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DIALOGUE AVEC LES GROUPES ARMES TERRORISTES AU BURKINA : Le CISC dénonce « un flou entretenu » par les nouvelles autorités


Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a animé une conférence de presse, le 27 mai 2022 à Ouagadougou, pour, dit-il, dénoncer les exécutions sommaires et extra-judiciaires, les enlèvements et disparitions forcées, les déplacements de populations civiles fuyant les exactions, les morts suspectes dans des brigades de gendarmerie et le flou entretenu dans le discours officiel sur le dialogue avec les groupes armés terroristes.

 

La persistance des exécutions sommaires et extra-judiciaires ; des enlèvements et disparitions forcées ; des déplacements massifs de populations civiles fuyant les exactions ; des morts suspectes dans des brigades de gendarmerie ; le flou entretenu dans le discours officiel sur le dialogue avec les groupes armés terroristes. Ces maux ont été dénoncés, le 27 mai dernier, au Centre national de presse Norbert Zongo  à Ouagadougou, par le  Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC),  à la faveur d’une conférence de presse.   Pour les premiers responsables du collectif, le dialogue avec les groupes armés terroristes annoncé par les autorités actuelles n’est nullement suivi d’une réelle volonté politique.    « Le discours officiel est assez flou. Car, tout en invitant les leaders communautaires à s’impliquer pleinement pour la réussite du dialogue, le gouvernement soutient qu’il ne négocie pas. Aussi, il soutient que l’initiative est venue des GAT. Comment rassurer avec un tel discours ambigu ? Pourtant, si le processus est bien conduit avec la transparence et la volonté politique requise, la mise en place des comités locaux de dialogue pourrait permettre de réduire significativement la violence armée au Burkina Faso et ainsi offrir des opportunités de retour dans la République pour des jeunes abusivement enrôlés. Le CISC estime, pour sa part, que la principale condition de succès de ces comités de dialogue, c’est la sincérité et une volonté politique réelle. C’est dire qu’il doit y avoir de la cohérence entre le discours officiel et les actes. Cette cohérence doit s’observer aussi bien au niveau central qu’au niveau communautaire », a déploré le président du CISC, Daouda Diallo. Malheureusement, a-t- il relevé, la situation se dégrade de jour en jour sur le terrain à cause de la recrudescence des attaques terroristes qui entraînent le déplacement des populations pour les plus chanceux et la mort de civils et même de FDS pour les moins chanceux.

 

« Quatre mois après l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader »

 

 A l’en croire, le nombre de Personnes déplacées internes (PDI) est passé de 1 579 576 au 31 décembre 2021 à plus de 2 millions actuellement.   Aussi, 500 personnes ont été tuées, avec plus d’une centaine de cas d’enlèvements et de disparitions forcées (civils et militaires), de janvier à mai 2022.   Parmi les exécutions sommaires, l’on peut citer, entre autres, celles de Hamadoun Dicko dit Bouda, mort le 14 mai 2022, du prince de l’Emirat de Barani, Hampathé Sidibé, enlevé par des éléments du GARSI depuis le 6 mai 2022 et qui a trouvé la mort dans la nuit du 15 au 16 mai 2022 à la brigade de gendarmerie de Kosyam. Pour Daouda Diallo et ses camarades, la prise du pouvoir par le MPSR le 24 janvier 2022, avait suscité beaucoup d’espoir chez la plupart des Burkinabè à cause de la situation sécuritaire qui prévalait à l’époque. Malheureusement, 4 mois après, les choses sont devenues plus compliquées qu’elles ne l’étaient. « Le discours de prise de pouvoir du 24 janvier, je cite : « Le MPSR rassure les partenaires et amis du Burkina Faso quant à la ferme volonté de notre pays de continuer à respecter ses engagements internationaux, notamment en matière de droits de l’homme… », mais, quatre mois après l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader au fil des jours et le quotidien des Burkinabè est plus que jamais catastrophique. Les attaques se poursuivent et même s’intensifient comme c’est le cas avec les récentes attaques : Madjoari le 26 mai 2022 avec plus de 50 civils tués, Gorgadji le 22 mai 2022 avec plus de 60 morts », a déploré Dr Daouda Diallo avant de réclamer vérité et justice pour toutes les victimes, civiles comme militaires, condition sine qua non pour la cohésion sociale et la réconciliation nationale vraie.

 

Issa SIGUIRE

 

 

Le CISC interpelle le pouvoir actuel à

 

– faire la lumière sur les dossiers de crimes de masse comme Yirgou, Banh-Kanin, Tanwalbougou, Barga et le Yagha ;

– l’arrêt immédiat des exactions multiformes commises sur certaines communautés, souvent sur fond de délit de faciès : arrestations et détentions arbitraires, exécutions sommaires et extra- judiciaires, enlèvements et disparitions forcées, actes de torture, séquestration, etc. par les FDS, VDP, Koglwéogo, Dozo ;

– la vérité et la justice pour toutes les victimes du terrorisme et de la lutte contre le terrorisme.

– ce que la lutte contre les discours haineux et la stigmatisation des communautés soit effectivement menée sans faux-fuyants ; cela permettrait d’assainir les rapports inter et intracommunautaires et favoriser à terme la cohésion sociale ;

– ce que le message réaffirmant l’égalité en droits et en devoirs de tous les citoyens du pays soit réaffirmé ;

 

– un recensement des intérêts économiques et commerciaux accumulés par certains éléments des FDS et VDP à l’occasion de cette crise (troupeaux, boutiques, maquis, tricycles, terrains, bâtiments à usage de location…) et une vérification de leurs modes d’acquisition. Ces actifs économiques acquis en temps de guerre constituent une des causes du manque de volonté pour la cessation des hostilités. Ce recensement contribuera à réduire les motivations à poursuivre les exactions, donc les meurtres ciblés.

 

 

 

Cas d’exécutions sommaires et extrajudiciaires

 

 –              Fada : 18 mars 2022, 8 personnes enlevées (4 sur le site de distribution de vivres, 2 au marché de bétails, 2 à domicile dont un handicapé de 65 ans) et

– Djibo : au lendemain du fameux dialogue, le 21 avril 2022, 18 personnes civiles ont été tuées par des éléments présentés comme des VDP habillés en treillis militaire burkinabè. Tout cela avec la complicité du chef du détachement militaire de Djibo.

– Gorom-Gorom : 22 avril 2022, plus de 80 civils tués lors de l’opération militaire conduite par l’armée burkinabè.

-Bomborokuy/province de la Kossi : 7 février 2022, jour du marché, arrestations sur fond de délit de faciès suivies d’exécution de 14 civils.

 


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