HomeA la uneCRISE LIBYENNE ET LUTTE CONTRE L’EI : Concilier d’abord Tripoli et Tobrouk

CRISE LIBYENNE ET LUTTE CONTRE L’EI : Concilier d’abord Tripoli et Tobrouk


 

Les rencontres se succèdent mais la solution pour mettre définitivement fin à la crise militaro-politique libyenne tarde à venir. En effet, pas plus tard qu’hier, des pourparlers interlibyens se sont poursuivis au Maroc, avec l’espoir de trouver un remède approprié au cancer qui ronge la Libye depuis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011. L’objectif, cette-fois ci, est  de parvenir à la formation d’un gouvernement d’union nationale. Car, faut-il le rappeler, la Libye compte à ce jour, deux gouvernements et deux parlements, l’un à Tripoli et l’autre à Tobrouk. Il s’agit donc d’amener les deux gouvernements rivaux à n’en faire qu’un. Une chose qui semble plus facile à dire qu’à réaliser. En effet, le gouvernement de Tripoli est dirigé par une coalition de milices lourdement armées dont certaines sont islamistes, tandis que le gouvernement de Tobrouk lui, est laïc et reconnu par la communauté internationale.  C’est  dire que  ce gouvernement d’union nationale tant attendu accouchera dans la douleur, si tant est qu’il puisse voir le jour. Or, tant que les laïcs et les islamistes ne se seront pas réconciliés, il sera difficile voire impossible de pacifier la Libye. On ne le sait que trop bien, la Libye est devenue aujourd’hui le sanctuaire des djihadistes de tous poils. Cela est d’autant plus vrai que même l’Etat islamique (EI) a commencé à prendre véritablement racine dans ce pays. En témoigne la prise de la ville d’Haroua, à l’Est de Syrtre, par cette organisation islamique. Or, il est notoire que l’EI ne fait pas dans la dentelle, tant le groupe dispose de puissants moyens militaires.  En vérité, la Libye est dans une situation même plus complexe que la Somalie qui, elle au moins, dispose d’un Etat et n’a qu’un seul ennemi à combattre, les Shebabs. Mieux, ce pays est soutenu à bout de bras par le Kenya et par bien d’autres organisations internationales comme l’Union africaine à travers l’AMISOM. Ce qui est loin d’être le cas pour la Libye qui, il faut le dire sans détour, est abandonnée à elle-même.

La bataille contre l’EI ne sera pas une balade de santé

Toutefois, l’espoir de voir la Libye sortir de cette crise qui n’a que trop duré, n’est pas totalement perdu. En effet, les voisins de la Libye semblent avoir pris la pleine mesure du péril. Les rencontres tous azimuts en Algérie, en Egypte, au Tchad et au Maroc, sont la preuve que ces Etats ont compris que tant que la Libye ne sera pas stabilisée, toute tentative de résolution de la crise restera vaine. Et le fait que le dialogue qui ne faisait pas l’unanimité a été retenu comme la voie privilégiée pour résoudre la crise libyenne, n’est pas fortuit. Face à l’inaction des Occidentaux, il faut bien chercher à se défendre, à se protéger de la peste islamiste qui avance à grands pas. Sous cet angle, on peut  dire que les voisins de la Libye ont bien compris tout l’intérêt de l’anticipation. D’ailleurs, comme le dit l’adage, lorsque la case du voisin brûle, il faut y apporter de l’eau. A présent, tout le mal que l’on puisse leur souhaiter est que ces pays réussissent à faire taire les divergences entre  laïcs et islamistes. En tout cas, si l’on veut bouter l’EI hors de la Libye, il faut nécessairement réconcilier d’abord Tripoli et Tobrouk. A défaut d’une coalition internationale, une mutualisation des moyens humains et matériels de ces deux groupes rivaux pourrait permettre de stopper l’élan ravageur de cette organisation dont l’ambition est de faire de la Libye un de ses grands califats. La bataille contre l’EI ne sera pas une balade de santé. Elle sera longue et difficile. Mais le jeu en vaut bien la chandelle, car le salut de la Libye passera par la victoire sur l’EI et tous les autres groupes djihadistes en passe de mettre ce pays sous coupe réglée.

Dabadi ZOUMBARA  


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