HomeA la uneDECES DE TOOGHO NAABA KOUGRI : Le Yatenga en pleurs

DECES DE TOOGHO NAABA KOUGRI : Le Yatenga en pleurs


Le royaume du Yatenga vient de perdre un des piliers de la royauté. Le Toogho Naaba Kougri, premier ministre du Roi de Yatenga, est décédé dans la nuit du lundi 28 mai 2018, à Ouagadougou, des suites d’une longue maladie. Il a été porté sous la terre de ses ancêtres à Ouahigouya, le mardi 29 mai 2018, dans la soirée, sur la route de Gourga à quelques encablures de la ville. C’était en présence de sa famille, de parents, des chefs traditionnels. Y étaient également présents les amis, collègues, connaissances et sympathisants du défunt. Recueillement, prières, témoignages dans une ambiance de vives émotions et hommages à l’illustre disparu, sont quelques temps forts qui ont marqué les obsèques funéraires.

 

Né en 1948 à Ouahigouya, le Toogho Naaba Kougri, à l’état civil Amadé Ouédraogo, n’aura vécu que 70 ans. Alors qu’il aura lutté contre la maladie depuis plus d’un an, ses forces l’ont malheureusement lâché dans la nuit du lundi 28 mai dernier, à Ouagadougou. Cet homme que toute la population du Yatenga pleure, aura marqué de son vivant les esprits. Selon les informations, il était intègre, travailleur, rassembleur et conciliant. Sur le plan de la tradition, il aurait bien accompli les tâches que lui confiait Sa Majesté Naaba Kiiba. En tant que premier ministre, il était l’œil et l’oreille de Naaba Kiiba.

C’est dans la soirée du mardi 29 mai 2018 qu’il a été inhumé dans sa ville natale en présence de sa famille, des parents, des chefs traditionnels, autorités coutumières et religieuses, amis, collègues et connaissances. Des prières et des témoignages ont été dits en hommage à l’illustre disparu, dans une ambiance de vives émotions.

A 70 ans, l’illustre disparu laisse derrière lui 14 enfants, 12 petits-fils mais également avec eux, des parents, amis et collaborateurs dans une profonde douleur, une population inconsolable sans oublier le Royaume du Yatenga  pour lequel il s’est battu durant sa vie. Que son âme repose en paix !

Mahamoudou ZONGO

 TEMOIGNAGES DE QUELQUES PERSONNALITES LORS DES OBSEQUES

 Le Rassam Naaba

 « Je voudrais dire merci à la Radio Wend-Panga et au journal « Le Pays » d’avoir effectué le déplacement pour venir nous entendre. C’est vrai, le Toogho Naaba est le premier ministre de Sa Majesté Naaba Kiiba. Il est l’œil et l’oreille de Sa Majesté. S’il y a un événement en perspective, Sa Majesté informe d’abord le Toogho Naaba qui est chargé ensuite de porter l’information à la population. Il était un travailleur et un rassembleur. Il ne garde aucune rancune contre quelqu’un. Depuis son règne, nous n’avons jamais observé une ambiguïté entre lui et qui que ce soit. Il était intègre dans tout ce qu’il faisait, notamment dans les rituels traditionnels. C’est ce que je retiens de cet homme. Sa disparition nous attriste beaucoup ».

Bangr Naaba Toudwendé

 « Nous remercions Dieu pour ce qu’il fait et la Radio Wend-Panga pour s’être déplacée pour ce triste événement. Nous avons appris la triste nouvelle. Il ne nous appartient pas de dire quoi que ce soit. Cela incombe à Naaba Kiiba. C’est lui le garant de la tradition dans le Yatenga. Et comme c’est lui qui nous a délégué, nous lui disons merci. Nous prions pour que la terre soit légère au défunt. Il a été et est resté un fidèle musulman. Tout ce monde présent, prie que Dieu le reçoive parmi les saints. Je demande à chacun d’être tolérant, de savoir pardonner et de suivre Dieu. C’est ce que cet homme que nous pleurons, a été de son vivant. Que la terre lui soit légère. A vous les journalistes, je vous encourage dans votre travail. Votre travail n’est pas monnayable. C’est Dieu qui saura vous bénir ».

 

Vieux Lassané Sawadogo de la Radio Wend-Panga

 

