HomeA la uneDEGUERPISSEMENT DE LA FAMILLE OUEDRAOGO A OUAHIGOUYA : Le PDG de la société de transport STNF met toute une famille dans la désolation.

DEGUERPISSEMENT DE LA FAMILLE OUEDRAOGO A OUAHIGOUYA : Le PDG de la société de transport STNF met toute une famille dans la désolation.


Le mal  était déjà consommé quand nous fîmes notre arrivée dans la cour de la famille Ouédraogo, sise au secteur 7 de la ville de Ouahigouya. C’était dans la matinée du samedi 16 juillet 2016 que ladite famille fut obligée de libérer immédiatement les lieux qu’elle occupait et cela sous la menace des Forces de sécurité et d’huissiers venus de Ouagadougou pour la circonstance. Tôles, fenêtres, chevrons… rien n’est resté dans la cour après le déguerpissement commandité par le PDG de la société de transport STNF, Harouna Ouédraogo.  

 

Pleures, amertumes, malédictions, toutes ces expréssions  étaient au rendez-vous dans la matinée du samedi 16 juillet 2016 dans la famille Ouédraogo. Les aveux de nos aïeux ne tiennent plus, surtout quand il s’agit d’histoires de parcelles. On ne se soucie plus de la vie de son ego. En effet, le samedi 16 juillet 2016, dans le quartier Bobossin du secteur 7 de la ville de Ouahigouya, armées jusqu’aux dents, les forces de sécurité, notamment les CRS, ont envahi une cour familiale ainsi que ses alentours. Des Huissiers également se sont mis dans la danse car il était question de foncier. En termes claires, cette famille devait libérer les installations occupées au profit d’un entrepreneur de la place. Un entrepreneur qui n’est autre que  le PDG de la Société de Transport Nord Faso (STNF), Harouna Ouédraogo. Il faut dire que la parcelle en question a été vendue à ce dernier sans que les habitants de la cour ne soient mis au courant. La cour abritait plus de 16 maisons à plusieurs pièces et tous ses occupants se sont vus contraints de la quitter. Mais qu’elle serait le sort de ces personnes ? Question sur laquelle l’entrepreneur ne s’est pas prononcé. La famille Ouédraogo a vite fait de faire venir des taxis-motos, des charrettes, en un mot de quoi pouvoir embarquer ses  effets. Avec l’aide des voisins, les toits furent immédiatement enlevés, les portes arrachées les fils d’installation électrique enlevés. Rien n’est resté dans la cour. Ce qu’il faut savoir c’est que le propriétaire de la cour en question n’est plus de ce monde. Il est bien vrai que la famille Ouédraogo qui vivait dans la cour ne dispose d’aucun papier juridique attestant sa présence, mais elle s’y serait basée sur l’autorisation d’occupation du propriétaire qui, hélas, ne vit plus. Après avoir payé une portion de la parcelle, le PDG de STNF est parvenu finalement à s’accaparer de tout le lot. Il est évident qu’il détient légalement les papiers de la parcelle et s’est investi le droit de déloger la famille Ouédraogo. Ce sont les CRS, avec leurs armes au point,  qui ont veillé à ce que tout se passe comme il se doit et dans l’intérêt bien sûr du PDG Harouna Ouédraogo. La famille Ouédraogo se doit désormais de trouver une nouvelle demeure. Entre désolations et amertumes, certains riverains n’ont pas pu s’empêcher de lui venir en aide dans son déménagement. L’entrepreneur s’est donné le plaisir de déguerpir la famille des lieux pour en faire la gare

de sa société de transport. La fille du chef de la famille, Mariam Ouédraogo, a déclaré : « Nous, nous rendons grâce à Dieu et nous pensons qu’Il payera chacun pour ses œuvres accomplies sur terre. A l’heure actuelle, si vous regardez bien, la parcelle est divisée en deux parties. C’est la petite portion qui avait été vendue à Harouna par le propriétaire. Hélas ! Ce dernier est décédé et la maison est revenue à son épouse qui n’est plus non plus. Mais après le décès de cette dernière, la maison est revenue à sa jeune fille sous forme d’héritage. C’est cette fille qui a vendu la parcelle à Harouna Ouédraogo. Celui-ci, voyant sur les papiers que tout le lot y était compris, n’a pas cherché à comprendre. Pourtant c’est la petite portion qui lui revenait de droit ! Il avait même borné son petit terrain. C’est sur la vente du lopin de terre que mon vieux et lui ne se sont pas entendus. Et harouna a dit à notre père que d’ailleurs toute la parcelle lui appartenait et il va la lui retirer. C’est ce qui explique donc la situation que nous vivons aujourd’hui ».

 

« Mon père a fait plus de 70 ans dans cette cour. Il  est né dans cette cour. »

 

Le chef de famille n’a pas voulu s’adresser à la presse. Sa fille Mariam a évoqué par la suite la part de responsabilité de nos autorités gouvernementales comme coutumières en ces termes : «Mon vieux ne manque pas de pied-à-terre à Ouahigouya pour dormir. Il a des maisons et même des célibateriums. Lui, Harouna, a quitté ailleurs pour venir s’installer à Ouahigouya. Il pense faire du tort au vieux mais c’est à lui-même qu’il inflige ce tort. La femme qui lui a vendu l’espace lui a même dit devant le Procureur de Ouahigouya que c’est le petit terrain qui est sa propriété. Le procureur même en est témoin. Mais la femme est revenue après pour dire que c’est toute la parcelle et le procureur de dire que cela n’est pas normal. Malgré tout, elle s’est entêtée et a dit que se sont les papiers qui en témoignent. Ça c’est vrai, mais il faut savoir que, si les papiers ont été faits par des humains, ils peuvent être refaits. On peut ratifier par écrit comme on peut se désengager par écrit aussi. Mon père a fait plus de 70 ans dans cette cour. Il  est né dans cette cour et y a grandi également. La femme n’avait même pas le droit de vendre la cour car c’est une cour familiale et elle a des grands frères qu’elle devait consulter. Quand Harouna nous menaçait de quitter la cour, nous nous sommes rendus chez le procureur et celui-ci avait promis qu’il n’y aurait pas de problèmes. Après, nous sommes partis expliquer la situation à Naaba-Kiba à plusieurs reprises. Personne ne s’imaginait que ce problème renaîtrait un jour si ce n’est ce matin avec l’arrivée des huissiers de Ouagadougou qui se sont fait accompagnés par des CRS pour nous déguerpir. Ce qui est sûr ; nous n’avons plus rien à dire par rapport à cela. S’il est vrai que le Bon-Dieu ne dort pas, cet endroit ne lui procurera aucune retombée financière. Qu’il attende de voir ! »

La vente de parcelle devient réellement un problème au Burkina Faso. « Les gros poissons ont le droit de manger les petits poissons », disait le philosophe Bossuet sur la loi de la Nature qui ne semble pas s’écarter de celle (de la nature) du « pays des Hommes intègres », le Burkina Faso.

 

Rimédo Séverin (Correspondant)

 

 

 

 


Comments
  • Bonjour Le Pays,
    merci pour votre effort d’information, cependant je trouve votre reportage un peu alambiqué et je n’arrive pas à savoir qui a vendu la parcelle en vérité. Et s’il y avait un troisième larron dans cette histoire qui a pu profiter des failles.

    1 août 2016

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