HomeA la uneDEMANDE ONUSIENNE DE TRANSFEREMENT DE SAIF AL-ISLAM KADHAFI : Pourquoi maintenant ?

DEMANDE ONUSIENNE DE TRANSFEREMENT DE SAIF AL-ISLAM KADHAFI : Pourquoi maintenant ?


Les Nations unies demandent à la Libye de remettre Saïf al-Islam à la Cour pénale internationale (CPI).  C’est, du moins,  la recommandation  qui ressort du rapport que viennent de rendre public le 21 février dernier, la mission d’appui de l’ONU en Libye et le Haut-commissariat aux droits de l’Homme. La requête onusienne est motivée, selon le rapport, par des «défaillances» et des «graves violations» constatées lors des procédures judiciaires qui ont abouti à la condamnation à mort  du fils de Mouammar Kadhafi, en l’occurrence de longues périodes de détention en secret et des allégations de torture. Par ailleurs, des avocats se sont plaints des difficultés qu’ils ont à rencontrer leur client en privé. Le droit à la défense a également été compromis par le fait qu’aucun témoin de l’accusation n’a été appelé à la barre, précise le rapport. A cela s’ajoute le fait que le système judiciaire libyen ne prévoit pas de procédure d’appel. Mais, seulement un pourvoi en cassation est possible. L’affaire ne peut donc pas être examinée dans le fond, mais seulement sur des questions de droit. « La Justice et le peuple libyen ont ainsi laissé passer une importante occasion de se confronter aux accusés et d’engager une réflexion sur les actes de l’ancien régime », explique le Haut-commissaire aux droits de l’Homme.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la recommandation onusienne de transférer  celui qui passait pour le dauphin du Guide libyen est justifiée. Et pour causes. La Libye est aujourd’hui un pays de non- droit. A cela, il faut rappeler que celui qui représente aujourd’hui le plus célèbre prisonnier libyen, est détenu par des milices de la ville de Zintan depuis son arrestation et sa condamnation à mort en

juillet 2015 et ne serait pas dans une prison conventionnelle.

Cela dit, la question que l’on peut se poser est la suivante : pourquoi est-ce maintenant qu’intervient la demande onusienne ? Car, voilà, en effet, des années que dure le calvaire de Saïf Al-Islam Kadhafi sans que l’ONU ne s’en émeuve outre mesure.

 

L’ONU doit s’investir plus pour que la paix intérieure revienne en Libye

 

L’ONU, on peut se risquer à se le demander, a-t-elle un agenda caché ? On le sait, le processus de sortie de crise en Libye est dans l’impasse et il y a des voix qui s’élèvent pour demander que l’ex-numéro 2 du régime de Kadhafi soit libéré pour participer aux efforts de réconciliation nationale. L’homme compte, en effet, des sympathisants qui surfent aujourd’hui sur l’éveil et l’expansion d’un sentiment « kadhafiste » au sein des populations, tant à l’intérieur de la Libye qu’au-delà des frontières du pays. A l’international, on ne se gêne plus de pointer d’un doigt accusateur l’intervention européenne qui a créé le chaos en Libye et ouvert les portes de l’enfer au Sahel. Il faut aussi compter avec la situation géopolitique nationale.

Au-delà donc du sort personnel de Saïf Al-Islam, c’est de l’avenir de la nation libyenne dont il est question. Et sur ce point, l’ONU qui s’est longtemps posée en ennemie de la paix en Libye, doit s’investir plus pour que la paix intérieure revienne dans le pays. On pourrait, en effet, bien se passer des services de la CPI si l’ordre normal, avec un système judiciaire fonctionnel, était instauré. Mais en attendant, il faut déjà que l’ONU obtienne des milices qu’elles remettent Saïf Al-Islam aux autorités reconnues par la communauté internationale. Ce qui n’est pas un pari gagné d’avance, quand on sait que Zintan est adossé à Tobrouk.

 

SAHO

 


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