« Ce que je retiens et peux donner comme témoignage de lui, c’est que quand nous étions plus jeunes, nous avons conduit  ensemble les troupeaux au pâturage. C’est vrai qu’il me dépasse en âge, mais nous avons cheminé ensemble. Il paissait les animaux de son oncle, le frère cadet de son papa avec ses autres camarades et moi, je gardais le troupeau de mon père. C’est après qu’il est parti à Ouagadougou et il s’exerçait au métier du cinéma jusqu’à la retraite. Son intronisation comme Naaba de Toogho l’a contraint à revenir au Yatenga. On se voyait pratiquement tous les jours. Il était allé à Ouagadougou pour des soins et c’est le 28 mai 2018, à travers un communiqué, que j’ai appris son décès. Sa disparition laisse un vide parmi les chefs traditionnels. Il comptait parmi les quatre ministres de Sa Majesté. Ces ministres représentent les quatre piliers de la royauté, qui gravitent autour de Sa Majesté, à savoir le Toogho Naaba, le Baloum Naaba, le Werang Naaba, le Rassam Naaba. Un de ses piliers s’est déraciné. Et vous voyez tous ces chefs, la tristesse se lit sur leur visage. Je pense que s’ils pouvaient faire quelque chose pour réveiller le mort, ils le feraient, mais hélas ! Nous prions pour que les trois autres piliers ainsi que Sa Majesté fassent preuve de courage et de pardon. Nous comprenons la douleur, mais c’est Dieu qui pourra les aider à surmonter ce fardeau qui pèse sur leurs épaules. Nous disons que c’est le temps de Dieu pour le Toogho Naaba aujourd’hui et nous prions qu’Il l’accueille dans sa demeure éternelle ».

 

Noufou Porgho

  

« Je suis là en tant que représentant du chef de Ninigui, pour présenter nos condoléances à la famille du disparu. Sa plus jeune épouse est notre fille. Son règne s’étend également jusqu’à Ninigui. Nous sommes profondément touchés, parce que c’est notre chef qui a été emporté. Nous passons d’abord par lui avant d’accéder à Sa Majesté Naaba Kiiba. Depuis hier, quand nous avons appris la  triste  nouvelle, le chef m’a rapidement délégué pour venir assister aux obsèques et transmettre ses condoléances à toute la population. Il est le premier ministre de Naaba Kiiba. Nous prions que son âme repose en paix. Grâce à lui, nous vivons en paix à Ninigui et avec tous ceux qui nous entourent. Nous ne savons pas si on pourra trouver un chef qui régnera sur Ninigui ».

Abdoulaye Ouédraogo

 

«Ce que je retiens de cet homme, c’est que c’est notre papa et notre chef également. De son vivant, sa seule préoccupation était d’arranger et non de détruire. Il a été intronisé sous nos yeux et il a régné sous nos yeux. Nous ne l’avons jamais vu faire une discussion avec quelqu’un. En tant que chef, il a toujours dit qu’il ne laisserait pas un problème entre les mains de la Justice ou de la gendarmerie. Il cherchait une solution à tout problème. Il était irréprochable. C’est le lendemain de la fête du Ramadan de l’année dernière qu’il est allé à Ouagadougou pour un bilan de santé ; et c’est aujourd’hui que nous apprenons son décès. Que la terre lui soit légère et que Dieu protège ceux qu’il a quittés ».

CURRICULUM VITAE

 

  1. Amadé Ouédraogo, « Toogho Naaba Kougri, » premier ministre du Roi du Yatenga

 

Né en 1948 à Ouahigouya, il commence son aventure à Bobo-Dioulasso en 1959. Il est admis au garage Aubaret comme aide-mécanicien moto en 1961. Il quitte le garage Aubaret en 1966, avec un diplôme de 7e catégorie comme mécanicien en ajustage auto.

Pendant sa formation technique, il poursuit des cours classiques en autodidacte. Il effectue deux (2) recyclages en France à Amiens, pour sa fonction technique.

En 1967, il réussit à un test au service de l’information pour travailler dans le projet allemand appelé SOTEZA. En fin 1975, il entre au centre régional de l’information à Bobo-Dioulasso comme responsable de la cinématographie et faisant fonction de reporter-photographe pour le journal « Carrefour africain » et le « Quotidien » pour le service de l’information à Ouagadougou.

  En 1983, il fut réaffecté à Ouagadougou et mis à la disposition de la Direction nationale de production cinématographique (DIPROCI). En 1985, il est président de l’association professionnelle des techniciens Opérateurs de diffusion cinématographique du Burkina (APTOCIB) à sa fondation.

En 1986, il intégra le secrétariat général du FESPACO, à la disposition de la cinématographie africaine, service maintenance restauration, conservation et formation.

En 1991, il réalisa un film documentaire avec trois étudiants Amiénois en étant acteur principal, film tourné à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso.

En 1995, il fut nommé chef de service au service de la conservation au secrétariat général du FESPACO.

Le 31 décembre 2001, il est admis à la retraite.

Le 8 juin 2002, il fut intronisé Toogho Naaba du royaume traditionnel du Yatenga, qui signifie Premier ministre du Roi du Yatenga. Il prit le nom de Toogho Naaba Kougri.

 

Depuis le 17 février 2004, il est membre du comité de pilotage pour le développement de la commune de Ouahigouya.

Le  7 septembre 2006, il fut élu président de l’association des coutumiers du Yatenga pour la population.

Le 25 novembre 2007, il fut décoré Ambassadeur de la paix universelle.

En 2009, il fut décoré de la médaille de l’Ordre du mérite des arts et de la culture.

En 2016, il fut décoré chevalier de l’Ordre du mérite burkinabè.

Il laisse derrière lui 14 enfants et 12 petits-fils.


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