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CORONAVIRUS AU BURKINA


Dans le message ci-dessous adressé à chaque médecin, dont nous avons eu copie, le président de l’Ordre des médecins appelle à l’abnégation. Cependant, il rappelle que le coronavirus ne saurait faire oublier d’autres pathologies tout aussi graves, qui font des ravages. Lisez !

« Chères consœurs
Chers confrères,

Je voudrais avant tout propos féliciter et encourager tous les confrères qui, chaque jour, continuent d’être au chevet des patients malgré la propagation du Covid-19. Je voudrais également témoigner de notre soutien indéfectible à tous nos collègues dépistés positifs au Covid-19, et leur souhaiter prompt rétablissement. Depuis les premiers cas observés au Burkina Faso, notre système de santé est mis à rude épreuve et certains de nos hôpitaux sont sollicités pour des investigations sur les cas suspects et leur éventuelle prise en charge. La pandémie à ce nouveau coronavirus est venue nous rappeler la fragilité de notre système de santé. Les mesures de protection qui ont toujours été au cœur de la pratique médicale pour éviter les contaminations réciproques soignants-soignés sont devenues insuffisantes. Cette situation a contribué à engendrer une psychose au sein des équipes soignantes, et cela ne participe guère à la sérénité dans l’exercice de la médecine. La présence de ce nouveau coronavirus dans notre pays ne doit pas nous faire oublier que les autres affections ordinaires dont souffrent les Burkinabè, sont toujours présentes dans notre communauté. Le paludisme, la tuberculose, les autres maladies infectieuses, le diabète, l’hypertension artérielle, les autres maladies cardio- vasculaires, les différentes causes d’accouchements dystociques, les tumeurs, les urgences médicales et chirurgicales, les pneumopathies non Covid-19, etc., connaîtront une morbidité et une mortalité plus élevées si nous restons médusés par l’affection au coronavirus. Nous avons côtoyé et affronté bien des risques depuis que nous étions étudiants jusqu’à maintenant. L’affection au Covid-19 ne devrait pas nous désarmer ni nous décourager. Les patients atteints du nouveau coronavirus, dans les formes asymptomatiques comme dans les formes graves, passeront nécessairement par nos services. Les asymptomatiques consulteront certainement pour d’autres affections dont nous avons la responsabilité de la prise en charge. Les personnes antérieurement souffrantes d’autres tares se présenteront également dans nos formations sanitaires pour une comorbidité au Covid-19.

Chers consœurs et confrères,

il est de notre devoir d’assurer la continuité des soins aux patients atteints du Covid-19 et ceux souffrant d’autres affections, en particulier les couches vulnérables. En effet, de nombreuses affections autres que le Covid-19 sont source de mortalité et de morbidité. Nous ne devons pas les occulter. Il nous faut renforcer les mesures de protection individuelle et collective dans nos cadres de travail. L’esprit d’équipe devrait prévaloir afin que nous puissions nous adapter à la situation face à cette affection nouvelle. C’est aujourd’hui et plus que jamais que le Burkina Faso a le plus besoin de nous tous, agents de santé et médecins en particulier. L’infection au coronavirus ne devrait pas nous détourner de notre mission première qui est celle de soigner, y compris dans des situations difficiles comme celle que nous vivons. L’histoire et les faits récents autour de nous, nous enseignent qu’être médecin, c’est avant tout répondre à l’appel aux soins, même lorsque ce n’est pas facile. A l’endroit de nos collègues du secteur privé, vous êtes aussi à l’avant-garde de cette lutte et votre contribution est fortement reconnue car nous avons en mémoire votre rôle important clans la révélation de l’épidémie de dengue de 2017. Vous devez renforcer vos capacités en prévention et contrôle de l’infection pour aider à dépister les cas. C’est aujourd’hui que notre chère patrie a le plus besoin de nous. Aussi, j’ invite chaque médecin, où qu’il soit, à travailler avec abnégation dans le respect du Code de déontologie médicale et en utilisant les mesures de protection pour assurer la continuité des soins à nos populations. Cependant, ces faits ci-dessus ne doivent pas occulter le fait que les agents de santé en général et les médecins en particulier, doivent disposer de matériels de protection adéquats et de connaissances approfondies sur la prévention et le contrôle de 1’infection afin de faire face à ce fléau. Nous avons interpellé et continuons d’interpeller le ministère de la Santé, afin que la protection convenable des agents de santé soit inscrite parmi les priorités dans la gestion de cette crise sanitaire. Car, un agent de santé infecté devient non seulement une source de contamination pour les autres malades, ses collègues et sa famille, mais aussi devient un soldat en moins pour cette «guerre» déclarée au Covid-19. Je voudrais, chers consœurs et confrères, en notre nom à tous, interpeller le ministère de la Santé et l’ensemble du gouvernement sur le manque crucial d’équipements de protection et de consommables dans nos formations sanitaires et le besoin en formation des prestataires de santé sur la prévention et le contrôle de l’infection pour assurer la sécurité du médecin et de son équipe. Si cette équipe venait à tomber malade, c’est le système de santé, singulièrement hospitalier qui sera davantage fragilisé et nous aurons d’énormes difficultés pour vaincre la maladie. L’infection au Covid-19 a bouleversé les prévisions des hôpitaux et un appui conséquent s’avère indispensable pour leur permettre de tenir. Par ailleurs, l’Ordre des médecins poursuit son plaidoyer pour une dotation en équipement de protection pour le personnel soignant des établissements de santé. Je voudrais également vous rassurer que le Conseil de l’Ordre a interpellé le ministère de la Santé et le gouvernement sur l’organisation de la riposte hospitalière dans nos régions . Nous devons capitaliser déjà nos expériences pour anticiper. Il ne faudrait nullement attendre d’être débordé dans une région sanitaire pour commencer à opérationnaliser des mesures de la prise en charge. Des hôpitaux régionaux bien équipés et bien préparés pourraient toujours être une bouée de sauvetage. Utilisons adéquatement le système de santé jusqu’au sommet. C’est en cela que nous pourrons le rendre performant pour répondre à une telle situation.

Vive le médecin burkinabè Bon courage à tous !

Ouagadougou, le 1er avril 2020

Le Président

Pr Charlemagne OUEDRAOGO
Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur de la République Française
Chevalier de l’Ordre du Mérite de la Sa nt é e t de l’Action Sociale »


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