HomeA la uneCRISE SECURITAIRE AU SAHEL : Faut-il craindre le pire ?

CRISE SECURITAIRE AU SAHEL : Faut-il craindre le pire ?


Alors que la situation sécuritaire au Mali, fait l’objet de controverses autour des chiffres sur les dernières attaques qui ont entraîné de nombreuses pertes en vies humaines, l’hydre terroriste poursuit son travail de sape et sa progression au Burkina Faso et au Niger. Dans ces deux pays voisins, des exactions et autres attaques meurtrières contre des populations civiles ou des positions des Forces de défense et de sécurité (FDS), sont signalées au quotidien, ça et là. Ainsi, de Tillabery au Niger, à Djibo et à Pama au Burkina Faso, entre autres, les populations crient leur désespoir face aux incursions meurtrières des fous d’Allah.  Le pire est que non contents de semer la mort et la désolation sur leur passage, les terroristes prennent un malin plaisir à saboter des infrastructures hydrauliques ou de télécommunications, quand ce ne sont pas des récoltes entières qui sont brûlées ou saccagées là où des travaux champêtres ont pu avoir lieu ; dans le but d’isoler ou d’affamer des populations qui ne savent plus à quelle armée se vouer.

 

Plus d’un mois après la prise du pouvoir par le désormais ex-MPSR, les lignes peinent encore à bouger véritablement sur le front sécuritaire

 

Face à cette situation hautement préoccupante, faut-il craindre le pire ? La question est d’autant plus fondée que face à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la descente aux enfers pour les populations du Sahel, se poursuit  inexorablement, sans qu’aucune stratégie visible ni lisible de retournement de la situation ne se dégage clairement. Au Burkina Faso, le récent changement de régime avec la chute de l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré, déposé le 24 janvier dernier par un coup d’Etat militaire, avait fait naître l’espoir de lendemains meilleurs. D’autant que dans leur profession de foi de prise du pouvoir, les tombeurs de l’ex-président se fixaient comme priorité des priorités, la restauration, dans les meilleurs délais, de l’intégrité du territoire et le retour des déplacés internes dans leurs localités d’origine. Une annonce solennelle qui avait réjoui plus d’un Burkinabè qui voyaient dans le putsch du lieutenant-colonel Paul Henri Damiba et ses camarades du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), un coup d’Etat salvateur pour les habitants du Faso. Eux qui ne rêvent que de voir le bout du tunnel face aux attaques terroristes qui ne sont pas loin d’avoir raison de leur résilience. Mais plus d’un mois après la prise du pouvoir par le désormais ex-MPSR, les lignes peinent encore à bouger véritablement sur le front sécuritaire. Et l’impatience commence à gagner les populations soumises à une forte pression des terroristes sur le terrain.  Ainsi, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, on ne compte plus les actes de bravade des terroristes ni les appels au secours des populations.  Parmi ces nombreux cris de détresse, ceux des habitants de Djibo, dans le Nord et de Pama à l’Est, assiégés par les forces du mal depuis quelque temps, et qui doivent davantage interpeller les nouvelles autorités sur la nécessité d’aller tout de suite et maintenant à l’assaut.

 

Le président Damiba et ses camarades doivent travailler à éviter que le doute s’installe dans les esprits de leurs compatriotes

 

D’autant que dans leur stratégie d’isolement de ces localités, les terroristes n’hésitent pas à poser des actes de sabotage d’installations téléphoniques ou d’empoisonnement de retenues d’eau, comme cela a été récemment signalé dans la ville symbole du Nord. Faut-il attendre que Djibo tombe ? Ce serait un bien mauvais signal pour ce Burkina qui se veut toujours debout dans la lutte contre le terrorisme. Bien entendu, il ne s’agit pas de demander au président Damiba et à ses camarades d’enrayer du jour au lendemain, comme par un coup de baguette magique, le terrorisme du Burkina. Mais il urge de poser illico presto des actes visibles et lisibles visant à stabiliser voire à contenir dans un premier temps les attaques terroristes, avant de travailler à inverser progressivement la tendance sur le terrain. C’est en cela qu’ils contribueront à renforcer  la confiance des populations en eux, tout en entretenant l’espoir d’un retour imminent des déplacés internes, dans leurs localités d’origine. C’est le principal défi qui vaille aujourd’hui aux yeux des Burkinabè au point de justifier leur relative mansuétude face à certains impairs dans l’installation des nouvelles autorités. C’est pourquoi le président Damiba et ses camarades doivent travailler à éviter que le doute s’installe dans les esprits de leurs compatriotes. En cela, ils doivent mettre un point d’honneur à apporter une réponse urgente, rapide et rassurante à la progression des groupes terroristes sur le terrain. Le combat pour la bonne gouvernance et la réconciliation nationale viendrait ensuite en appoint de la lutte contre le terrorisme dans la construction du Burkina nouveau dont ils se sont donné pour mission, de  jeter les bases. S’ils ne se trompent pas de priorité face aux fortes attentes des Burkinabè, ils pourront alors avoir l’adhésion de leurs compatriotes pour réussir cette lourde et difficile mission. C’est tout le mal qu’on leur souhaite.

 

 « Le Pays »

 


No Comments

Leave A Comment