HomeA la uneDEMISSIONS  AU SEIN DE LA CENI BURUNDAISE : Le roi de plus en plus nu !

DEMISSIONS  AU SEIN DE LA CENI BURUNDAISE : Le roi de plus en plus nu !


 

Le  Burundi continue de conter au monde son actualité : dramatique, honteuse, révoltante.  40 morts (selon les estimations du moment), des centaines de blessés et d’arrestations, des exilés, un exode plus accru de population,… Quel  cruel destin pour un peuple qui rêvait d’oublier un récent passé  extrêmement douloureux pour construire un pays démocratique et prospère !

C’était sans compter avec une des vomissures de l’histoire du pays : le mal nommé Pierre Nkurunziza. Boulimique du pouvoir, exclusivement attaché à un trône qu’il occupe du simple fait du hasard ou d’un accident de l’histoire, l’actuel roi burundais ne s’émeut aucunement du drame en cours dans son pays.  Comme le dit Helen Clark, ancien Premier ministre de Nouvelle-Zélande et administratrice du PNUD,  “il est alarmant de voir le Burundi où régnait, ces dernières années, une fragile stabilité, où les gens avaient commencé à reconstruire leur avenir et leurs communautés, plonger dans une situation où les gens redeviennent des réfugiés, où il y a des morts dans les rues“.

A l’instar de tous les névrosés du pouvoir en Afrique, Nkurunziza se moque des cadavres de ses concitoyens et est assez obnubilé pour ne pas tirer les conséquences du désert qui se forme autour de lui. En effet,  Iluminata Ndaba-Haga Miyé, membre de la Commission électorale nationale indépendante (elle est la commissaire chargée de l’Administration et des Finances de la CENI, ndlr), a démissionné, estimant que « l’état sécuritaire qui prévaut et le contexte politique du moment ne créent pas des conditions favorables à l’accomplissement satisfaisant de la mission qui [lui] avait été confiée ».

Cette démission fait suite à une autre : celle de la vice-présidente de la CENI, Spes Caritas Ndironkeye, exilée au Rwanda voisin. Elle aussi évoque « le contexte politico-sécuritaire du moment [qui] n’offre pas les conditions requises à l’encadrement de cet événement majeur pour le peuple burundais ». Si Nkurunziza avait encore une dose de raison ou une capacité d’analyse intacte, il tirerait les conclusions qui s’imposaient. Mais, hélas.

Mieux vaut partir avant que l’histoire ne vous déshabille

De telles démissions au sein de la structure chargée de l’organisation des élections, donnent de l’espoir au peuple burundais et à tous ceux qui luttent avec lui pour le respect des textes et pour une véritable démocratie dans le pays. L’équipe de la CENI ne comporte désormais que trois membres et se retrouve en principe dans l’incapacité de prendre des décisions. Sur le plan technique, c’est déjà « cuit » pour les scrutins à venir, et ce d’autant plus qu’il sera difficile pour Nkurunziza et à son CNDD-FDD au pouvoir, de reconstituer une équipe de la CENI avec les « qualités requises ». Dans une république normale, les démocrates auraient crié victoire.

Seulement, dans ce pays, la normalité a depuis longtemps foutu le camp.

Il faut, avant tout, rendre hommage à ces deux braves dames qui ont pris leurs responsabilités pour ne pas cautionner la forfaiture qui se trame, contre vents et marrées, à Bujumbura.  Leurs démissions impacteront-elles positivement le processus en cours ? Rien n’est moins sûr. Les dispositions psycho-mentales du président l’empêchent d’être protagoniste du respect des valeurs républicaines. Un adage burkinabè dit que «quand l’âne veut te terrasser, tu ne vois pas ses oreilles ». Peut-être le dictateur de Bujumbura est-il dans cette logique.

Sinon, les récentes démissions à la CENI viennent allonger une liste de faits et gestes qui devraient le faire changer : la démission du vice-président du Conseil constitutionnel, le retrait de l’Eglise catholique, le putsch manqué, les menaces des partenaires techniques et financiers, la suspension des financements destinés au Burundi dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale, le coût humain de la crise politique,… rien de tout cela ne décourage Nkurunziza.

La fuite des démissionnaires à l’étranger, le musèlement de la presse indépendante et la répression sanglante des manifestants, en disent long sur le niveau de la terreur actuelle au Burundi. Chose déconcertante, cette triste situation donne l’illusion à Nkurunziza qu’il maîtrise encore la situation et qu’il va le gouverner, advienne que pourra.

Seulement, la réalité est tout autre. Le président s’est mis en marge de la République. Les miliciens, les éléments de l’armée tribale qu’il s’est constitués, et même les membres de son parti, ne sont et ne seront jamais gages de sécurité pour lui. Le seul parapluie qui le protégera des tuiles et des braises, nous semble être le respect de l’accord d’Arusha. Ne pas tenir compte de cette réalité, c’est se retrouver complètement nu et se faire chasser comme tous les terroristes de la démocratie en Afrique. Mieux vaut partir avant que l’histoire, celle de la raison ne vous déshabille.

Michel NANA


Comments
  • Quelle brillante analyse! Les psychiatres pourront peut-être se pencher sur le type de pathologie mentale dont souffre Pierre Nkurunziza. Dans sa course folle pour un troisième mandat, rien ne lui fait autant plaisir que de réprimer, de tuer et d’anéantir son peuple et se concurrents afin de triompher seul, sans gloire. Le cas de Zedi Feruzi qui semble-t-il a été tué pour avoir ressouder son parti alors que la politique du président était de réduire en lambeaux tous les partis qui ne roulent pas pour le CNDD-FDD.

    3 juin 2015

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