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CORONAVIRUS AU BURKINA


Face au nouveau coronavirus, le gouvernement a pris des mesures préventives interdisant le regroupement de plus de 50 personnes. Du coup les maquis et les bars sont soumis à cette directive. Le constat au « Ying-Yang » le mardi 17 mars 2020.

« Quand le gouvernement a demandé aux gens d’éviter les regroupements de plus 50 personnes afin de faire face à la propagation du coronavirus, ici au maquis Ying-Yang, nous avons immédiatement pris acte des mesures demandées », explique Stéphane Aka, manager du maquis Ying-Yang, qui nous a reçus sur la terrasse sans client du maquis aux environs de 11h. Cette mesure du gouvernement ne va pas sans conséquences fâcheuses. En effet, selon le manager, le maquis Ying- Yang comporte un bar et une terrasse. « Nous avons fermé le bar, seule la terrasse reste ouverte. Alors qu’avant, à l’ouverture du bar jusqu’à la fermeture, nous pouvions engranger des recettes de 800 000 à 1 000 000 F CFA par jour et pour la terrasse 200 000 F CFA minimum », informe-t-il . Il dit comprendre que la fermeture c’est pour la bonne cause, mais le bar emploie près de 50 à 70 personnes. « Des personnes qui ont en charge de famille. Et avec la fermeture du bar, le propriétaire du maquis n’arrivera sûrement pas à payer les salaires de toutes ces personnes même si c’est une situation que nous comprenons », poursuit-il tout en signifiant qu’étant du secteur privé « tant qu’il n’y a pas de chiffres d’affaires c’est compliqué ». Comme les travailleurs ont des charges de loyers, le manager du Ying yang a demandé que « tout le monde soit solidaire et que tout le monde lutte pour bouter le virus hors du Burkina ». Et de poursuivre: « Tout le monde doit accepter de faire des sacrifices, parce que dans notre situation, nous louons des locaux pour nous loger alors que nous risquons de ne pas percevoir de salaires avec la fermeture du bar, mais les bailleurs avec qui nous avons loué les locaux ne vont pas se préoccuper de cela, ils viendront à la fin du mois réclamer le loyer. A ce niveau, nous aimerions que le gouvernement fasse une sensibilisation pour faire comprendre à ces bailleurs que la situation exige des sacrifices de la part de tous et s’ils peuvent patienter en attendant que les choses reprennent leur cours normal. D’autant plus que cette situation est censée prévaloir jusqu’à nouvel ordre ».

« Ce n’est pas simple pour nous »

Qu’à cela ne tienne, le manager a fait comprendre que le dimanche 15 mars 2020, le maquis-bar Ying-Yang avait déjà pris des dispositions relativement au lavage des mains et à l’utilisation de gels hydro-alcooliques. « Nous avons même pris un médecin pour des honoraires de 10 000 F CFA par jour et payer la machine à détection de température. Et tous les clients du maquis étaient astreints, ce dimanche, à se conformer à ces mesures avant d’avoir accès au bar», informe-t-il avant de préciser qu’actuellement, pour se conformer à la directive du gouvernement, « le bar est fermé et seule la terrasse reste ouverte ». Il a lancé un appel au gouvernement, afin qu’il mette « tous les moyens possibles pour changer la donne, sinon ce n’est pas simple pour nous » parce que  les clients ne viennent même plus depuis que le gouvernement a interdit les regroupements ». Et s’il n’y a pas clients sur la terrasse, il n’y aura pas de clients pour celles qui sont à la restauration. Sous anonymat, une restauratrice confie : « Depuis le phénomène de coronavirus, le marché est au ralenti puisque les gens ont peur même des lieux où il y a attroupement d’individus. Nous préparons les repas mais, nous n’arrivons pas à tout vendre; voilà le riz même qui est toujours déposé. Le marché est vraiment au ralenti alors que c’étaient les clients du bar qui constituaient l’essentiel de notre clientèle». Selon cette restauratrice, si la situation persiste, elle « sera obligée d’aller se plaindre auprès de l’Etat ». Mais elle espère que le gouvernement va trouver rapidement une solution au problème. «Nous prions Dieu afin qu’ensemble nous puissions faire face à la situation », conclut-elle.

Françoise DEMBELE


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