HomeOmbre et lumièreCRISE DE L’ENERGIE AU BURKINA : Voilà ce que nous coûte la situation de monopole

CRISE DE L’ENERGIE AU BURKINA : Voilà ce que nous coûte la situation de monopole


Le Burkina Faso vit, ces derniers temps, des délestages très prononcés en matière d’électricité. Dans certains secteurs de la ville de Ouagadougou par exemple, la situation est devenue cauchemardesque pour les pauvres consommateurs. Chaque jour que Dieu fait, les ampoules, les réfrigérateurs et autres congélateurs sont désespérément éteints. L’activité économique s’en trouve donc gravement affectée. Et chacun y va de son commentaire pour apporter une explication à cela.

 

Tout le monde est gravement affecté par les délestages et la colère gronde

C’est pour donner des réponses aux nombreuses questions que se posent aujourd’hui les consommateurs sur les délestages et tendre vers leur réduction, que les responsables de la SONABEL ont organisé une conférence de presse, le dimanche 24 mai dernier. Il en est ressorti que trois facteurs en sont à l’origine. Le premier est relatif aux difficultés d’approvisionnement en carburant que rencontre la société. Le deuxième est lié à la réduction de la puissance importée de la Côte d’Ivoire, qui est passée de 50 Mégawatts à 25 voire 20, suite à un manque de gaz et d’eau dans les barrages hydroélectriques ivoiriens. Le troisième facteur est une panne intervenue sur la liaison entre Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

Par rapport au premier facteur, à en croire les responsables de la société, une opération de transport de combustibles sera organisée très prochainement pour constituer le stock de la SONABEL. Pour ce faire, des accords ont été trouvés après plusieurs tractations entre la SONABHY, l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF),  la douane et les responsables du ministère des Mines et de l’énergie. Le compromis avec l’OTRAF pour rendre disponible le précieux jus, a consisté à augmenter de 20F par litre de carburant transporté. Il nous est revenu que cette requête du syndicat des transporteurs ne date pas d’aujourd’hui. Il se pose alors la question de savoir pourquoi c’est sous la transition que sa satisfaction a été posée comme condition sine qua non pour livrer le carburant. Si l’on en croit les indiscrétions, la grogne des transporteurs serait sous-tendue par des considérations politiques dissimulées. En effet, à ce que l’on dit, les vrais propriétaires des camions citernes chargés de livrer le carburant, seraient des anciens dignitaires du régime Compaoré. Ceux-ci entendent donc, en guise de représailles contre la transition, organiser une pénurie de combustible pour paralyser la SONABEL. Ce qui ne devrait pas manquer de dresser les populations contre les nouvelles autorités du pays. Si cela est avéré, il faut dire que leur objectif est en passe d’être largement atteint aujourd’hui. Car presque tout le monde est gravement affecté par les délestages et la colère gronde, si fait que les interruptions d’électricité à longue durée par ces temps de canicule, pourraient être un vrai sujet de campagne qui peut être développé par le CDP et ses alliés pour séduire les électeurs et regagner leur sympathie.

En effet, sous Blaise Compaoré, et même si comparaison n’est pas raison, il faut reconnaître que les délestages n’ont jamais été aussi sévères qu’ils le sont aujourd’hui.

Le privilège du monopole a conduit la Nationale de l’électricité à dormir sur ses lauriers

Et puis, l’on peut être tenté de dire que si l’on en est arrivé là, c’est que, quelque part, la transition n’a pas su anticiper. Elle l’aurait fait qu’elle aurait trouvé les voies et moyens pour amoindrir les difficultés liées à la fourniture du carburant. Ne dit-on pas d’ailleurs, à juste titre, que gouverner c’est prévoir ? Cette remarque est d’autant plus pertinente qu’il n’y a pas longtemps, la société avait connu ce type de problème lorsque le syndicat des transporteurs routiers, notamment les chauffeurs, en guise de mécontentement, avaient empêché le ravitaillement de la SONABHY en carburant.

Il faut reconnaître qu’encore une fois, la transition aura fait preuve d’amateurisme politique.

Par rapport au deuxième facteur, qui, rappelons-le, est lié à la réduction de la puissance importée de la Côte d’Ivoire qui est passé de 50 Mégawatts à 25 voire à 20, suite, dit-on, à un manque de gaz et d’eau dans les barrages hydroélectriques ivoiriens, l’on peut faire le commentaire suivant. L’on peut d’abord croire à la sincérité des autorités de ce pays. Car, même en RCI actuellement, il y a des délestages. Mais l’on peut aussi croire à la thèse selon laquelle le président ivoirien ADO veut faire payer à la transition, la chute de son « ami » Blaise Compaoré. Cette thèse n’est pas farfelue, au regard du fait qu’entre les nouvelles autorités du Burkina et les responsables ivoiriens, les relations ne sont pas au beau fixe.

Cela dit, les crises de l’énergie à répétition que le Burkina vit depuis pratiquement toujours, pourraient être liées au monopole accordé par l’Etat à la SONABEL. Ce privilège, si l’on peut l’appeler ainsi, a conduit la Nationale de l’électricité à dormir sur ses lauriers pendant que des investissements devaient être opérés pour faire face à la forte demande des populations. Sans ce monopole, l’on peut parier que la SONABEL aurait mis les petits plats dans les grands pour ne pas succomber face à la concurrence afin de fidéliser sa clientèle. Cela a été constaté dans le secteur de la téléphonie mobile lorsque l’Etat l’a ouvert à la concurrence. Quand le système de monopole existait, c’était la croix et la bannière pour souscrire à un abonnement. Dès que les entreprises concurrentes ont fait leur apparition sur le marché burkinabè, souscrire à un abonnement est devenu la chose la plus aisée au monde. Dans le domaine de l’énergie, on pourrait tenter cette expérience. En attendant cette éventualité, il y a des mesures fortes et urgentes que l’Etat peut envisager pour résoudre la crise de l’énergie. La piste de l’énergie solaire pourrait être empruntée. Déjà, certains consommateurs ne jurent aujourd’hui que par la formule des plaques photovoltaïques. Seulement, le coût du matériel est prohibitif. Il serait judicieux donc que l’Etat, en rapport avec ses partenaires, puisse le subventionner pour permettre à un plus grand nombre d’y avoir accès.

Mais cette option doit s’intégrer de manière harmonieuse dans une politique générale cohérente et ambitieuse en matière d’énergie.

Sidzabada


Comments
  • Sibzada, je reconnais avec toi qu’en toute chose le monopole est un oreiller de paresse qui ne permet pas de se remettre et de se développer. Toutefois, en ce qui concerne la SONABEL c’est surtout la duplicité entre le monde économique et politique qui l’a tué. Les véhicules qui livrent le carburant à la Sonabel, certains groupes électrogènes et centrales appartiennent aux tenors du CDP; même les entreprises chargées du nettoyage des locaux. Voilà le vrai problème.
    Le euxième est relatif à l’application de la vérité des prix. Comment peut-on comprendre que le coût de revient du KWH soit de 131 FCFA et le prix de vente de 88 FCFA en moyenne? On me dira que l’Etat va subventionner l’écart soit mais jusqu’à quand? Si l’on tient compte aussi des revendications récurrentes des travailleurs exigeant une augmentation de salaire. C’est vrai qu’on pourrait élaguer les charges superflues de production mais cela restera encore au dessus du prix de vente. Il nous faut un véritable courage pour procéder aux aménagements nécessaires. Cela a un prix que personne du reste ne veut assumer.

    26 mai 2015

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