CSPS DU SECTEUR 6 DE BANFORA :Les travailleurs débraient après l’agression d’une sage-femme
Le CSPS de Flantama sis au secteur 6 de la ville de Banfora est resté fermé toute la journée du 15 février 2017. Cela a été décidé et mis en exécution par les agents dudit centre de santé, pour exprimer leur désapprobation vis-à-vis de l’agression d’une sage-femme par un usager, dans la soirée du 14 février 2017.
De l’avis de Traoré/Gouem Aminata, adjointe du major du CSPS de Flantama qui se trouve au secteur 6 de la cité du paysan noir, c’est la première fois, depuis qu’elle exerce dans ce centre, qu’une telle situation se produit. Tout en souhaitant qu’elle soit la dernière, elle relate que c’est dans la soirée du 14 février 2017 vers 16h, qu’un monsieur, c’est-à-dire l’agresseur, est arrivé au CSPS avec la déclaration de naissance de son enfant ; laquelle déclaration avait été remise à son épouse un jour plus tôt, dans la matinée. L’agresseur n’était visiblement pas satisfait de constater que la déclaration de naissance porte deux dates différentes, à savoir celle du 14 février 2017 et celle du 21 janvier 2017, jour de la naissance de son enfant. Et il disait être venu pour mieux comprendre pourquoi sa femme a accouché le 21 janvier 2017 et la date du 14 février figure sur la déclaration. La sage-femme, poursuit Aminata Traoré, lui a fait comprendre que cela ne pose aucun problème dans la mesure où la déclaration n’a pas été faite le 21 janvier 2017, jour de la naissance. Elle lui a même dit qu’il pouvait se rendre à la mairie pour se renseigner et que si les agents de l’état civil trouvent à redire, il pouvait revenir les voir au CSPS. Sur ces mots, la sage-femme est allée dans son bureau. Pendant ce temps, le monsieur a joint quelqu’un au téléphone, à qui il a expliqué qu’il est venu trouver une sage-femme « batarde » qui lui a mal parlé. Ce qui, naturellement, n’a pas été du goût de cette dernière qui est ressortie pour lui dire de ne plus l’insulter. Il n’en fallait pas plus pour que le monsieur lui administre deux gifles avant de la bousculer violemment au point qu’elle s’est cogné la tête contre le mur. De l’avis de l’adjointe du major, cela a beaucoup peiné sa collègue et à peine a-t-elle regagné son domicile à 17h après sa descente de permanence, que sa collègue a commencé à mal se sentir puisqu’elle est hypertendue. Elle a été transportée au service des urgences du CHR où elle a passé quelques heures.
« En tout cas, nous ne sommes pas prêts à tolérer ce genre de comportements dans nos formations sanitaires »
En apprenant la nouvelle de ce malheureux incident aux premières heures du 15 février 2017, les agents du CSPS ont décidé de ne pas consulter le moindre patient, pour marquer de leur désapprobation. Très rapidement, le Médecin-chef du district (MCD) sanitaire de Banfora, le Directeur régional (DR) de la Santé et par ricochet l’administration centrale à travers le gouvernorat, sont saisis. Leur intervention ne fait pas fléchir les agents du CSPS, soutenus dans leur protestation par le bureau et les militants de la section provinciale SYNTSHA de la Comoé. Le SG du SYNTSHA Comoé, Emile Ilboudo, qui a été au chevet de la sage-femme le jour même de son internement au CHR, condamne lui aussi, avec la dernière énergie, cette agression. Selon lui, le syndicat a dû se saisir de l’affaire pour que ce ne soit pas le désordre. Il ajoute que c’est d’ailleurs parce que la situation a évolué dans le sens que voulaient le syndicat et l’ensemble des travailleurs de la Santé que le CSPS a rouvert dès le 16 février 2017. A l’entendre, l’agresseur, contre qui une plainte a été déposée, est revenu demander pardon. Il promet faire amende honorable. Toutefois, confie Emile Ilboudo, la plainte suit son cours, même si au regard des supplications de l’agresseur, les agents, s’ils le pouvaient, allaient la retirer. « En tout cas, nous ne sommes pas prêts à tolérer ce genre de comportements dans nos formations sanitaires. Les patients sont notre raison d’être et nous sommes conscients qu’une fois que quelqu’un se présente dans un centre de santé, il n’est plus lui-même. Voilà pourquoi nous encaissons beaucoup de choses. Mais il faut que les usagers sachent que nous avons aussi des limites. Certes, par moments, les agents peuvent mal se comporter, mais porter la main sur un agent de santé qui, de surcroît, se trouve à son poste de travail, est intolérable. Un agent peut être indélicat, c’est vrai, mais nous demandons à la population, qui dispose d’ailleurs de plusieurs voies de recours, de comprendre et d’éviter d’agresser », a martelé Emile Ilboudo.
Mamoudou TRAORE