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CRISE SECURITAIRE AU BURKINA


Au lendemain de l’adresse du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, à la Nation, l’heure est aux grandes manœuvres. En effet, une fièvre générale semble s’être emparée du pays et cette brusque montée de la température est perceptible non seulement du côté de l’Etat-major général des armées (EMGA) et de la Justice, mais aussi du côté des quartiers généraux (QG) des organisations politiques et de la société civile. Du côté de l’EMGA, même si la Grande muette, fidèle à son nom, n’a pipé mot pour l’instant, il se susurre que de grandes opérations militaires sont menées sur la ligne de front, notamment du côté de Barsalogho où avaient tragiquement péri, il y a peu,  dans une embuscade, des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS). De nombreuses bases terroristes auraient été démantelées et de nombreux terroristes envoyés ad patres. Parallèlement, les lignes ont aussi bougé du côté de la  Justice en ce qui concerne les enquêtes sur le massacre de Solhan avec l’arrestation de deux personnes qui ont été aussitôt écrouées.

 

Chacun des acteurs est dans son rôle

 

Mais ces avancées positives sur le front de la lutte contre le terrorisme, ne semblent pas suffisantes pour faire reculer les partis politiques de l’Opposition et certaines Organisations de la société civile qui s’apprêtent à battre le macadam pour exiger du pouvoir et ses alliés, encore plus de résultats dans le domaine de la sécurité. Et même si le Balai citoyen se démarque de ces manifs pour, dit-il, ne pas se laisser prendre dans la nasse des politiciens, il n’entend pas se montrer complaisant vis-à-vis de l’Exécutif burkinabè qu’il a attrait en Justice pour non-assistance à personne en danger.  Le moins que l’on puisse dire de cette atmosphère qui se surchauffe au Burkina Faso, c’est que chacun des acteurs est dans son rôle. C’est le rôle régalien de l’armée de défendre et de sécuriser le territoire national et de rétablir, conformément à l’engagement pris par le chef de l’Etat lors de son dernier discours à la Nation, la confiance entre elle et le peuple qui ne cesse de se poser des questions sur l’avenir de notre pays. Tout en regrettant que les actions musclées en cours ne soient pas menées de façon préventive pour éviter le massacre des civils qui sont aujourd’hui la nouvelle cible des terroristes, l’on ne peut que souhaiter qu’elles s’inscrivent dans la durée pour ramener la paix dans les zones de conflits. Cela est d’autant plus important que la saison des pluies est en train de s’installer et que les populations ont besoin de retourner dans leurs champs pour éviter que la crise sécuritaire ne se double d’une grande famine. Quant à l’Opposition politique qui appelle à manifester, elle est aussi dans son rôle. Le rôle d’une Opposition républicaine est de dénoncer les travers de la majorité au pouvoir. Les manifs qu’elle entend organiser, sont d’autant plus légitimes qu’elle ne peut pas s’emmurer dans le silence pendant qu’on massacre les populations. Ce serait se rendre complice de la gouvernance sécuritaire du président Roch Marc Christian Kaboré qu’elle soupçonne de vouloir l’endormir dans d’interminables palabres politiques.

 

Le président Roch Marc Christian Kaboré semble avoir pris la mesure de la situation

 

Les OSC sont aussi dans leur rôle de veille citoyenne et d’éveil des consciences quand elles mettent le gouvernement au pied du mur et précisément, cette fois-ci, au pied du mur de la Justice qui est invitée à trancher dans le sens de la préservation des intérêts publics et surtout dans le sens de la responsabilisation de ceux qui assument l’autorité de l’Etat.   Cela dit, la liberté de manifester est garantie par la Constitution du Burkina Faso sous réserve du respect de la réglementation en vigueur. Et à ce propos, on peut se réjouir que la mairie centrale ait marqué son accord pour la marche du CFOP. Les marches de l’Opposition ne devraient pas inquiéter outre mesure d’autant plus que rien ne laisse entrevoir  a priori une planification d’actes attentatoires à l’ordre public. Si le régime est agacé, cela signifie qu’il a des choses à se reprocher et que Roch Marc Christian Kaboré et ses camarades craignent que les revendications portées par l’Opposition ne fédèrent les populations contre leur pouvoir qui pèche dans bien des domaines.  Cette crainte est d’autant plus fondée que le précédent malien avec la chute du président Ibrahim Boubacar Kéita, est encore frais dans les mémoires. Ç’aurait été la pire des erreurs que de vouloir interdire ces manifestations car, non seulement cela aurait poussé les populations à défier l’autorité de l’Etat en raison même de la légitimité de leurs revendications, mais cela aurait été aussi une grave remise en cause de l’Etat de droit qui est le fondement même du pouvoir actuel. La seule attitude qui vaille pour désamorcer cette crise socio-politique, est d’ôter à ceux qui revendiquent, des arguments en produisant plus de résultats sur le terrain de la lutte contre l’insécurité. Le président Roch Marc Christian Kaboré semble avoir pris la mesure de la situation en limogeant les deux ministres en charge de la défense et de la sécurité dont les têtes étaient réclamées par l’Opposition. Mais l’on peut douter que le seul changement d’hommes suffise à inverser les rapports de forces sur le terrain. Car, en 6 années de pouvoir, le président a eu 3 ministres de la Défense, 3 ministres de la Sécurité et 3 chefs d’Etat-major. Plus que les hommes, c’est donc le système ou la politique mise en œuvre qu’il faut surtout revoir.

 

« Le Pays »    


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