DEPART ANNONCE DU PATRON DE LA MINUSMA : Les non-dits d’une démission
Le Tunisien Mongi Hamdi, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU à Bamako et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) a fait ses valises. Moins de quinze mois après son arrivée au Mali, Hamdi n’a pas voulu prolonger l’aventure puisque c’est lui qui a pris l’initiative de partir en déposant sa lettre de démission auprès de Ban Ki-Moon. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la plupart des responsables de la MINUSMA sont partis plus tôt que prévu. En effet, l’on se rappelle que celui à qui le Tunisien a succédé, le Néerlandais Albert Gérard Bert Koenders, premier patron de la Minusma créée en avril 2013, a été congédié moins de deux ans après sa prise de fonction. Même scénario pour le Sénégalais Abdoulaye Bathily, adjoint de Bert qui a dû quitter Bamako sur la pointe des pieds. Le Béninois Arnaud Antoine Akodjènou qui a pris la place du Sénégalais, lui aussi, n’a pas tenu. La liste est longue. Pourquoi cette instabilité au sommet de la Minusma ? La question mérite d’être posée. Pour les réponses, on ne peut que se perdre en conjectures.
Quelque chose ne tourne pas rond dans le cadre de la mission des Nations Unies au Mali
Il y a des constantes que l’on peut relever en analysant profondément les raisons subjectives et objectives de chacun de ces départs en cascade. Mais on ne peut que s’interroger sur le plus récent, occasion oblige. Mongi Hamdi avait-il des désaccords avec son patron ? Ou bien a-t-il eu d’autres chats à fouetter quelque part ou encore un « gombo » gluant dans son pays d’origine comme le susurrent certains ? Quelle que soit la réponse, on est fondé à croire que quelque chose ne tourne pas rond dans le cadre de la mission des Nations Unies au Mali. Du reste, la démission de Hamdi ne fait que le bonheur des djihadistes et autres groupes armés, partisans de la chienlit, qui écument le Nord-Mali. En effet, tout au long de son mandat, tout comme d’ailleurs ses prédécesseurs, le Tunisien était dans le viseur du pouvoir de Ibrahim Iboubacar Kéita (IBK) qui a maintes fois critiqué la Minusma pour son « laxisme » dans le traitement des questions sécuritaires et son attitude complaisante vis-à-vis du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). A cela, il faut ajouter le manque de moyens logistiques et opérationnels dénoncé par des acteurs du maintien de la paix au Mali. Peut-être, le représentant de Ban Ki-Moon en avait-il marre des critiques formulées à son encontre et a-t-il décidé de prendre ses responsabilités, d’autant plus que, selon certaines indiscrétions, il est promis à un poste de ministre en Tunisie. Un poste qu’il pourrait gérer loin des pressions « maliennes ». Reste maintenant à souhaiter que son successeur qui, dit-on, vient du Tchad de Idriss Déby, puisse relever le défi avec plus de succès. Car le Tchad, faut-il le rappeler, a toujours montré sa volonté d’occuper ce poste et on espère qu’il montrera plus d’entrain à réussir la mission.
Michel NANA