COURS D’APPUI DANS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES : L’esprit mercantile ne doit pas prendre le dessus
Cela va bientôt faire un mois que l’école a repris dans notre pays. Face à la misère de bien des parents qui se sont battus comme de beaux diables pour inscrire leurs gosses, les établissements d’enseignement, chacun à son niveau, ont renouvelé leurs engagements à tout mettre en œuvre pour réussir l’année scolaire. C’est dans cet esprit que certains ont mis en place des cours d’appui au profit de leurs élèves. Une belle initiative, s’il en est. En ce sens que ces cours d’appui sont très bénéfiques pour les apprenants. En effet, ils permettent aux élèves de mieux comprendre les cours et de corriger certaines lacunes. Toute chose qui les aide à rehausser leur niveau. De ce point de vue, je ne peux que saluer de tels efforts dont l’objectif est d’accompagner les apprenants à mieux réussir leur année scolaire. Mais le problème, c’est que ces cours d’appui semblent devenus un fonds de commerce pour certains enseignants qui y voient une belle occasion pour se faire des sous. Des établissements sont allés jusqu’à imposer ces cours d’appui à leurs élèves tout en rendant leur paiement obligatoire. Et ils trouvent le moyen de sanctionner les élèves qui ne se plient pas à cette injonction. En effet, j’ai appris avec beaucoup de peine, que des enseignants ont refusé l’accès des salles de classes à certains élèves au motif qu’ils n’ont pas payé les frais de cours d’appui. Et ce n’est pas tout. Il existe une autre race d’enseignants qui ne recule pas devant l’argent.
Le secteur de l’éducation est si important qu’on ne saurait en faire un fonds de commerce
Ces derniers usent d’autres stratagèmes pour faire payer les élèves pour leur «insubordination». Ainsi, ces enseignants prennent le soin de choisir des sujets des évaluations en tirant une bonne partie dans les cours d’appui. Une manière cynique de non seulement punir ceux qui ont décidé de ne pas «acheter leur produit», mais surtout une façon de leur forcer la main à participer à ces cours qu’ils vendent comme des articles. Ce n’est ni plus ni moins qu’un abus de pouvoir dont la seule motivation est de se remplir les poches, même si c’est au détriment des élèves. C’est à croire que des individus, face à l’argent, perdent la raison et sont prêts à tout. Ce sont autant de dérapages qui ont amené le ministère en charge de l’enseignement de base, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, à ordonner l’arrêt immédiat des cours d’appui payants dans les écoles publiques. Moi, Fou, je salue cette mesure qui était nécessaire. Tant il urgeait de siffler la fin de la récréation. Le secteur de l’éducation est si important pour le développement d’une nation, qu’on ne saurait en faire un fonds de commerce, surtout pas par ses acteurs de premier plan. Parce qu’à l’évidence, un enseignant, ce n’est pas un commerçant. Et sa mission n’est pas de faire des affaires, mais de bâtir et de former les leaders de demain. En tout cas, par la prise de cette mesure, les premières autorités de notre système éducatif montrent leur volonté de sauver notre école. Mais si elles veulent véritablement réussir cette mission, elles ne devraient pas se limiter au seul secteur public. Parce que le privé est aussi infesté par les mêmes pratiques peu orthodoxes susceptibles de compromettre les chances de succès de nos enfants à l’école. Et pour relever ce défi, chaque acteur doit s’impliquer afin de faire de nos écoles, de véritables temples du savoir et non des foires d’exposition pour des acteurs qui ne cherchent qu’à faire des affaires.
«Le Fou»