DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU MALI :Le comble de l’indécence !
Que faire quand un homme qui dit n’avoir qu’une seule parole se montre incapable de l’honorer ? C’est précisément la terrible équation à laquelle est soumis le peuple malien, depuis que le rapport du Vérificateur général a été transmis au bureau du procureur il y a de cela deux jours. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les conclusions de ce rapport ne font place à aucun doute sur la corruption et la gabegie qui gangrènent toute l’administration publique malienne. Un mal qui a atteint des proportions absolument démesurées, depuis l’accession du président Ibrahim Boubacar Kéita à la présidence du pays. Pire, IBK qui a vu sa réputation d’homme intègre le devancer au palais de Koulouba, se voit aujourd’hui indexé comme étant lui-même l’agent principal de cette situation.
Pour revenir aux faits, on se rappelle encore la polémique qui avait accompagné l’achat de l’avion présidentiel malien. La communauté internationale, avec le FMI en tête, s’était d’abord indignée de l’indécence d’un tel acte, eu égard à la situation de crise généralisée que traversait le pays. Les Maliens, dans leur ensemble, avaient à leur tour estimé que la reconquête des territoires du Nord ainsi que l’apaisement du climat sociopolitique étaient des impératifs bien plus pressants que l’achat d’un boeing présidentiel.
Ce qui choque davantage le peuple malien aujourd’hui, c’est de découvrir que les dépenses somptuaires jugées indécentes en son temps, n’étaient en réalité que la partie flottante d’un énorme iceberg fait de corruption et de fraudes en tous genres.
En effet, le rapport de 234 pages déposé par le bureau du Vérificateur général fait état de « montages financiers frauduleux », « d’engagements irréguliers des finances publiques ». Puis, au bout du compte, plus de 9 milliards de nos francs ont été détournés. L’ampleur de la gabegie et de la corruption par la classe dirigeante au Mali, mise à nu par le rapport, est si énorme que le peuple malien en perd la voix. C’est tout simplement indécent.
IBK s’illustre comme quelqu’un qui ne combat la corruption que du bout des lèvres
Cela est d’autant inconcevable que le Mali vit depuis longtemps sous perfusion économique ininterrompue, assurée par la communauté internationale constamment à son chevet. Certes, la corruption n’est pas l’apanage des seuls fonctionnaires de l’Etat malien. La plupart des Etats africains connaissent bien ce fléau, même si c’est à des degrés divers. La corruption fait d’ailleurs partie des combats que mènent régulièrement la plupart des Etats africains, convaincus de ses effets néfastes sur leur économie. Au Mali par contre, IBK, après avoir utilisé la lutte contre la corruption comme cheval de bataille pour arriver au pouvoir, s’illustre désormais comme quelqu’un qui ne combat la corruption que du bout des lèvres. Ce qui a suscité la colère des partenaires financiers du Mali et qui a donné lieu à cette enquête est, outre l’achat du Boeing présidentiel, le « fameux contrat » d’équipement et de matériel militaire. Et pourtant, les Maliens ne semblent pas encore faire le lien entre les effets négatifs de ce pourrissement au sommet de l’Etat et la débâcle à répétition des troupes maliennes sur les champs de bataille dans le Nord-Mali. Et puis, à quoi serviront ces appels à l’aide en direction de la communauté internationale, si l’effort consenti par cette même communauté doit remplir les poches de fonctionnaires corrompus qui, qui plus est, bénéficient d’une impunité totale ? Et que dire des troupes des pays voisins qui défendent au prix de leur vie, l’intégrité du territoire malien ? Ce sacrifice vaut-il vraiment la peine quand on sait qu’au même moment, la haute hiérarchie militaire au Mali n’a pas d’autres soucis que de se remplir impunément les poches ?
Dieudonné MAKIENI