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CRISE SECURITAIRE AU SAHEL  


Tant qu’il se menait sur d’autres théâtres, il était vu comme un phénomène trop lointain des pays africains pour inquiéter outre mesure. Et pourtant, il a fini par atterrir en plein milieu du Sahel, à la faveur de l’incursion djihadiste de 2013 au Mali, stoppée in extremis par la France de François Hollande qui a déployé les grands moyens pour arrêter la horde d’islamistes enragés qui fondaient, depuis la Libye, tels des rapaces, sur la capitale malienne avec la ferme intention d’installer leurs pénates à Bamako. Lui, c’est le terrorisme qui, en moins d’une décennie, a poussé des ramifications  dans toute la bande sahélo-saharienne et sévit aujourd’hui dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui souffrent le martyre d’attaques plus meurtrières les unes que les autres,  avec des populations désemparées qui ne savent plus à quelle armée se vouer. Le dernier fait en date est l’attaque, le 18 août dernier, d’un convoi civilo-militaire qui a coûté la vie à une cinquantaine de personnes sur l’axe Arbinda-Dori, aux encablures de la localité de Gorgadji, dans le Nord du Burkina Faso.

 

C’est à se demander si les terroristes ne sont pas actuellement en campagne dans ces trois pays

 

Une attaque qui survient un peu moins de deux semaines après celle du 5 août dernier dans la localité de Markoye, non loin de la frontière avec le Niger, dans laquelle une trentaine de victimes civiles et militaires avaient déjà péri. Dans le même laps de temps, les forces du mal se livraient à des orgies sanglantes au Mali où une cinquantaine de civils étaient massacrés, le 8 août dernier, dans des villages de la région de Gao, et au Niger où une quarantaine d’autres civils dont des femmes et des mineurs tombaient, le 16 août dernier, à Darey-Dare, dans la localité de Banibangou dans la région de Tillabery. C’est à se demander si les terroristes ne sont pas actuellement en campagne dans ces trois pays, dans leur croisade meurtrière. Quoi qu’il en soit, c’est un sale temps pour les populations du triangle de la mort, à la frontière commune entre ces trois pays, obligées de vivre la peur au ventre, dans la hantise permanente du danger et dans la crainte de la prochaine attaque. La question fondamentale est la suivante : quand prendra fin la spirale de ces violences aveugles contre des populations innocentes et surtout d’où viendra le salut pour les pays du Sahel engagés dans une si longue guerre contre un ennemi aux desseins encore largement obscurs ? La question est d’autant plus fondée que dans cette guerre d’usure où les adversaires se rendent coups pour coups, la bête venimeuse a jusque-là fait preuve d’une capacité extraordinaire de rebondissement chaque fois qu’on la croyait mortellement touchée au flanc, face à des armées nationales qui sont aussi montées en puissance. La preuve en est que dans les échanges de tirs de l’attaque d’avant-hier, une soixantaine de terroristes ont été « neutralisés », selon la formule désormais consacrée par les Forces de défense et de sécurité (FDS) burkinabè. C’est la preuve que nos FDS ont su quelque part s’adapter à cette guerre asymétrique, faite de barbarie et de lâcheté, imposée par les forces du mal.

 

Cette nouvelle attaque devrait être un moment d’introspection et d’interrogations sur la meilleure stratégie à apporter

 

 

Mais tout porte à croire qu’il y a encore d’énormes efforts à faire pour trouver la bonne formule puisque le mal persiste, et nos soldats continuent de tomber dans des embuscades, quand ils ne sautent pas sur ces dangereux engins explosifs appelés IED, dans leur mission de protection des populations. Quand on ajoute à cela le fait que la collaboration pleine et entière des populations, est loin d’être totalement acquise en raison de la pression des terroristes sur ces mêmes populations, il y a de quoi se convaincre que la lutte contre le terrorisme est moins une question d’hommes que de stratégie pour contrer l’adversaire. A preuve, malgré le changement de têtes aux ministères de la Défense et de la sécurité, le Burkina peine toujours à trouver la parade. C’est dire si en prenant lui-même en main le ministère de la Défense à la faveur du dernier remaniement ministériel, le chef de l’Etat burkinabè joue gros en s’exposant à la critique de ses adversaires avec cette série macabre qui se poursuit. En tout état de cause, c’est une nouvelle attaque qui vient rappeler, une fois de plus, la nécessité de toujours garder l’arme au pied. Au-delà, elle devrait être un moment d’introspection et d’interrogations sur la meilleure stratégie à apporter en réponse à ces attaques dont on peut craindre, à la longue, qu’elles ne finissent par avoir raison de la résilience de nos populations.

 

« Le Pays »

 

 


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