HomeOmbre et lumièreCORRUPTION DANS LE DOMAINE DE LA CONSTRUCTION : C’est la faute à l’Etat

CORRUPTION DANS LE DOMAINE DE LA CONSTRUCTION : C’est la faute à l’Etat


En milieu de semaine, j’ai lu dans un journal de la place un écrit du Réseau national de lutte anticorruption (REN/LAC) portant sur des présomptions de corruption dans le domaine de la construction. Exemples à l’appui et avec force détails, le REN/LAC a dénoncé un mépris souverain pour la réglementation en matière de construction, pointant du doigt l’insuffisance du contrôle. Je vous assure que je n’ai pas pu terminer la lecture de cet article puisqu’entre-temps, j’ai commencé à verser de chaudes larmes. J’en ai même parlé à mon frère qui travaille au ministère de l’Habitat. Et voici ce qu’il m’a dit. « Tu crois quoi, tu veux que les gens mangent où ? Laisse-les faire leur deal puisque les travailleurs des autres ministères en font autant ». Grande était ma surprise. Et c’est là que j’ai compris que le problème soulevé par le REN/LAC est plus profond que je ne le prenais. Le ver est dans le fruit. Et pour l’en extirper, je parie que ce ne sera pas une partie de plaisir.

Car tous ces impairs sont liés à la mal-gouvernance. C’est la faute à l’Etat. C’est lui qui, par son silence et son laxisme coupables, laisse faire les gens. En effet, si des immeubles en construction s’effondrent régulièrement dans notre pays, c’est qu’il y a des gens qui ne font pas correctement leur travail. Soit les techniciens chargés d’appliquer les textes en la matière décident de fermer obstinément les yeux parce qu’on leur a glissé quelques billets de banque, soit ils laissent faire à leur tête pour la simple raison que, comme on le dit, « la Fonction publique n’est le champ de personne ». Conséquence : on a des édifices publics et privés qui s’écroulent régulièrement comme des châteaux de cartes, laissant des cadavres sous le béton et la ferraille. Et les exemples sont légion. C’est pourquoi je pense qu’il y a lieu de procéder à une relecture des textes pour en corriger les insuffisances que certains exploitent éhontement pour se remplir les poches.

L’Etat doit revoir sa copie

Pour combattre un tant soit peu le clientélisme et l’affairisme dans le domaine de la construction, l’Etat ferait mieux de confier le contrôle des bâtiments à des structures privées, avec un cahier de charges. Pourquoi pas à l’ordre des architectes qui maîtrise tous les contours de la chose ? Cela, à mon avis, permettra de réduire la corruption dans ce milieu et de sanctionner sévèrement les éventuels contrevenants qui, aujourd’hui comme hier, prennent le malin plaisir à ramer à contre-courant des normes. Ce sont des hors-la-loi qui n’ont pas leur place dans un Etat de droit. Surtout que notre pays, depuis la chute de Blaise Compaoré, aspire à un profond changement. Pour y arriver, je souhaite que l’autorité renforce la sensibilisation sur la nécessité de respecter la réglementation en matière de construction. Car je suis sûr qu’il existe des Burkinabè qui ne savent pas que pour construire une maison, il faut un permis de construire. A ce propos, j’ai un tonton inspecteur de l’enseignement du second degré, qui me disait un jour qu’il a fallu qu’il soit interpellé pour se rendre compte qu’il n’avait pas une autorisation pour construire sa maison. Vous comprenez bien qu’il avait déjà entamé les travaux avant qu’on ne le rappelle à l’ordre. Si lui qui a fait de longues études ne le savait pas, vous pouvez être sûrs qu’il en existe beaucoup d’autres qui ignorent ce que c’est qu’un permis de construire. Il faut donc que quelque chose soit fait à ce niveau. Aussi faut-il travailler à rendre accessible le permis de construire dans un délai raisonnable. Car j’en connais qui estiment que la démarche pour obtenir ce précieux sésame est tellement longue et éprouvante qu’ils préfèrent construire en toute illégalité, quitte à corrompre le technicien qui viendra pour le contrôle. C’est ceci donc qui pourrait expliquer cela. On ne peut pas demander aux gens de se conformer à la réglementation et durcir en même temps les conditions d’accès aux documents exigés. C’est vouloir d’une chose et de son contraire. L’Etat doit donc revoir sa copie. En tout cas, moi fou, j’ai décidé, dans mon errance, de ne plus m’abriter sous le hall d’un immeuble, pour quelque raison que ce soit. Cela y va de ma vie. Que croyez-vous ? Personne ne veut mourir, même pas un fou.

« Le Fou »


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