement regrettable que dans ce domaine, elle en vienne encore à rester à la traine au risque de voir colonisés ses vastes espaces par les multinationales occidentales et asiatiques.

 

« Le Pays »      


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