HomeA la uneCRISE BURUNDAISE : Nkurunziza marche sur la Constitution et son peuple avec l’onction des USA

CRISE BURUNDAISE : Nkurunziza marche sur la Constitution et son peuple avec l’onction des USA


 

L’opposant burundais, Zedi Feruzi, est tombé sous les balles assassines d’un commando, le samedi 23 mai dernier, alors qu’il regagnait son domicile. Au moment où nous tracions ces lignes, les tueurs n’étaient pas identifiés, mais la probabilité que cet acte ignoble ait été posé par le pouvoir est très forte. En effet, suite au coup d’Etat avorté du Général Niyombaré, l’on pouvait s’attendre à ce que Nkurunziza se livrât à des actes de représailles contre tous ceux qui se sont positionnés ouvertement contre son 3e mandat et qui manifestent, de ce fait, au quotidien, pour sauver la démocratie au Burundi. Et justement, l’infortuné Zedi Feruzi en faisait partie. C’est pourquoi à la question de savoir à qui profite l’élimination physique de ce dernier, l’on peut se risquer à donner la réponse suivante : à Nkurunziza et à tous les anti-démocrates qui le soutiennent. De toute évidence, ce sont eux qui ont intérêt à installer la terreur et la psychose au Burundi, pour dissuader et faire taire toutes les voix que l’homme fort de Bujumbura ne veut pas entendre. Cela nous amène d’ailleurs à nous poser la question de savoir si l’opposition n’a pas commis une erreur stratégique en choisissant d’observer une trêve dans ses actions anti-3e mandat, le week-end dernier. Cette question est d’autant plus pertinente que l’on sait que la moindre baisse de pression sur Nkurunziza peut être mise à profit par ce dernier pour en découdre avec tous ses compatriotes qui ne font plus mystère de leur détermination à l’amener à renoncer à sa forfaiture. Dans la même veine, l’on peut aussi se demander pourquoi la présidente de l’UA (Union africaine), qui avait, avec fermeté, affirmé que le 3e mandat de Nkurunziza était anticonstitutionnel, a autorisé des pourparlers entre l’opposition et le pouvoir pour trouver une issue à la crise dont le seul et unique responsable est Nkurunziza. L’attitude la plus cohérente pour l’UA aurait consisté à rester dans sa logique initiale et à prendre des mesures fortes contre Nkurunziza. Si l’UA avait poursuivi dans cette dynamique, les démocrates du Burundi et ceux d’Afrique n’auraient pas manqué de lui jeter des fleurs. Au lieu de rester sur cette position, l’UA et la communauté internationale (en dehors de Bruxelles) donnent l’impression aujourd’hui de laisser faire Pierre Nkurunziza. Toute chose qui encourage le dictateur de Bujumbura à massacrer son peuple et à poursuivre sa marche obstinée et forcenée vers la confiscation du pouvoir dans son pays.

Une atteinte massive aux droits humains n’est pas à écarter au Burundi

Et pour ne pas arranger les choses, les USA ont martelé la légitimité du pouvoir de l’homme fort de Bujumbura, fixant ainsi le dernier clou au cercueil de la démocratie au Burundi. De ce point de vue, l’on peut dire que l’Oncle Sam a donné son onction à Nkurunziza pour marcher sur la Constitution, les accords d’Arusha et son peuple, à l’effet de s’accrocher au pouvoir. Pourtant, depuis que Barack Obama avait courageusement stigmatisé les hommes forts du continent noir et avait, de ce fait, affirmé que l’Afrique, pour avancer dans la démocratie, avait plus besoin d’institutions fortes que d’hommes forts, tous les démocrates du continent l’avaient applaudi à tout rompre. L’on a donc du mal à comprendre que la même Administration Obama reconnaisse la légitimité du pouvoir d’un des hommes forts d’Afrique qui, de surcroît, n’éprouve aucun scrupule à massacrer son peuple et à terroriser son opposition. Pour une incongruité de la part des USA, c’en est une. C’est pourquoi l’on peut rétorquer aux USA à propos de la légitimité de Nkurunziza en disant ceci : si l’Administration Obama n’a pas le courage de sévir contre Nkurunziza, comme a promis de le faire la Belgique, elle doit au moins avoir la décence de se taire pour ne pas en rajouter aux souffrances du peuple burundais. Cela dit, la question que les opposants burundais sont en droit de se poser aujourd’hui, après l’assassinat de Zedi Feruzi, est de savoir lequel parmi eux sera la prochaine victime de Nkurunziza. Car cet assassinat pourrait être le premier d’une série d’éliminations physiques des opposants au 3e mandat du satrape de Bujumbura. C’est dans un tel contexte que Nkurunziza va reprendre ses tournées dans le cadre de la campagne électorale. Du monde, il en aura à chacune des étapes de ses rendez-vous avec les populations. Il brandira cela pour dire qu’il est populaire et que ceux qui sont contre son 3e mandat représentent une quantité négligeable au Burundi. Mais il oublie, et l’histoire est là pour le démontrer, que, fussent-ils de la pire espèce, tous les dictateurs ont de nombreux partisans derrière eux. Hitler en est un. Pour toutes ces raisons, tout le monde est prévenu. Une atteinte massive des droits humains n’est pas à écarter au Burundi du fait de Pierre Nkurunziza. La Cour pénale internationale (CPI) est particulièrement interpellée pour que ce scénario catastrophe puisse être évité à tout prix.

Pousdem PICKOU


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