HomeA la uneCRISE BURUNDAISE : Le temps, mauvais allié de l’Opposition et de la société civile

CRISE BURUNDAISE : Le temps, mauvais allié de l’Opposition et de la société civile


 

Après le soutien tacite que les chefs d’Etat de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Est ont apporté au Pasteur-Président Pierre Nkurunziza, l’opposition et la société civile burundaises doivent désormais faire face à un autre adversaire de taille : le temps. Un adversaire silencieux, malsain et surtout dangereux. En fonction des contingences, il peut s’avérer un allié ou un ennemi redoutable. A l’heure actuelle, si on ne peut pas qualifier le temps d’ennemi de l’Opposition et de la société civile burundaises, on ne peut non plus le compter parmi les facteurs favorables à la lutte du peuple burundais. Dans une lutte de libération, plus la victoire tarde à venir, plus le temps joue en faveur de celui qui dispose de plus de moyens matériels et financiers et surtout de la force publique et des organes de communication. Dans ces conditions, il est clair que l’Opposition et la société civile burundaises ne peuvent pas compter sur le temps pour gagner la bataille contre Nkurunziza. Un regard dans le rétroviseur laisse voir que près de deux mois de marche, de manifestations, d’affrontements avec les forces de l’ordre n’ont pas du tout entamé la détermination de Pierre Nkurunziza à briguer un troisième mandat. Même une tentative de coup d’Etat n’est pas parvenue à débarrasser le Burundi du dictateur. Pendant ce temps, dans le camp de l’Opposition et de la société civile, les signes d’essoufflement sont de plus en plus perceptibles.

Et même si les Burundais gardent intacte leur hostilité à un troisième mandat de Nkurunziza, même si la population continue à répondre aux mots d’ordre de l’Opposition et de la société civile, sur le terrain, on constate que la mobilisation s’affaiblit.

Il y a de quoi se poser des questions sur l’issue de la lutte du peuple burundais

Par ailleurs, les leaders de l’Opposition étant en majorité entrés dans la clandestinité, le manque d’un contact direct avec la population, leur absence dans les rangs des manifestants sont autant de facteurs qui émoussent la motivation. Et Nkurunziza qui est loin d’être naïf, perçoit bien ces signes d’essoufflement et se dit que c’est à l’usure qu’il gagnera son combat contre le peuple. Il n’a peut-être pas entièrement tort, quand on pense que le récent assassinat de l’opposant Zédi Féruzi, qui aurait dû enflammer tout le pays et provoquer le départ du dictateur est plutôt passé comme une péripétie secondaire dans la lutte contre Pierre Nkurunziza. A cette allure, il y a bien de quoi se poser des questions sur l’issue de la lutte du peuple burundais, si les leaders de l’Opposition et de la société civile n’adoptent pas rapidement une nouvelle stratégie ; d’autant que le pouvoir a décidé de mettre en application les recommandations de Dar-es-Salaam en reportant les élections locales qui devraient avoir lieu demain, 5 juin 2015.

Cela dit, en dépit des différentes difficultés relevées et qui, du reste, font partie des réalités de toutes les luttes, il faut dire que la possibilité de se débarrasser du Pasteur existe toujours. Changer de stratégie dans une bataille, c’est faire preuve de responsabilité, de vision et de détermination. C’est pourquoi l’opposition et la société civile burundaises doivent s’y employer sans perdre davantage de temps. Mais cette nouvelle stratégie devrait intégrer certains faits censés remonter le moral des troupes. Au nombre de ceux-ci, figure bien entendu le principe selon lequel ceux qui sont tombés au cours de cette lutte ne doivent pas être morts pour rien. Nkurunziza, pour avoir commis tant de tueries, a perdu toute légitimité et doit non seulement quitter le pouvoir, mais surtout répondre un jour de ces crimes devant un tribunal.

La communauté internationale, l’Occident en particulier, devrait intensifier son action déjà fort appréciable, en rappelant ses ambassadeurs.

Dieudonné MAKIENI


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